Mélanie Vogel au Sénat sur la transidentité

Oh ça fait du bien d’entendre un discours pareil, simple et implacable, faisant appel à une raison toute basique et humaine. Mélanie Vogel, Sénatrice écologiste, explique en quelques minutes l’injustice en cours consistant à discriminer les trans, juste parce qu’ielles le sont.

Source de la vidéo : compte twitter de Public Sénat

Manifestation nantaise contre la transphobie avec NOSIG

A la suite des rassemblements du 5 mai, il y a eu une autre mobilisation aujourd’hui qui voulait poursuivre ce mouvement. Cette fois, comme j’étais à Nantes, j’ai participé au défilé chez moi ! ^^

Il y avait une petite foule tout à fait sympathique de 3 à 400 personnes pour une manifestation militante et revendicative. Ce fut encore l’occasion d’entendre de tes beaux, émouvants et parfois énervés discours de concerné⋅e⋅s qui témoignent de leur expériences, et permettent encore plus de toucher du doigt ces injustices et discriminations contre lesquelles il ne faut pas baisser les bras.

Comme je sais que cette année, je vais rater une bonne partie des marches des fiertés, je me suis dit que c’était important d’aller grossir les rangs de ce rassemblement. Mais encore une fois, on devrait être tellement tellement tellement plus nombreuses et nombreux.

Cela fait du bien aussi de voir ces fières démarches, ces sourires, cette vitalité et cette véhémence parfois. Je suis content de voir que des jeunots se démènent pour leurs droits et pour ce qui leur semble juste.

L’Angel (Gay) Bear de la gare du Nord

Ce week-end c’était un voyage très très court à Londres pour voir un spectacle, ça m’a permis de photographier l’Angel Bear de Richard Texier devant la gare du Nord. J’aime beaucoup cette sculpture, et j’ai toujours trouvé cela follement queer, mais là avec le drapeau LGBT qui flotte sur la gare, ça l’est encore plus (c’est la seconde année je crois que les gares sont pavoisées avec le rainbow flag pour la journée contre l’homophobie du 17 mai, et durant le mois des fiertés).

C’est toujours chouette de faire un tour à Londres, qui est en train vraiment à quelques encablures de Paris, mais qui permet toujours une super sensation de dépaysement. C’est aussi l’occasion de revoir mon ami Fabrice qui vit là-bas depuis plus de vingt ans, et là j’ai eu la surprise de revoir une ancienne amie que je n’avais pas vu depuis des lustres, et qui était également en visite londonienne. C’était un peu des souvenirs de presque vingt ans qui ressurgissaient, mais vraiment un très chouette moment.

Rassemblement contre la transphobie à Quimper avec le CTEFS

J’ai évoqué récemment la grosse tempête de merde qui est en train de passer sur le pays suite à la publication d’un livre transphobe (et endossé par l’extrême-droite, CQFD). Ce dimanche, une grande série de manifestations et rassemblements étaient organisés pour exprimer notre soutien aux trans, à leurs droits, et aussi pour dire clairement non à la transphobie. J’ai été un peu étonné, et agréablement surpris, de la densité des événements qui indique que les trans et leurs allié·e·s sont partout en France. On était vraiment sur une démonstration globale plus que sur un coup de force centralisé, et qui réduit forcément les LGBT+ à la (trop) bien connue frange c’est un truc de parisiens.

La liste des villes dans l’ordre alphabétique :

Alès, Ajaccio, Amiens, Angers, Arles, Aubenas, Angoulême, Bayonne, Besançon, Bordeaux, Bourges, Brest, Bruxelles, Caen, Chambéry, Clermont-Ferrand, Dieppe, Dijon, Grenoble, Le Havre, La Rochelle, Le Mans, Lens, Lille, Lorient, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Nîmes, Niort, Orleans, Paris, Pau, Poitiers, Quimper, Rennes, Saint-Etienne, Saint-Denis de la Réunion, Saint-Quentin dans l’Aisne, Saint Omer, Strasbourg, Toulouse, Tours.

Source : Riposte Trans

Des manifestations, ce dimanche, dans des grandes communes urbaines, mais aussi des moyennes et très carrément pas très grandes villes ont émaillé l’ensemble du pays, c’est chouette de constater cela. Même si ce n’est qu’un petit mouvement, à l’échelle sans doute d’une minorité aux alentours de 0,08% de la population (si prend la fourchette haute des 60 000 personnes trans1 en France que ce rapport évoque), c’est une visibilité salutaire pour lutter contre l’injuste opprobre actuelle2. Les 8 000 personnes à République à Paris c’est une visibilité dont on a besoin pour apparaître dans les médias et pour marquer les esprits. Mais ce dimanche à Quimper, j’ai ressenti à quel point c’était aussi important de marquer son territoire localement.

C’était un peu la croix et la bannière pour être au courant de ces manifestations, et j’étais vraiment motivé pour savoir ce qu’il se passait et où. Malgré tout je regrette que toute la famille LGBTQI+ et leurs alliés ne soit pas rassemblés pour un événement pareil. Alors que la Pride quimpéroise nous a clairement montré qu’on pouvait regrouper une vraie foule pour faire la fête, il le faudra aussi pour des occasions moins festives et plus revendicatives. Car ce sont bien nos frères, sœurs et adelphes qu’on vilipende en ce moment, et nous à travers eux, il ne faut pas l’oublier (les transphobes sont rarement gay-friendly).

A Quimper, c’était l’appel du CTEFS (Collectif Trans en Finistère Sud) que nous nous sommes rassemblés, en plein centre ville, devant la sublime cathédrale St Corentin à 18h. Les gens sont arrivés petit à petit, mais ça faisait un joli groupe d’un peu plus d’une centaine de personnes selon moi (300 selon les organisateurs, mais ils ont fumé ^^ ).

Les organisateurs et membres du collectif ont installé plusieurs bannières et banderoles, et après quelques minutes nous avons eu quelques discours militants, et très ouverts à tout ceux qui avaient leur mot à dire.

Les discours de militants comme cela sont parfois un peu lénifiants, mais là vraiment pas. J’ai adoré le ton et la teneur des messages qui étaient d’une logique implacable et structurés et circonstanciés, mais aussi du fond du cœur et porteurs de joie et de bonheur à venir malgré l’adversité, mais aussi politique et revendicatif, avec en filigrane une implacable raison de continuer à lutter pour plus de droits et de justice.

