Récapitulatif Mpox par Remaides

Il y a deux ans déjà, on parlait beaucoup de la variole du singe et notamment chez les HSH (les hommes qui sexent avec des hommes ^^ ). J’en ai parlé une fois de manière très anecdotique ici, mais clairement tous les potes se sont faits vaccinés, des proches ont parfois été gravement touchés, et c’était un vrai risque qui a été plutôt bien pris en charge grâce à l’expérience des associations et des briscards des pandémies que sont AIDeS ou Act Up (et l’Etat dont il faut saluer la relative mobilisation — version verre à moitié plein).

Là ça barde un peu plus car l’épidémie sévit un peu plus largement en Afrique, et l’arrivée du virus ici est certaine, même si pour le moment tout à fait invisible pour tout un chacun.

Mais plutôt que de céder aux alarmes inconsidérées : Fred Lebreton signe un article complet qui fait toute la lumière sur les informations de ces derniers jours.

On retient :

  • Ne cédons pas à la panique générale !
  • On ne s’attend pas à une épidémie en Europe comparable à la Covid
  • Toutes les infos sur la vaccination disponible actuellement en France.

Autres temps, autres mœurs, autres traumas

J’ai découvert ce podcast il y a un peu plus d’un an, et il est vraiment sympa. Ce sont deux américains dans leurs « late fifties » qui évoquent ce que ça fait d’être des vieux pédés. Cela parle de relations amicales, amoureuses, sexuelles ou simplement de la société, et j’avais été particulièrement attentif à un très intéressant épisode où ils évoquaient un véritable PTSD (Syndrome de Stress Post Traumatique) pour les gens de leur génération quant aux (pire des) années SIDA.

C’est cette période bien sûr des années 1980 à 95, où les gays tombaient comme des mouches alors que les traitements n’existaient pas, puis peu jusqu’à ce qu’enfin les trithérapies se répandent, et redonnent une vie à des gens qui se pensaient irrémédiablement condamnés. Les deux compères évoquent leurs expériences en la matière, et ce que ces années de détresse ont pu laisser comme marque et séquelles chez certains older gays qui seraient à présent un peu fâchés avec la vie et naturellement empreints d’une certaine animosité envers le monde et leurs prochains.

J’ai naturellement pensé à mon oncle Raymond, le frère ainé de ma maman, qui malgré son homosexualité n’a jamais été quelqu’un de très proche, même si nous avons toujours eu une certaine connivence, mais avant tout celle d’être deux geeks devant l’Éternel. Il m’a donné mes premiers ordinateurs et plein de trucs de PC époque 486 DX2-66 (ceux qui savent…) qui faisaient totalement mon bonheur, et on partageait vraiment clairement cet amour de l’informatique (et de la bite donc). Hu hu hu. J’ai déjà parlé de lui quelques fois dans le blog, que ce soit pour évoquer notre homosexualité, le fait qu’il parte rejoindre son mec en Australie rencontré sur Internet à 64 ans, ou bien mes péripéties lorsque je lui piquais ses cassettes de cul. ^^

Il m’avait avoué dans une carte postale qu’il avait découvert et qu’il lisait mon blog de manière très sympathique d’ailleurs.

Lui est né en 1941, c’est donc encore une génération avant, mais il a toujours été très mutique avec moi sur sa vie intime. En revanche, lorsque nous sommes passés à Perpignan lors de nos vacances à l’été 2021, nous avons été invités par un ex petit copain de mon oncle, Claude, un type que j’ai connu des années en couple avec mon oncle (avant même ma naissance), et qui m’a donc connu tout minot. C’est chez lui et son mari que j’ai reluqué son génial miroir de Belle !!