Les personnes qui ont témoigné ensuite étaient incroyables, et tellement différentes et riches d’expériences, de créativité, de volonté d’avancer ensemble et d’apporter autant leurs histoires, que leurs opinions et leurs émotions dans ce mouvement vers l’avant. Sans aucune concertation et spontanément, il y a eu des personnes d’âges différents (et une personne visiblement âgée à la fin pour rappeler contre l’âgisme et le validisme), de styles, d’expressions de genre et de personnalités très diverses, pour parler de soi, citer un passage marquant d’un bouquin ou d’un discours, pour enjoindre à la lutte pour les droits, pour exprimer sa peur de sortir dans la rue, ou pour partager son soutien à toustes.

Il s’est aussi passé le truc le plus inattendu qui soit pour moi. Je dois vraiment être un grand candide, mais vraiment je ne pouvais pas me douter qu’il se passerait quelque chose comme ça en 2024 dans le centre ville de Quimper.

Quand on est arrivé sur la place devant la cathédrale, j’ai remarqué que quelques personnes étaient dispersées mais avec un style un peu analogue, l’air renfrogné, tout en noir, et avec des masques ou des cache-nez autour du cou. Et quand le rassemblement s’est formé et que les discours allaient commencer, les gars en question se sont regroupés, et il étaient tous masqués en noir, comme le jeune homme ci-dessous.

J’ai été surpris que des antifas soient présents comme cela pour un rassemblement de si peu de personnes. Je ne voyais clairement pas pourquoi, pour casser des trucs ? Non c’est pas le genre sur une manifestation de ce type, et je voyais bien que les personnes du collectif interagissaient avec ces gens. Mais alors avec nous, contre nous ? C’était dans un coin de mon œil, mais ça me turlupinait.

Et j’ai compris… Et j’ai frémis. Ils sont arrivés en file par une rue qui descend sur la place. Je vois d’abord un type qui passe sur le côté des deux militants qui discouraient. Son look m’interpelle. Le mec est habillé en costard mais bizarre, on dirait qu’il sort d’une murder-party des années 40 !! Costume trois-pièces bleu pétrole, moustache à la Hercule Poirot, yeux bleus perçant, brun de geai, et un rictus tendu très flippant, les lèvres pincés dans un sourire narquois, la morgue aux lèvres.

Ils étaient en file et toute la troupe était analogue !! Un blondinet avec des bretelles qui sortait des 400 coups, une fille en robe blanche du dimanche extraite directement d’Alice au Pays des Merveilles, deux ou trois types en costumes tirés à quatre épingles, les cheveux gominés, et tous avec ce même air hautain, haineux et en même temps moqueur et goguenard.

D’un coup, les fachos obliquent vers les personnes en train de parler au micro, mais sans même que je m’en sois aperçu, les antifas s’étaient réorganisés, et avaient formé une ligne de trois ou quatre gars en noir pour les protéger. Les mecs c’était des shinobis de Konoha je vous jure ! ^^ Et il n’y a pas eu d’échauffourées, juste ces personnes du siècle dernier qui sont passées distiller leurs menaces et leur haine, avec une intimidation de gestapistes de fin de race qu’ils sont. Et figurez-vous qu’une seconde salve a enchaîné, avec encore des personnages dingues tels cette jeune femme tout en rouge avec un chapeau immense à la Lady Di, et un gars à la moustache cirée et pardessus qui appartenait clairement à un daguerréotype. Et c’est le même spectacle, et la même réponse de nos protecteurs spécialistes de la guérilla urbaine.

J’ai senti la situation s’envenimer pendant quelques secondes seulement, mais je pense que c’était seulement de l’intimidation de la part de ces olibrius adorateurs des temps anciens. En regardant les photos, de plus près on les voit bien installés en un groupe dense (on voit à droite le galurin rouge vif de Lady Di) avec ce type qui est le seul tourné vers nous et qui observe attentivement le déroulé du rassemblement.

Mais qui sont ces gens ? Franchement, quand on nous accuse de vivre sur une autre planète ou d’avoir des mœurs étranges, je m’interroge sérieusement sur ce qui peut pousser des jeunes gens à s’attifer comme cela. Comme si le bonheur c’était la France des années 40, même si le port de la chemise brune ne les dérangerait certainement pas ? Mein gott. Et ce qui était troublant, c’est que c’était des personnes super belles, vraiment des beaux gars et des jolies filles bien propres sur eux, avec des petites joues roses comme Heidi à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Les mêmes suppôts qui viennent à un rassemblent contre la transphobie pour semer le trouble, pour agresser des innocents et pour se repaître de minorités sans défense (alléluia pour les Shinobis de Konoha).

C’est aussi important de comprendre que même dans une ville comme Quimper on peut prendre des risques à manifester pour défendre les droits des personnes transgenres. On se pense tellement en dehors de ces comportements régressifs et totalitaire, alors qu’ils sont tapis dans l’ombre et n’hésitent pas à sortir quand ils sentent l’odeur du sang.

Donc plus que jamais, luttons pour nos droits, assumons et affirmons nos opinions et nos crédos. Cela commence toujours par les minorités, et nous en sommes tous et toutes à certains égards.

  1. Cela paraît encore plus dingue qu’on casse les bonbons à des personnes qui sont si peu nombreuses et dont la seule espérance et motivation est de vivre en accord avec soi, et dotées des droits qui devraient naturellement leur permettre de vivre heureuses et épanouies. ↩︎
  2. Il y a ce bouquin, mais aussi des tas d’accusations allant de la médicalisation des jeunes au prosélytisme et à une « mode contagieuse ». ↩︎

Épidémie fulgurante de transphobie

Trois semaines après avoir écrit à propos de transidentité, et voilà qu’on voit une crise majeure nous frapper à ce propos. Un bouquin dégueulasse a été écrit par deux TERFs1 et il professe des horreurs sur les trans et la transidentité. C’est un monceau de mensonges, de rumeurs débiles et de théories fumeuses dignes des documentaires de RMC Découvertes sur les Anciens Astronautes. Mais en réalité c’est aussi un ramassis de doctrines complotistes d’extrême-droite et pour preuve : on en voit la promotion active par Marion Maréchal et d’autres personnalités du même piètre acabit.