Mon oncle est autant mutique que Claude est bavard, et il était absolument disert sur tous les sujets les plus indiscrets pour notre plus grand plaisir. Ainsi lors de ce court séjour, j’avais appris énormément de choses sur eux, et notamment qu’ils sont sortis ensemble à partir de 1963, que Claude draguait dans les parcs, au bout des ponts, dans les pissotières et partout où cela se faisait. Et surtout qu’ils ont passé leur temps à se piquer des mecs, à se tromper et plein d’autres joyeusetés. C’était assez fun de découvrir tout cela, en plus de photos à poil de mon oncle des années 60 et 70 bien conservées par son ex et qu’il s’est empressé de me montrer. Ah ah ah. Après, il y avait aussi une homophobie criante et omniprésente dans toute la société, des descentes de flics et une peur globale et insidieuse qu’il a aussi exprimé. Chaque époque a ses marqueurs…

Malgré tout cela, Claude nous a aussi bien expliqué qu’il a eu son lot de mecs morts pendant l’hécatombe SIDA des années 80, et que c’est aussi quelque chose qui l’a beaucoup marqué. Ce qui a été génial pendant ce moment c’est qu’on a aussi découvert qu’ils formaient avec tous leurs potes une vraie communauté (mon oncle habite à Carcassone) d’entraide et de soutien. En tant que vieux pédés, souvent en rupture avec leurs familles, et la plupart du temps sans parents, assez régulièrement aussi avec des enfants d’un premier lit « cishet », ils ont véritablement construit et investit cette notion de famille qu’on se choisit. Et il faut les voir, tous dans leurs 70 voire 80 ans, à se draguer, et se targuer de leurs présences sur les apps, et leur prérogatives de polar bears assumés.

J’avais bien suivi que mon oncle était parfaitement actif sur les RSA1, où il avait rencontré son ex australien (il est revenu en France, après sa rupture donc), et où il badinait selon son bon plaisir. En revanche, ce n’était vraiment pas ce qu’on peut appeler un type très affable ou sympathique. Au contraire, souvent à faire la tronche, à faire des remarques pas très agréables, et très très égocentré, on se disait tout le temps dans la famille que ce n’était pas un cadeau et que ça ne s’arrangeait pas avec le temps.

Je pense aussi à Guillaume et ses podcasts sur la sexualité que j’ai déjà évoqué, car il a souvent parlé de son propre oncle, dont il a appris l’homosexualité. Et il nourrit un imaginaire riche sur ce que/qui pouvait être cet oncle, ses histoires d’amour, de famille, et le lien quasi transgénérationnel entre eux. Cela me fait sourire avec mon oncle ronchon et renfrogné, mais comme souvent chez ces personnages avec un truc attachant, dont j’ai appris finalement plus de choses par son ex.

Evidemment et inexorablement, la santé de mon oncle s’est mis à décliner peu à peu, et dans l’année de ses 83 ans, il y a quelques mois, il est décédé. Il était encore parfaitement indépendant et vivait dans sa maison à Carcassone, mais il a eu des malaises, et il a dû être hospitalisé. Il a appelé son ami B., qui est immédiatement venu de Paris pour le voir, et prendre soin de lui, et en réalité l’accompagner dans ses derniers jours.

B. c’est encore une autre histoire. Lorsque ma mère m’a expliqué que mon oncle lui avait dit qu’il était en relation avec un algérien de 25 ans qui faisait ses études en France. Alors oui bien sûr, on a été un peu interloqué et on a eu des doutes. Et un bon petit racisme ordinaire s’est répandu dans la fratrie et au-delà. Mais les années passant, force était de constater que la relation était toujours là. Et même après la rupture, l’amitié ou en tout cas le lien absolument indéfectible. Raymond pouvait toujours compter sur lui, d’abord dans le sud, puis depuis quelques années à Paris. Je ne l’avais jamais rencontré, mais ma môman me disait que ça avait plutôt l’air d’un mec sympa (elle l’avait notamment vu au mariage de Claude, où mes parents étaient invités), même si elle ne comprenait vraiment pas la nature de leur relation.