En plus de cela, c’est un déluge de reportages sur les chaînes et émissions de merde avec des interviews qui ont l’air de dater des années 70 lorsqu’on invitait des homos à s’exprimer. Ou c’est à peu près ce qu’on disait ou lisait lors du Mariage pour Tous il y a dix ans sur certains médias. C’est tellement choquant de voir un journaliste qui mégenre éhontément une femme trans, qui lui demande si elle est opérée ou pas, et qui mène sont interview avec un fiel évident et la morgue aux lèvres.

Et ce qui est horrible aussi, c’est que les personnes non informées sont surement influencées par ces reportages et entretiens bâclés. Les idées reçues, les préjugés et les discriminations n’ont pas fini de gangréner notre société. Vraiment c’est exactement comme il y a dix ans.

La plupart des personnes que je vous ai proposées de suivre évoquent cette shitstorm, et cela me rend tellement triste et en colère. On est vraiment dans des discours rétrogrades et totalement ignorants de personnes haineuses, et, encore un fois, contre la quête de bonheur de leur prochain, et qui ne touche en rien leurs propres libertés.

La solution est toujours la même, il faut continuer la lutte et le soutien à nos adelphes !!!

  1. TERF ([tɛʁf[, également écrit terf), acronyme de Trans-exclusionary radical feminist (« Féministe radicale excluant les personnes trans » en anglais). ↩︎

Petit manuel juridique à l’usage des homophiles des années (19)60

Je vous ai déjà parlé de Guillaume qui fait des podcasts passionnants à propos des cheminements de sexualité queer, mais là c’est un épisode un peu spécial et c’est une anecdote dans celui-ci qui m’a énormément intéressé. Son invité lui a expliqué avoir trouvé dans une chambre de bonne parisienne, dont il est devenu propriétaire, un fascicule tapé à la machine, et qui se refilait sous le manteau, qui doit dater des années 60.

Il s’agit d’un impressionnant document de 36 pages qui détaille par le menu l’ensemble des droits et des risques légaux attachés à des comportements homosexuels à l’époque. Et on parle d’une époque de grande répression puisque nous sommes quelques années après l’amendement Mirguet qui a officiellement inscrit l’homosexualité comme « fléau social » en 1960, ce qui a aggravé les outrages à la pudeur, par exemple, quand ils sont commis par des homos.

Ces pages ne parlent pas d’homosexuels mais d’homophile et on souligne assez directement la « dignité » qui est recommandé comme l’attitude à suivre pour les homophiles qui se respectent. L’élément juridique le plus vieux date de 1963 et c’est un jugement de cassation, donc j’imagine que ça donne une bonne idée de la période où ce document a été conçu et tapé à la machine. Donc tout cela fleure bon l’époque Arcadie et la plume des affidés d’André Baudry. Inutile de dire que ce n’est pas trop ma came, mais o tempora, o mores. On retrouve bien trop encore aujourd’hui ces homos follophobes et qui ne cherchent qu’à se conformer et lutter contre leurs propres droits, tout en profitant allègrement de ceux gagnés par leurs coreligionnaires hauts en couleur et en militantisme.

Là ce qui est drôle c’est qu’en prologue et épilogue, on rappelle que ces conseils ne sont utiles qu’à ceux qui justement manquent de cette dignité des homophiles qui ne sont pas censés draguer aux Tuileries, mater dans les vespasiennes, baiser dans les bains de vapeur etc. Mais tout de même, ça vaut le coup de connaître ses droits, et de savoir comment se comporter si on se fait arrêter. Et en cela, cela ressemble aussi aux conseils qui sont donnés à tous les militants lors des manifestations ou des actions de guérilla urbaine.

Evidemment la liste des délits donne là un vertige étourdissant. C’est tout de même une trentaine de pages pour évoquer tous les risques à envisager, et pour avoir le maximum d’armes pour se défendre et survivre dans une société répressive autant légalement que moralement. Et tout cela n’a que 60 ans…

Voilà l’épisode si vous voulez l’écouter.

La Grisette et la Drag Queen

Rencontre improbable certes, mais qui m’a fait sourire quand j’ai vu où nous avions rendez-vous hier. Mais une occasion de voir la Grisette est forcément une bonne occasion, et quand en plus il y a un drag show dans l’équation, alors que demande le peuple !!!? ^^

Je remarque d’ailleurs qu’avec les années, la Grisette a enfin été à la fois nettoyée et est protégée, mais en plus elle est bien mise en valeur, même la nuit, et on ne retrouve plus les poubelles à ses pieds ou des buissons phtisiques. Je sais que c’est une œuvre tout à fait mineure, mais vous savez aussi si vous me suivez que je l’aime beaucoup beaucoup, autant dans sa représentation formelle que dans la mise en valeur d’un certain symbole.

Grisette (femme)
Le mot grisette désignait avec condescendance, du xviiie au xixe siècle, une jeune femme vivant en ville de faibles revenus, ouvrière de la confection, dentelière, employée de commerce, réputée sexuellement accessible.

Définition du mot Grisette sur Wikipédia

Mais donc à quelques mètres de là, on peut trouver un bar queer (We Are Brewers), qui brasse ses propres bières, et qui présentait un spectacle de Drag-Queens. L’hôtesse de cette soirée est Quetzal, et on a pu voir une des compétitrices de la S2 de Drag Race España : Jota Carajota.

Robert Badinter (1928-2024)

Vous allez dire que je rapporte tout à la Bretagne (oui quand je peux ^^ ), mais voilà la petite maison où Robert Badinter a écrit son discours d’abolition de la peine de mort. Et c’est à Doëlan, à Clohars-Carnoët donc, et on est tous très fier de ce petit fait historique local. Hu hu hu.

Compte Instagram Le Pouldu

Il s’agit en réalité de la maison de Benoîte Groult qui l’avait prêtée au couple Badinter.

Robert Badinter est un homme important pour moi, comme pour beaucoup, et c’est un peu depuis toujours une sorte de héros familial. Le mec de gauche par excellence et qui a porté des combats beaux, justes et vraiment de gauche comme l’abolition de la peine de mort. Et un avocat de l’ancienne trempe, un orateur, un bretteur, un intello aussi de la bonne intelligentsia gauche caviar, mais qui a, selon moi, gagné ses galons de respectabilité par ses actes et son intégrité intellectuelle. Après il n’est pas parfait, il a aussi dit et agit de plein de manières répréhensibles ou discutable, mais il ne s’agit pas de jeter le bébé et l’eau du bain.

Je reprends avec plaisir les propos de Madame Mollette :

Badinter pour un avocat, ça fait partie des Dieux de l’Olympe.
Je ne sais pas si vous pouvez imaginer ce que signifiait le métier d’avocat pénaliste avant 1981. Il fallait accepter l’occurrence, au terme d’un long parcours de défense aux côtés d’un homme, de se retrouver un jour en situation de se lever à l’aube pour accompagner cet homme dans une cour sordide se faire exécuter.

L’une des dernières têtes sauvées de la guillotine fût celle d’un homme de 28 ans condamné à mort par la Cour d’Assises de Vendée et rejugé à Nantes avec Badinter à ses côtés en 1977. Il a raconté qu’il ne mangeait plus ni ne dormait plus pendant le procès.

C’est aussi l’homme qui a fait dépénaliser les relations homos avec mineurs de + 15 ans, supprimer les juridictions d’exception, les QHS. C’est lui qui a révolutionné l’indemnisation des victimes d’accidents de circulation fondée sur le risque et non plus sur la faute : puisque les automobilistes ont des assurances, elles doivent payer, ça a tout changé.
Bref, un Bonhomme. Un déclencheur de vocations. Quand on allait le voir en conférence, on était transporté. Alors voilà on lui rend un hommage mérité.

Je n’oublie pas le reste, ses positions sur DSK, sur l’euthanasie, sur la libération de la parole des femmes, et probablement d’autres trucs miteux. Et aussi, le fait qu’il a accepté de servir de caution intellectuelle au démembrement du code du travail, ça je ne pardonnerai jamais.
Il faut tout dire, ça n’enlève pas le mérite de l’Homme.

Certains ici disent qu’il était avant tout un bourgeois de la gauche bienséante. Ça ne rend pas justice à la complexité de l’homme, à la force de ses engagements et à ce qu’il a accompli.
Le seul Dieu de l’Olympe des avocats que je pleurerai sans aucune réserve sera Henri Leclerc. Mais Badinter mérite les hommages qui lui sont faits.

Madame Mollette sur Mastodon

Il y a aussi Athenavocat qui a eu la réaction suivante :

Et c’est vrai que c’est marrant de se dire qu’il s’agit du « seul homme du 20ème siècle qui a été cité par Victor Hugo au 19ème, car dans son discours d’adieu au Sénat en 2011, il a cité Victor Hugo : « Heureux celui dont on pourra dire qu’il emporte avec lui la peine de mort. » [source]

Après vous me connaissez, Badinter évoque aussi pour moi cette loi de 1982 qui établit une égalité entre homos et hétéros concernant la majorité sexuelle. C’était bien une promesse de Mitterrand lors de son élection en 1981, même si la dépénalisation en tant que telle de l’homosexualité date bien de 1791.

Badinter a aussi eu de beaux mots à ce propos :

https://twitter.com/xavierheraud/status/1755903807748235439

L’Assemblée sait quel type de société, toujours marquée par l’arbitraire, l’intolérance, le fanatisme ou le racisme a constamment pratiqué la chasse à l’homosexualité. Cette discrimination et cette répression sont incompatibles avec les principes d’un grand pays de liberté comme le nôtre. Il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels comme à tous ses autres citoyens dans tant de domaines

Robert Badinter à l’Assemblée Nationale le 27 juillet 1982
Couverture du Gai Pied de juin 1981 (N°27)

Je possède 3 numéros emblématiques du mensuel Le Gai Pied (les numéros 2, 27 et 42), et il se trouve que le N°42 de septembre 1982 évoque cette nouvelle loi.

Couverture du Gai Pied de septembre 1982 (N°42)

Mais c’est là où on voit que le titre même de l’article est assez discutable. On y évoque certes l’égalité et un juste retour des choses, mais on peut aussi sentir un je ne sais quoi qui sent le soufre. Il faut rappeler qu’à l’époque des mouvements pédophiles s’exprimaient aussi sous couvert de militantisme homo pour « libérer la sexualité des plus jeunes ». Et il y a eu d’ailleurs dans l’histoire du mensuel de fortes dissensions à ce sujet, notamment avec Tony Duvert. L’affaire Dugué est aussi emblématique de cette époque, et de cette très gênante confusion qui est largement exploité par les homophobes, mais malheureusement aussi une réalité toxique de certains militants. On ressent dans l’article cette transition curieuse qui verra une séparation nette, et un refus clair de la pédophilie et des amalgames terribles que certains continuent à entretenir.

Il est en revanche fou de voir, par hasard, que l’article en complément de cette page évoque les bombardements de Beyrouth par l’armée israélienne en cette même période (été 1982). On y lit des positions assez communes avec les mouvements LGBT actuels, à 40 ans de distance on décrypte forcément cela avec une certaine ironie grinçante ou carrément désespérante.

Ma vie en répondeur en 1999

Nan mais qui garde une cassette audio à bandes magnétiques dans ses affaires juste pour faire de l’archéologie 25 ans plus tard ? Bah oui, moi vraiment et sans vergogne. Hu hu hu. Je me souviens très bien m’être dit, tiens je m’en fous maintenant mais je vais garder ce truc là au fond d’un tiroir. Et j’ai aussi gardé le petit magnétophone offert par mon oncle dans les années 80 pour stocker les programmes informatiques (à une époque où on enregistrait des programmes sur des cassettes audios) de mon ZX81.

En cherchant une agrafeuse dans ce fameux tiroir, je me suis demandé ce qu’il pouvait bien y avoir comme cassette dans ce magnétophone et de quand ça datait. En réalité, c’est allé assez vite, je me suis souvenu dès le premier bip et la médiocre qualité sonore qu’il s’agissait de la cassette de mon répondeur téléphonique, et que j’avais enfoui cet artefact dans des strates géologiques pour que j’en sois quelques années plus tard le redécouvreur. Et c’est marrant car le tout premier message donne un indice majeur sur le moment où nous sommes.

Manuel

Il le dit bien « nous sommes le dimanche 12 septembre », et il n’est pas très difficile de dater le message à l’année 1999. Il s’agit bien sûr d’un antique répondeur électromécanique, donc on appelait chez moi sur un téléphone fixe, et on laissait parfois des messages. Ils n’étaient pas horodatés, donc c’était courant quand on appelait de préciser la date et l’heure.