Mais voilà, B. a été là, et a tenu informé ma maman de l’hospitalisation, et du décès trois jours plus tard. Il a fallu ensuite organiser les funérailles et nous rendre à Carcassonne pour vider sa maison. Personne d’autre que nous sommes descendus pour cela (compliqué pour toute la famille en Île de France, et une fratrie vieillissante peu mobile), ma mère, mon père, mon frère et moi. Ma mère était à l’ouest, et ça a été compliqué de tout faire en très peu de temps, et moi je télétravaillais faute de pouvoir prendre des congés. Tout le monde était sur le fil de se foutre sur la gueule, mais on a tenu bon. On a réussi à tout faire, et on a assisté à la cérémonie précédant sa crémation.

Mon oncle en avait rien à foutre de son héritage au propre comme au figuré, et il avait prévenu ma mère qu’ils devraient se démerder (les frères et sœurs) car il n’avait pas un rond, et n’en avait rien à foutre de son devenir une fois passé l’arme à gauche. Au moins les choses étaient claires, et c’était tout à fait cohérent avec son caractère.

Mais nous avons réussi à être encore surpris par mon oncle, et ces moments de rigolade nous ont fait du bien. Car à peine avions-nous commencé à débarrasser la maison que des voisines sont arrivées pour nous exprimer, les larmes aux yeux, comme Raymond était un type adorable, serviable, gentil et sympathique, qui était très connu et aimé de la communauté du lotissement, et qui serait énormément regretté. Une voisine est même venue pour la crémation en représentation du voisinage pour exprimer leurs condoléances. C’était surréaliste, et ça nous a bien fait sourire.

Claude était là, ainsi qu’un autre ex que j’aime beaucoup et qui était là avec Raymond à notre propre mariage, et c’était touchant de voir ces personnes âgées tenir à être là pour Raymond en souvenir de leur temps passé ensemble.

B. est resté jusqu’au bout, et je suis content d’avoir eu l’opportunité de rencontrer ce mec adorable (de 37 ans maintenant) et sympathique, vrai compagnon de route et d’une certaine destinée de mon oncle. Il a toujours été là, ami et confident, sans doute amant bien sûr, à la loyauté certaine et indéniable, et en pleurs ne pouvant cacher son profond et sincère chagrin. Et cette situation tragicomique où le pauvre devait réagir positivement à tous les vieux qui lui parlaient de l’Algérie Française qu’ils avaient connu pendant la guerre, avec des gens vraiment très gentils. Mein gott, comme j’avais envie de le secourir de ce racisme ordinaire qui se voulait bien sûr tout le contraire, mais qui était à cent lieues j’imagine de ce qu’il avait envie d’avoir comme conversation.

Je garde cette image, avec son chat, car on avait aussi cela en commun après tout. ^^

Autre élément qui m’a beaucoup fait sourire, et tellement typique de lui. Il avait contracté moins d’une année avant un crédit avec une de ces banques à logos verts d’une somme non négligeable pour s’acheter une voiture, mise au nom de son ami B. Nan mais qui accepte de faire crédit à un mec de bientôt 83 ans. Eh bien, en voilà un pour les pertes et profits, joli dernier pied de nez au capitalisme.

Nous sommes repartis avec l’urne contenant ses cendres, et ma môman voulait organiser une petite cérémonie pour ses frères et sœurs qui n’avaient pu être là. Fin juin, nous nous sommes donc rassemblés à Osny, j’étais là aussi donc, et ma maman a eu la meilleure des idées en faisant placer l’urne dans la tombe de ma grand-mère. Je pense que ça lui aurait fait plaisir, vraiment j’en suis convaincu, d’être de retour à Osny, et avec ma grand-mère. C’était un beau moment au cimetière, et j’étais content d’être venu pour cela.