Je me doutais bien que c’était vers cette période, pour la simple et bonne raison que j’ai emménagé à Paris en février 1998. Mais les téléphones portables commençaient déjà à bien fleurir, et les services vocaux pour les fixes allaient bientôt complètement remplacer ces machines (proposant des options de répondeur dématérialisé). Et rapidement, on allait remplacer les répondeurs par un appel sur le mobile, puis un message sur la « boîte vocale ». Mais à cette époque, force est de constater que les répondeurs « machines » sont encore bien utiles et utilisés. On entend d’ailleurs clairement les gens m’appeler d’abord sur le fixe, puis tester le portable, et je me rappelle aussi que j’écoutais souvent mon répondeur « à distance » puisqu’on pouvait aussi consulter ses messages en appelant chez soi avec un certain code.

Je suis un conservateur et un archiveur, mais pas non plus un accumulateur. Je me débarrasse de plein de choses régulièrement, mais je garde toujours une petite trace ou un « souvenir ». Et je fais la même chose numériquement, même si j’ai souffert du virus Tchernobyl le 26 avril 1999 et rebelote comme un con le 26 avril 2000. J’ai perdu beaucoup de photos de webcam notamment auxquelles je tenais, mais tant pis ! Il me reste par exemple de cette époque cette photo webcam (circa 1999, pixélisation d’époque) mise en proue d’un selfie minaudant dans mon petit appartement de 14m2 à Bastille où j’ai vécu très très heureux sous les toits pendant quelques années.

On n’a pas l’impression mais on voit en réalité tout mon appartement de là. A droite on peut apercevoir mon four posé sur un placard, avec une plante devant, eh bien juste à côté c’est la kitchenette et juste derrière une douche et des toilettes (sur 2 bons mètres carrés). Derrière moi c’est un rideau occultant la porte (car c’était une passoire thermique évidemment), et on aperçoit ma petite décoration (photos et tableaux) avec mon futon qui n’est pas visible (sans doute replié en canapé). Et voilà !!

Ce premier message de Manuel est emblématique pour moi car c’est un copain de Lycée, et donc en 99 j’avais encore pas mal de contacts avec mes amis d’IUT ou de Lycée, et donc avec des hétéros. C’était justement une période mixte et hybride très heureuse, où la jointure entre les deux mondes était plutôt fructueuse et sympathique. On a fini par prendre des chemins assez séparés par un simple effet de tempus fugit.

Comme d’habitude je publie plus pour moi que pour vous, et mon but là est de poster ces audios pour les archiver en ligne et pouvoir y revenir potentiellement. Cela m’amuse aussi de repasser par cette époque, par mes 23 ans aussi, et d’y saisir un peu l’air du temps. Ce temps du changement de millénaire, et ce temps du changement pour moi aussi. Les messages vont jusqu’à janvier 2000.

Sean

Alors, remettons-nous un peu en tête cette fin des années 90 me concernant. J’ai déjà publié quelques flyers de soirées de 1997, ou bien mon aventure amoureuse tonitruante avec Thomas, et mes trois amants mythiques de 1998. J’ai toujours cette merveilleuse photo de moi (décoloré) avec l’un d’eux.

Sean est le premier des trois, et donc ce message c’était alors qu’on n’était plus ensemble depuis longtemps. On ne va plus être en contact pendant très longtemps, et tant mieux car la relation s’étiolait sérieusement (on peut le sentir je crois).

Diego

Diego est mon pilier depuis notre rencontre 1998, une amitié qui dure toujours et qui me fait toujours aussi chaud au cœur. Il me laissait toujours des messages assez longs et il raconte souvent des trucs. On a énormément traîné ensemble dans le Marais à discuter, à se faire des petits restos (« pas chers, japonais, chinois ou pizzeria ») et à disserter sur la vie dans les backrooms. Assez marrant son message me proposant de me faire découvrir les MTV Music Awards, sachant qu’à l’époque on avait bien sûr la télé uniquement par voie hertzienne, et donc peu de chaînes, et qu’on enregistrait sur K7 vidéo des émissions ou des films. Et MTV c’était le nec plus ultra des programmes hype et dans le vent.

Inconnu

Et là bah, je ne sais pas qui c’est… Il parle du RER, et cette voix me rappelle bien quelque chose mais impossible d’en savoir plus. Hu hu hu.

Fabrice

Fabrice c’est encore un ami aujourd’hui, il habite à Londres et c’est par exemple avec lui que j’ai vu Totoro au Barbican l’année dernière. On a eu une histoire littéralement éphémère (en 24h c’était plié) mais je ne sais plus si c’était en 98 ou 99, en tout cas c’était au tout début de notre rencontre (des amis en commun). Il dit qu’il passe chez moi à minuit, alors je ne sais plus du tout comment interpréter cela. Mouahahahahahah.

Céline

Céline c’était la copine de Caroline, mon amie la plus chère à l’époque. Rencontrée via ma copine de Lycée Virginie, Caro a été mon intronisation dans le « milieu gay parisien » et m’a appris toutes les ficelles du métiers (Mouahahahaha). Le meilleur ami de Céline c’était David, et en 1996, je suis sorti avec lui. Evidemment. ^^

Elle dit qu’elle va voir « Les convoyeurs attendent » avec une copine, et comme le film est sorti le 15 septembre 1999, on est raccord.

Caroline

Eh bien voilà donc Caroline dont je viens juste de parler. On se donnait toujours des infos sur notre joignabilité avec des indications horaires. Donc on était joignable à tel endroit à partir de telle heure, ou alors sur le mobile ou chez un tel à tel numéro etc. C’était important pour qu’on puisse tous jouer le rôle de relai dans un réseau d’informations très efficace mais reposant sur une communication bidirectionnelle tout à fait analogique.

Diego

Diego vous allez souvent l’entendre, et souvent c’est juste pour papoter et savoir « qu’est-ce que tu foutais ? ». ^^

Nicolas

Nicolas ou comme je l’ai nommé dans le blog Nicolas IV est un mec important dans ma vie (ou je les numérote, ils sont trop nombreux ^^ ). Il me souhaite une bonne fête donc c’est le 21 septembre 1999. Et le ton m’indique qu’on est encore ensemble, mais non ça n’a duré que quelques semaines ou mois et il a rompu l’été 99. Et j’en ai chié, mein gott que j’en ai chié. J’étais vraiment très très amoureux, et lui aussi. D’ailleurs on s’est recroisé en 2003 et ça avait fait des étincelles. On s’est revu une seule fois, juste deux minutes en septembre 2017 à la gare d’Aix en Provence TGV. Il était avec son mec, et il partait en vacances je ne sais où. Nos sourires n’avaient rien perdu de leurs connivences, mais on savait qu’on était bien mieux dans nos souvenirs. Hu hu hu.