J’ai toujours été curieux de ce Jean-François Michel, dont ma grand-mère m’avait expliqué qu’il était mort bébé d’une méningite foudroyante. Ma tante m’a alors expliqué que c’était une histoire assez sordide en réalité, nous étions donc en pleine seconde guerre mondiale, en pleine occupation, et lors du décès de cet oncle, des corbeaux ont dénoncé à la police des maltraitances sur l’enfant. Ma grand-mère a donc été inquiétée en plein deuil et en pleine détresse. Il a fallu une autopsie qui a conclu à cette méningite, et a innocenté mon aïeule. La perte de l’enfant, ce soudain opprobre et en passer par une autopsie pour son bébé ont été de sacrés coups du destin pour ma grand-mère à ce moment-là.

  1. RSA = Réseaux Sociaux de l’Amour, soit les apps de rencontre. ↩︎

Un petit line-up queer pour le Fringe Festival d’Édimbourg

On est tombé par hasard sur le Fringe Festival à Édimbourg qui est un gros truc, et la ville vrombit des spectacles plus ou moins grands de rue ou de salles. C’était difficile de trouver un show mais là j’avais vu qu’on avait la possibilité de voir assez tard un échantillon de quelques stand-upers du festival qui en gros essaient de donner envie qu’on aille voir leurs shows complets. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé au Gilded Balloon, et qu’on a vu 5 artistes queer nous faire quelques minutes chacun de leurs numéros.

Le premier c’est le choupinou Mark Bittlestone que je ne connaissais que d’Instagram pour avoir vu ses vidéos, et il était assez marrant en live (mais très très classique twinky gay musclé qui parle de GrindR et consorts). La chouette découverte c’est Ciara qui s’est montrée en quelques minutes extrêmement douée, et pleine d’un humour grinçant et mouillé d’acrimonie et de dérision comme j’aime. Elle nous a vraiment cueilli et c’était un plaisir de l’écouter, et de nous faire rire très spontanément.

La personne qui présentait et introduisait les artistes était un certain Jeremy Topp, mais je n’ai pas été super convaincu par sa prestation. Enfin pour enrober le truc, ça le faisait.

Le dernier, Otter Lee, était vraiment intéressant mais extrêmement malaisant à la fois. Il était très drôle mais totalement largué et à l’ouest, et paraissant parfois vraiment à la limite du burn-out sur scène. On s’est demandé si on devait vraiment rire, ou si l’auto-dénigrement comme cela était obsolète, même dans le stand-up, depuis Hannah Gadsby. Mais il avait une sorte d’énergie du désespoir et une fragilité queer qui m’ont beaucoup touché et fait rire, donc difficile de statuer. ^^

Belfast fière

Mince, je fais un petit post anachronique, mais j’ai oublié de parler de Belfast avec tout ça. C’était vraiment intéressant même si juste quelques heures avant d’attraper notre ferry pour l’Ecosse. La ville m’a paru en tout cas plus vivante et plus dynamique que Dublin. Je ne sais pas si c’est la concurrence entre les deux Irlande qui fait cela, mais vraiment c’était criant pour moi.

Et pourtant Belfast c’est de la brique rouge pour la plupart des immeubles, et on n’est pas dans un faste incroyable avec même une bonne partie des bâtiments, quels que soient leurs destinations, qui ressemblent à de grosses usines du début du 20ème siècle. Mais le centre a un certain charme, et il y a quelques immeubles avec une architecture ancienne qui ont été préservés.

C’est la Pride à Belfast le week-end prochain et c’est très impressionnant de voir toute la ville au diapason. Il y a des drapeaux et messages LGBT friendly absolument à tous les coins de rue, aussi bien les endroits de la communauté, que les immeubles officiels ou des pubs sportifs classiques.

On a beaucoup aimé la boîte gay de Belfast qui est donc le Kremlin avec un beau Lénine en figure de proue. Mouahahahahah.

En revanche, presque personne dans les rues, vraiment peu de monde, et très très peu de circulation… Et les quelques jeunes qui se baladent pour sortir arborent un look, pour les jeunes femmes surtout, assez hétéroclite et osé. Quel que soit le physique, c’est short-legging juste en dessous des fesses, plus moulax tu peux pas, maquillage à la truelle avec contouring de Drag Queen, faux-cils les plus longs possibles, et ongles à gerber de kitsch. Mein gott!!! C’est un concentré de mauvais goût anglais portée à son paroxysme. J’adoooooore !!! ^^

Marine couleur Glaz

La révélation de ces élections législatives éclair est sans aucun doute Marine Tondelier de EELV. En quelques débats et discours, elle a montré sa finesse, son intelligence, et sa bravoure, et hier elle nous a fourni un échange aussi hilarant que sagace avec un député fraîchement réélu du RN.

Le truc est à mourir de rire avec une Marine Tondelier, excédée par Jean-Philippe Tanguy du RN, qui lui dit tout de go au détour d’un sarcasme : « Je souffre en vous écoutant à chaque seconde. Je vais vous ajouter à mon compte pénibilité si on n’abroge pas la réforme de la retraite. »

Et vous me direz que je dois tout le temps voir des pédés partout, mais quand il a levé les yeux au ciel comme cela la petite chose fragile du RN, atomisée par Marine The Queen Tondelier, je me suis dit mais c’est quoi cette homosexualité qui suinte de tous les pores de son être ?? Et en effet, le sieur est un membre de la communauté.

Nan mais Jean-Phi, t’es même pas une honteuse et t’es ouvertement athée aussi, mais pourquoi tu es d’extrême droite ? Purée, mais comment le zizi entre hommes ne t’a pas au moins fait rétrograder d’un rang, au moins chez GayLib quoi !!? Jean-Phil (ça marche bien aussi cette abbréviation ^^ ), tu es dans un parti notoirement homophobe, transphobe, traditionnaliste, raciste, antisémite… Je sais que l’intersectionnalité a ses limites, et c’est parfois bien de ne pas se résumer à une facette de soi, mais là on est sur une somme d’antagonismes vraiment évidente (selon moi).

Mais force est de constater que l’électorat LGBT est tout aussi sensible au discours et au vote RN, avec toujours les mêmes arguments fallacieux et même sous couvert de défense des LGBT. Cela me désole et me déconcerte…

Bon sinon, vous savez quoi, Arya va mieux. Et ça c’est une bonne nouvelle aussi hein ? ^^

Marions-les ! (2014-2024)

C’était bien notre anniversaire de mariage ce week-end puisque ce vendredi nous avons fêté nos dix ans de convolage en justes noces. Ce fut l’occasion, une fois de plus, de rappeler se remémorer ces bons souvenirs bretons (donc un chouïa pluvieux) d’une décennie passée.

Mais hier, c’est la date choisie par un proche ami pour se marier avec son cher et tendre. Et comme ils ont un petit bébé, je trouve que ça a un côté encore plus touchant et émouvant. Cela me fait super plaisir, car on se souviendra facilement de la date, et le calcul des années ne devrait pas trop non plus nous prendre la tête.

On a passé un très bon moment à Bordeaux avec des amis très chers, et cela m’a fait beaucoup de bien, surtout après le coup de massue des élections du jour. La fête a battu son plein, mais avant tout on a passé des petits moments à la fois intimes, précieux et uniques. Des petits trucs qui ragaillardissent, qui font chaud au cœur, et qui rassurent sur ces gens sur lesquels le dévolu mis est particulièrement idoine.

Il y avait un olivier exceptionnel au lieu du mariage, et si l’on en croit le panneau juste à côté, il s’agirait1 d’un arbre planté en 18 de notre ère (appelé Pline l’Ancien). Il a un petit côté camphrier géant de Totoro qui m’a beaucoup beaucoup plu.

Nous sommes retournés à Nantes juste à temps pour aller voter. Et j’ai été impressionné par la traversée des deux fleuves, d’abord Garonne puis Dordogne, avant même l’imposante Charente. En passant un pont ferroviaire, j’ai pris quelques photos au hasard à travers des croisillons rouillés, et celle-ci m’a bien tapé dans l’œil, pour son cadrage à l’esthétique stochastique mais bien effective.