Diego

Diego qui appelle d’une cabine pour discuter un peu avec moi… Et ma « petite voix » qui l’a inquiété ça devait être déjà les prémices de la chienlit avec Nicolas. Drama queeeeeeen !!!

Joris

Bon, ça c’est Joris donc je suis pas là, il m’appelle sur mon portable. Jo est un ami d’IUT qui a eu l’idée de me présenter Nicolas, son meilleur pote pédé. Et même si Nicolas et moi lui avons dit « Mais purée tu crois vraiment que parce que tu connais deux pédés, ils vont se renifler le cul ? C’est vraiment une idée d’hétéro ça. », eh bien il a pu nous dire « Je vous l’avais dit !!! ».

Éric

Ah ah c’est marrant ça, c’est Éric qui est le pote d’un pote, et qui était vaguement intéressé par moi j’imagine. Je ne savais pas bien si c’était amical ou plus que cela, mais ça n’est jamais allé plus loin. Je l’aimais bien, mais je n’avais pas envie de plus en tout cas. Encore une fois, on laisse sur le répondeur son numéro de portable, mais avant son numéro de fixe chez soi et celui au bureau (pour bien être joignable au maximum).

Joris

Arf arf, je n’ai pas dû le rappeler assez rapidement. C’est bien une remarque de Jo ça (on le sent le mâle dominateur hétéro qui a l’habitude qu’on lui obéisse non ? Hu hu hu) !!! ^^

Yves

Yves c’est marrant car c’est un copain de Paris, mais qui est comme moi du 95. Il était même en fac avec une copine de lycée à moi, et on a été proche pendant de nombreuses années. Je l’avais connu par Ali de manière assez inopinée, mais Yves était surtout le petit copain de Diego avant qu’on se connaisse, et c’est donc lui qui nous a présenté. Mais bon, on a réussi à se retrouver à Barcelone l’été 2021, comme quoi tout est possible !

Inconnu

Je ne reconnais vraiment pas la voix… mais il m’appelle « beau gosse » et veut qu’on se fasse un ciné. Alors j’imagine que c’était une touche ? Je n’ai jamais su rester célibataire que quelques semaines, je suis terrible. ^^

Virginie

Virginie bien sûr, on se voyait encore très très souvent. Amie de lycée et copine de toujours, j’en ai déjà parlé.

Padrino

C’était son pseudo évidemment, et on habitait à quelques encablures dans le 11ème. On s’entendait super bien, et on mangeait souvent un bout ensemble. Vraiment j’aimais beaucoup ce mec et c’était devenu un ami proche. On a été séparé suite à des dissensions dans un groupe d’amis, mais j’ai toujours regretté cet éloignement. On avait nos habitudes dans une petite crêperie de la rue Oberkampf qui était excellente, Jour de Fête, et tenue par une lesbienne butchissime flamboyante.

Inconnu

Cette voix est très particulière, mais je n’arrive plus du tout à me rappeler de qui il peut bien s’agir.

Jonathan

Ok donc Fabrice est déjà à Londres (où il réside encore aujourd’hui), et j’ai dû aller le voir là-bas et rencontrer Jonathan. Il me laisse un message et c’est adorable avec son accent britannique à couper au couteau. Je me rappelle que je le trouvais vraiment charmant comme tout, et je me souviens qu’il s’était aussi cassé les dents sur Fabrice. C’est peut-être ce qui nous avait rapproché. Hu hu hu.

Padrino

Ah ah, Padrino qui m’appelle pour avoir des conseils pour téléchager des mp3 « je sais pas quoi »… Bon évidemment, je suis connu comme geek depuis très longtemps. A l’époque on se renseignait sur Napster (1999) pour télécharger des musiques illégalement, et le format mp3 était encore balbutiant. On écoutait d’ailleurs de la musique surtout sur Winamp (1997). Les vidéos étaient téléchargées en format DivX sur Morpheus (2001), Kazaa (2001) ou eDonkey (2000).

Padrino

Il dit que c’est « encore » lui donc il a dû rappeler tout de suite après. Et donc il voulait vraiment qu’on mange ensemble !!! Adorable !!

Sophie

Une copine du boulot de l’époque, Sophie, que j’aimais beaucoup et avec qui je suis resté en contact pendant pas mal de temps. Ils devaient m’attendre pour une bouffe entre collègues (on était jeunes, on sortait après le taf).

Céline

Céline qui me demande de convaincre Caro (son ex) de venir avec nous plutôt qu’avec Marine (la nouvelle en vue). Bref, une affaire de lesbiennes. ^^

Diego

Ah ah, c’est cette période où les gens se plaignent que j’ai beaucoup de messages sur mon répondeur et que les bips sont interminables. Apparemment on allait aux Bains1 avec Ali, et avant des verres à l’Okawa. Tout cela est sans doute lié aussi au message de Céline. Une soirée classique de 1999 qui se goupille avec les moyens de l’époque.

Nicolas

Ah le retour de Nicolas… On est encore en contact, mais je ne comprends pas trop ce qui se passe entre nous. Il dit qu’il va être en « perm » donc il doit toujours faire son service militaire, et je me souviens que c’est pendant qu’il m’a largué l’été 99. Bon un peu confus cette « timeline » !!!

Padrino qui m’invite à dîner avec Ali. ^^

Virginie

Ah tiens Virginie qui me demande comment le séjour en Angleterre s’est passé ! Donc j’ai dû aller voir Fabrice. C’est vrai que c’est à peu près la période où il a dû me faire découvrir Queer as Folk UK et les soirées mémorables au Two Brewers à Clapham North.

Diego

J’ai dû consulter Diego en urgence sur celui-ci parce que je ne comprenais vraiment pas de qui il s’agissait. Mais apparemment, c’était un plan cul que je lui avais présenté (un mec de Yarps). Mouahahahah.

Christian

Hé hé hé, Christian, un allemand rencontré via Yarps aussi, et qui était quelques mois en France. On s’est vu quelques temps, notamment avec Diego. Et un soir, de manière assez incroyable, on a dormi tous les trois chez moi après une soirée tardive. En tout bien tout honneur bien sûr. Sauf que sur le matin, on s’est tripoté avec l’allemand qui était entre Diego et moi. Et que j’ai appris plus tard par Diego, qu’il s’était aussi tripoté avec l’allemand pendant la nuit. Donc voilà c’est notre seule relation ayant dérapé au-delà de l’amitié avec Diego, un plan cul par transitivité. ^^

Cécilia

Le chouette message d’une copine de lycée qui habitait juste en face de chez mes parents, et avec qui j’ai noué une relation très intime pendant quelques années. Une vraie très bonne copine, comme Virginie, mais que je ne vois plus même si j’ai toujours quelques nouvelles éparses, souvent de proche en proche.

Seb (Anorak)

Vous allez voir il y a pas mal de messages de Seb, mais il ne s’étale jamais trop. On reconnaît sa voix si douce et son petit accent toulousain qui pointe (ce que j’ai aimé cet accent alors ^^ ). Donc je démarre là une des plus belles histoires d’amour de ma vie, quelques mois vraiment très forts et intenses, un truc beau et doux comme lui. Et forcément à 23 ans, bah c’est de l’amour quoi. Hu hu hu. Seb c’est aussi Anorak de Caramail, toute une époque où on tchattait toute la nuit dans les salons virtuels de Cara. Et j’ai fait des rencontres folles et géniales, des personnes que je connais encore aujourd’hui d’ailleurs. Caramail a été supprimé en 2009, mais vraiment c’est un marqueur générationnel indéniable.

On est tombé amoureux en ligne, et on balisait à fond quand je suis allé le voir à Toulouse pour la première fois (et pas la dernière). Mais on a transformé l’essai avec un naturel déconcertant, et on a vécu une courte et belle histoire.

Virginie

Ah ah, Virginie qui me propose de me ramener chez mes parents à Berville. Elle habitait à quelques kilomètres quand on allait au lycée ensemble. Elle était dans le 5ème arrondissement à Paris, et elle avait une super 4L. On rentrait souvent ensemble car à cette époque, je rentrais chez mes parents le week-end au moins toutes les 3 semaines.

Seb (Anorak)

Il m’a toujours appelé « mon cœur ». Et je me rends compte aujourd’hui qu’il le dit quasiment comme le Frenchie dans la série The Boys. ^^

J’avais dû lui envoyer un truc par courrier. J’envoyais encore énormément de lettres et de plis à l’époque, et on correspondait encore beaucoup de manière épistolaire.

Seb (Anorak)

Je sais que c’est répétitif, mais je vous l’ai dit c’est pour moi cet article. ^^

Sandra

Oh Sandra c’était une bonne copine de ma copine Cécilia (une autre), et c’est devenu une amie au fur et à mesure de nos rencontres. On s’aimait beaucoup, et elle aurait beaucoup aimé que je sois hétéro. ^^

Padrino

Padrino qui n’aime pas les dimanches soirs et qui donc clairement m’appelle pour papoter.

Seb (Anorak)

Seb était une énorme Drama Queen qui a quitté Caramail plusieurs fois définitivement. C’est vrai qu’il avait une certaine aura en ligne, et donc il avait ses fans et ses détracteurs, et déjà bien sûr du harcèlement en ligne qui pouvait être assez dur à gérer.

Diego

Diego qui était avec son copain Thibault à Barcelone et qui galère avec son portable (qui ne fonctionnait pas encore super bien en Espagne). Je crois qu’il attendait des nouvelles pour ses études ou pour un stage, un truc comme ça.

Ana

Ana était la meilleure amie de Diego, et elle investigue la récupération d’invitations à la fête de Pierre. Ah ah, ces flash-backs sont assez fous, car c’est tellement trivial, mais je m’en rappelle tellement bien.

Seb (Anorak)

Bah oui, on se faisait des déclarations d’amour sur nos répondeurs dans les années 90. Hu hu hu. Là en l’occurrence, je crois me rappeler que c’est un peu le début de la fin. La distance était difficile à vivre, et on avait pas forcément les moyens pour se voir aussi souvent qu’on voudrait. Et puis il a un de ces chouettes caractères de merde que j’adore chez les mecs. ^^ Donc si je me souviens, il avait voulu rompre, et s’était repris tout de suite avec ce message. Cela avait été un sacré coup de semonce pour moi, et ça m’avait durablement refroidi en tout cas.

Seb (Anorak)
Seb (Anorak)

Bon bah, ça a l’air reparti comme en 40. Un peu comme un retour de flammes après une rupture, malgré tout.

Joris

Alors là, j’avoue avoir oublié cette histoire. Joris doit voir Marie (j’ai oublié qui c’est ou alors une vague réminiscence) et il pensait que je serais là. Mouahahaha. Débrouillez-vous les hétéros !!

Diego

Diego en galère de stage d’avocat, mais qui traîne dans le Marais, et qui me demande si je veux bien dormir avec lui parce qu’il est en grande période d’angoisse. C’est trop chou ça, je me rappelle super bien de cette période. On avait passé la soirée à parler, comme d’habitude. Diego est sans aucun doute la personne avec qui j’ai le plus conversé dans ma vie. ^^

Diego

Ah là là les galériens !! Il attend que je rentre du boulot et donc poireaute en bas de chez moi. C’est drôle car on avait bien nos portables, mais on ne captait pas bien et pas partout, alors on avait l’habitude de compter sur nos téléphones fixes et ces répondeurs.

Christophe

Aucun souvenir de qui est ce Christophe !! Mais on s’est envoyé des SMS et tout. On disait aussi « télémessages » à l’époque. A ce moment, il y a 3 manière de markéter les SMS : Orange parle de mini-messages, SFR de Texto et Bouygues Telecom de Télémessages. Rapidement le mot « texto » va s’imposer, et ce message a au moins le mérite de donner quelques infos sur les forfaits télécom de l’époque. Mein gott!! Le téléphone coutait une blinde, et on ne pouvait vraiment pas facilement ou longuement appeler un mobile d’un fixe par exemple, mais les forfaits pouvaient parfois être assez généreux sur les appels des mobiles vers les fixes. Et il y avait eu des moments où les opérateurs lançaient des soirées spéciales ou les appels vers les fixes étaient gratuits. Je me rappelle qu’on en profitait pour s’appeler des heures à ce moment là. Et vraiment on était à l’affût de ce genre d’occasion.

Joris
Joris

Les deux appels successifs de Joris, le second est plus intéressant. On apprend que cette Marie en a pris pour son grade. Mein gott. Mouahahahaha.