Et sans surprise pour mon vote… sachant qu’en plus cela me procurait un petit plaisir supplémentaire à glisser dans l’urne le bulletin d’un camarade pédé. ^^

  1. C’est sans doute vrai, mais ça a rendu à juste raison quelques suiveurs sur les réseaux sociaux un peu suspicieux. Je me demande moi-même quelle raison peut rendre cette indication de date aussi précise, même si la taille de l’arbre donne un certain ordre d’idée sur sa longévité. ↩︎

Miséricorde (Alain Guiraudie)

J’ai vu ce film dans le cadre de la soirée de clôture du festival CinéPride nantais1, et évidemment on avait tous en tête le film d’Alain Guiraudie qui l’avait rendu célèbre en 2013 : L’inconnu du lac. Présenté au festival de Cannes, le film avait aussi fait émerger le comédien Pierre Deladonchamps. Ce film là m’a beaucoup plu car il est vraiment dans la lignée de l’inconnu du lac tout en allant plus loin dans sa fibre surréaliste, voire comique, avec des ruptures de narration d’abord troublantes, puis carrément poilantes.

C’est marrant d’y voir Catherine Frot, qui est toujours impeccable, avec d’autres comédiens qui ne sont vraiment pas exactement au même niveau, mais avec cette manière de filmer assez naturaliste, et parfois barrée, il n’y a rien de choquant dans un jeu parfois un peu hésitant. Alain Guiraudie sait en tout cas vraiment bien filmer, c’est indéniable, on y voit des cadrages, un montage et des plans qui ont une vraie qualité cinématographique.

Félix Kysyl joue Jérémie qui débarque dans un petit village reculé de l’Aveyron, à proximité de Millau, chez Catherine Frot. Cette dernière accueille avec enthousiasme Jérémie qui vient pour le décès de son mari, qu’il a connu il y a pas mal d’années puisqu’il était son apprenti boulanger. On devine rapidement que Jérémie était amoureux de son patron, et cela semble être su et accepté de son épouse. De même, le fils, Vincent, débarque et c’est un mélange détonnant d’agressivité et d’une sorte de passion amicale ou amoureuse. De véritables pulsions entraînent les amis à se confronter à plusieurs reprises. Et avec chaque protagoniste, Jérémie nourrit des relations tout aussi haute en couleur, avec soit de sa part, ou de celle d’autrui, une tension sexuelle hors norme.

Le film commence comme un Chabrol, puis passe au thriller et nous emmène encore ailleurs avec des scènes qui sont carrément nawak et deviennent plutôt drôles (ce qui apparaissait déjà en filigrane dans l’Inconnu du lac mais qui là paraît plus assumé) malgré le fond scabreux de l’intrigue, et son insolence formelle (j’adore sa manière de filmer des bites en assumant complètement le truc). Cela donne un OVNI assez charmant, un peu déroutant, et sulfureux, mais qui ne se prend pas trop au sérieux. ^^

  1. J’avais déjà assisté à quelques films et courts en 2022. ↩︎

Gouttes de pluie

Cette « fin d’année » (je ne sais pas pourquoi on reste toujours sur ce truc très scolaire de voir une fin de période avant la coupure estivale) est très éreintante et tonitruante. Plein de trucs, plein de déplacements, plein de changements… au final pas mal de fatigue. Et la période va encore continuer à être riche en événements, jusqu’à notre départ en vacances.

Bien sûr, on veille de près sur Arya qui se remet petit à petit de son opération. Mais on a dû être beaucoup plus strict sur le port de sa collerette, car elle a commencé à arracher ses fils bien trop tôt. Mais j’essaie de lui donner quelques séances de liberté en la surveillant bien.

J’ai fait un aller-retour illico chez mes parents à Osny (dans le Val d’Oise) vendredi et samedi, parce que c’était un moment important qui suivait le décès de mon oncle1 d’il y a quelques semaines (presque 3 mois en réalité). Evidemment tout cela s’est allègrement fait sous la flotte et une atmosphère très étrange, il fait à la fois froid et chaud, selon qu’il flotte ou qu’il fait beau, et dans tous les cas l’humidité est dégueulasse et les sols sont complètement détrempés.

J’ai comme cela été en pèlerinage à mon habituel parc de Grouchy, qui jouxte la petite gare d’Osny, en arrivant. On passe depuis la gare par un tunnel qui passe sous les voies ferrés, et qui est une des entrées du parc du château. J’ai toujours aimé cette manière d’arriver à Grouchy qui est à la fois très industrielle et urbaine, mais qui revêt en réalité un petit côté féérique et onirique qui va chercher pour moi du côté de l’imaginaire de la Belle et la Bête de Cocteau.

J’ai bien failli me faire courser par cette Bernache qui a moyennement apprécié que je m’approche de ses petits en train de paître sereinement. Sur le chemin vers chez ma Maman, j’ai été fasciné par la disposition des gouttes de pluie sur des plantes, et je n’ai pas pu ne pas immortaliser cela.

La journée en famille s’est bien passée, même pour cette funeste raison. Et le lendemain je repartais pour Nantes. J’ai eu un chouette accueil avec une petite manif des familles qui occupait les rails du tramway. C’était une des manifestations antifascistes du moment, et donc je m’y suis un peu attardé pour en grossir quelque peu les rangs. On avait encore une belle représentation LGBTQ+ ! ^^

Et puis sans tram, j’ai en conséquence pédestrement cheminé pour rejoindre mes pénates. Je suis passé comme d’habitude par la belle église Notre-Dame-de-Bon-Port.

Les chatounettes étaient bien au rendez-vous, et Arya donc avec son cône obligatoire à présent pour la majeure partie du temps. Mais elle commence à bien s’y faire, et elle ne moufte même plus quand on lui met.

Elle arrive maintenant à se déplacer à peu près normalement partout dans l’appartement. Et elle a même profité du soleil sur sa chaise longue. ^^

Bon et maintenant, on vient de la choper en train de tirer encore sur ses fils MALGRÉ la collerette (elle appuie dessus pour la faire descendre sur son cou) !!! Donc maintenant on doit doubler le dispositif : collerette avec en plus une jolie fraise en pétales de fleurs pour lui bloquer le cou. Regardez-moi cette dégaine de Bibendum Michelin !!! ^^

  1. J’en reparlerai un peu plus tard. ↩︎

Tribord

Suite à la victoire du RN aux élections européennes (et à la dissolution que j’ai évoquée juste avant), il y a eu un petit fait divers bien drolatique. Simplement quelques militants fachos qui ont décidé d’aller casser du pédé pour célébrer leur victoire, et le retour des bonnes valeurs d’antan chez eux. Et hop, v’la t’y pas que le gars y raconte même qu’il a hâte d’être dans trois semaines pour « casser du pédé autant qu’on veut ».

Il fallait bien s’attendre à ce genre de chose, et ça a au moins le mérite de faire comprendre à toutes les tapettes qui ont voté RN, que c’est aussi cela le RN, c’est même avant tout cela.

Et en même temps, le truc auquel on ne croyait plus, un nouveau souffle à gauche avec un Nouveau Front Populaire, et tous les partis de gauche qui se rassemblent (ça fait furieusement penser à la Gauche Plurielle d’autrefois). Bon même si je déteste les appellations « nouveau », qui ne sont rapidement plus nouvelles et qui démontrent une certaine limite créative, je suis content de ce regroupement devant l’adversité. Et comme d’hab, je partage beaucoup des idées du Roncierchouchou.

Mathieu Burgalassi, dont j’ai parlé récemment, a publié lui aussi de très intéressantes vidéos à propos du RN, notamment de leurs accointances avec le terrorisme ou l’antisémitisme dans des publications édifiantes.