Christophe

Ah ok, je me souviens de Christophe !! C’était un mec de Caramail. Et il avait la langue bien pendue. En effet, il m’avait dit un truc que je ne devais pas répéter, mais j’ai tout dit à Anorak et qui a bien sûr pété un boulon. Hé hé hé. Ce qui est intéressant là c’est qu’il évoque une tornade et me demande si ça va. Donc cela permet de bien dater l’enregistrement, nous devons être autour de Noël 1999, et de la fameuse Tempête de 99 du 26 décembre.

Seb (Anorak)

Ah tiens, on doit être le 31 décembre 1999, car il me souhaite un bon réveillon.

Caroline

Caroline qui appelle, elle-aussi, souvent juste pour papoter et prendre des nouvelles, et qui m’appelle « Mat of the night » en clin d’œil au surnom que Thomas m’avait donné.

Virginie

Ah nous sommes en janvier 2000, Virginie vient de me souhaiter une bonne année sur mon répondeur.

Seb C.

C’est un autre Sébastien, à la base un excellent pote de Caro, et qui est devenu un ami assez proche. Il était aussi un des rares (des amis IRL2) à être sur Caramail et à avoir connu par ce biais des personnes aussi fréquentées en ligne. Là il est avec un autre Seb, de Rouen, et aussi mon Seb (Anorak). Nan mais trois Sébastiens ensemble là, mais purée quoi !!! Surtout je sens dans sa voix que quelque chose ne va pas… J’imagine que je me suis décidé à rompre avec Anorak, mais que je fais traîner le truc ou que je ne sais pas encore comment m’y prendre. De toute façon j’ai toujours été nul en rupture, quand je n’ai pas été un vrai connard en dessous de toute bienséance. Et là c’est encore plus compliqué, car il a recommencé à avoir des doutes et à avoir surtout plein de problèmes à gérer et du mal à envisager une relation en plus. Mais moi j’en ai ras la casquette sur le coup, et je crois que je suis décidé de passer à autre chose.

Manuel

On doit encore être en janvier, et c’est marrant que mon premier message (de cet article) est de Manu, et que c’est un des derniers de lui aussi. C’était chou encore !

Seb C.

Sébastien C. encore qui me donne un rdv téléphonique dans une cabine. Le genre de truc qu’on faisait encore en 2000. Hu hu. Mais donc ça confirme que je fais le mort, et que je me demande bien comment rompre… Evidemment tout le monde s’inquiète.

Inconnu

Je ne me souviens pas du tout de qui il s’agit. Mais c’est affreux, j’ai l’impression que je viens de rompre, et que j’ai déjà des vues sur un autre !! C’est tout à fait possible. Horrible, mais tout à fait possible.

Seb (Anorak)

Donc c’est ça, j’avais bien rompu, et le garçon inconnu doit être Franck mais je ne reconnais vraiment pas sa voix. J’ai hésité à mettre ce message car c’est très très intime, mais en même temps ça a 25 ans et c’est beau, c’est fort. C’est aussi ça les relations amoureuses. Et je me dis que le pourcentage de gens qui descendront jusque là est tellement minime que c’est quasi anonyme.

Sabrina
Sabrina

Sabrina était une amie très proche de Seb, et elle m’a laissé ces deux messages pour me parler de lui. Il ne va pas bien, et elle essaie de voir si elle ne peut pas nous rabibocher. Je crois que je filtre là sur le second message, je me souviens l’avoir écouté comme ça. On pouvait en effet aussi laisser le répondeur en marche, et écouter le message pendant que les gens le laissaient (et prendre l’appel si finalement on voulait lever le « filtre »).

C’était un moment vraiment d’une tristesse abyssale, mais j’étais vraiment passé à autre chose. Et je ne me sentais pas la force de subir d’autres moments de faiblesse où la relation serait encore mise en doute, mais ce n’était sincèrement pas très généreux ou altruiste de ma part, même si les amis proches me comprenaient. J’ai gardé malgré tout un souvenir prégnant de ces moments, et on ne tombe pas autant que cela amoureux dans sa vie pour ne pas se construire un autel secret dans son cœur et ses souvenirs où revenir de temps en temps.

Voilà donc de septembre 1999 à janvier 2000, ma vie à partir de mes messages de répondeur. C’est évidemment très parcellaire, mais d’une telle évocation que c’est terriblement troublant. On ne gardait rien de l’époque, car les supports étaient fragiles et analogiques, mais quand on a la chance de l’avoir un peu conservée dans le formol cette époque, c’est assez magique de la revivre ainsi en bribes, en anecdotes et en évocations. Aujourd’hui comme on garde tout, on ne conserve finalement rien ou beaucoup trop. C’est toujours intéressant de relire le palimpseste de nos vies, et de voir ce qu’on peut encore déchiffrer en dessous en filigrane, voué à disparaitre de nos mémoires comme de ces supports pulvérulents à leur tour.

  1. Il s’agit des Bains-Douches, une boîte de nuit et pas une soirée au sauna hein. ↩︎
  2. IRL = In Real Life ↩︎

Sergent Major Eismayer

En voyant ce film, sans avoir rien lu à son propos, je me disais à la fin « Bon ok, mais tout de même ce n’est pas super crédible comme histoire !! ». Et puis à la fin du film, on explique que c’est une histoire vraie, et on voit les photos de mariage des bonhommes. Donc non seulement le film est crédible, mais en plus ils ont plutôt bien casté les comédiens. Mouahahahahahaha.

Et contre toute attente, l’histoire c’est bien cela, nous sommes en Autriche, et nous avons le Sergent Major Eismayer qui est instructeur à l’armée. Mais alors l’archétype de l’instructeur tyran et qui terrifie les troupes, voire qui abuse et met en danger la vie de certains. Evidemment raciste et homophobe pour en ajouter une louche hein. ^^

Et voilà que débarque un aspirant, Mario Falak (joué par Luka Dimic), qui est ouvertement gay et plutôt du genre basané. En plus de cela, il a une grande gueule et refuse de se laisser faire ou abuser par quiconque. C’est donc immédiatement un fort désamour entre les deux hommes, et Eismayer (joué par Gerhard Liebmann) le brime comme il a l’habitude.

Mais ça finit par un mariage, et les deux sont encore ensemble, tout en étant militaires de carrière. Alors franchement rien que pour cela, le film vaut le coup d’œil. C’est tout à fait charmant, et apparemment ça a fait pas mal de bruit en Autriche. C’est presque dommage que le film n’ait pas une distribution ou une presse plus importante, car ça ferait du bien à certains militaires de voir ça. ^^