A la suite des rassemblements du 5 mai, il y a eu une autre mobilisation aujourd’hui qui voulait poursuivre ce mouvement. Cette fois, comme j’étais à Nantes, j’ai participé au défilé chez moi ! ^^
Il y avait une petite foule tout à fait sympathique de 3 à 400 personnes pour une manifestation militante et revendicative. Ce fut encore l’occasion d’entendre de tes beaux, émouvants et parfois énervés discours de concerné⋅e⋅s qui témoignent de leur expériences, et permettent encore plus de toucher du doigt ces injustices et discriminations contre lesquelles il ne faut pas baisser les bras.
Comme je sais que cette année, je vais rater une bonne partie des marches des fiertés, je me suis dit que c’était important d’aller grossir les rangs de ce rassemblement. Mais encore une fois, on devrait être tellement tellement tellement plus nombreuses et nombreux.
Cela fait du bien aussi de voir ces fières démarches, ces sourires, cette vitalité et cette véhémence parfois. Je suis content de voir que des jeunots se démènent pour leurs droits et pour ce qui leur semble juste.
J’ai évoqué récemment la grosse tempête de merde qui est en train de passer sur le pays suite à la publication d’un livre transphobe (et endossé par l’extrême-droite, CQFD). Ce dimanche, une grande série de manifestations et rassemblements étaient organisés pour exprimer notre soutien aux trans, à leurs droits, et aussi pour dire clairement non à la transphobie. J’ai été un peu étonné, et agréablement surpris, de la densité des événements qui indique que les trans et leurs allié·e·s sont partout en France. On était vraiment sur une démonstration globale plus que sur un coup de force centralisé, et qui réduit forcément les LGBT+ à la (trop) bien connue frange c’est un truc de parisiens.
La liste des villes dans l’ordre alphabétique :
Alès, Ajaccio, Amiens, Angers, Arles, Aubenas, Angoulême, Bayonne, Besançon, Bordeaux, Bourges, Brest, Bruxelles, Caen, Chambéry, Clermont-Ferrand, Dieppe, Dijon, Grenoble, Le Havre, La Rochelle, Le Mans, Lens, Lille, Lorient, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Nîmes, Niort, Orleans, Paris, Pau, Poitiers, Quimper, Rennes, Saint-Etienne, Saint-Denis de la Réunion, Saint-Quentin dans l’Aisne, Saint Omer, Strasbourg, Toulouse, Tours.
Des manifestations, ce dimanche, dans des grandes communes urbaines, mais aussi des moyennes et très carrément pas très grandes villes ont émaillé l’ensemble du pays, c’est chouette de constater cela. Même si ce n’est qu’un petit mouvement, à l’échelle sans doute d’une minorité aux alentours de 0,08% de la population (si prend la fourchette haute des 60 000 personnes trans1 en France que ce rapport évoque), c’est une visibilité salutaire pour lutter contre l’injuste opprobre actuelle2. Les 8 000 personnes à République à Paris c’est une visibilité dont on a besoin pour apparaître dans les médias et pour marquer les esprits. Mais ce dimanche à Quimper, j’ai ressenti à quel point c’était aussi important de marquer son territoire localement.
C’était un peu la croix et la bannière pour être au courant de ces manifestations, et j’étais vraiment motivé pour savoir ce qu’il se passait et où. Malgré tout je regrette que toute la famille LGBTQI+ et leurs alliés ne soit pas rassemblés pour un événement pareil. Alors que la Pride quimpéroise nous a clairement montré qu’on pouvait regrouper une vraie foule pour faire la fête, il le faudra aussi pour des occasions moins festives et plus revendicatives. Car ce sont bien nos frères, sœurs et adelphes qu’on vilipende en ce moment, et nous à travers eux, il ne faut pas l’oublier (les transphobes sont rarement gay-friendly).
A Quimper, c’était l’appel du CTEFS (Collectif Trans en Finistère Sud) que nous nous sommes rassemblés, en plein centre ville, devant la sublime cathédrale St Corentin à 18h. Les gens sont arrivés petit à petit, mais ça faisait un joli groupe d’un peu plus d’une centaine de personnes selon moi (300 selon les organisateurs, mais ils ont fumé ^^ ).
Les organisateurs et membres du collectif ont installé plusieurs bannières et banderoles, et après quelques minutes nous avons eu quelques discours militants, et très ouverts à tout ceux qui avaient leur mot à dire.
Les discours de militants comme cela sont parfois un peu lénifiants, mais là vraiment pas. J’ai adoré le ton et la teneur des messages qui étaient d’une logique implacable et structurés et circonstanciés, mais aussi du fond du cœur et porteurs de joie et de bonheur à venir malgré l’adversité, mais aussi politique et revendicatif, avec en filigrane une implacable raison de continuer à lutter pour plus de droits et de justice.
Les personnes qui ont témoigné ensuite étaient incroyables, et tellement différentes et riches d’expériences, de créativité, de volonté d’avancer ensemble et d’apporter autant leurs histoires, que leurs opinions et leurs émotions dans ce mouvement vers l’avant. Sans aucune concertation et spontanément, il y a eu des personnes d’âges différents (et une personne visiblement âgée à la fin pour rappeler contre l’âgisme et le validisme), de styles, d’expressions de genre et de personnalités très diverses, pour parler de soi, citer un passage marquant d’un bouquin ou d’un discours, pour enjoindre à la lutte pour les droits, pour exprimer sa peur de sortir dans la rue, ou pour partager son soutien à toustes.
Il s’est aussi passé le truc le plus inattendu qui soit pour moi. Je dois vraiment être un grand candide, mais vraiment je ne pouvais pas me douter qu’il se passerait quelque chose comme ça en 2024 dans le centre ville de Quimper.
Quand on est arrivé sur la place devant la cathédrale, j’ai remarqué que quelques personnes étaient dispersées mais avec un style un peu analogue, l’air renfrogné, tout en noir, et avec des masques ou des cache-nez autour du cou. Et quand le rassemblement s’est formé et que les discours allaient commencer, les gars en question se sont regroupés, et il étaient tous masqués en noir, comme le jeune homme ci-dessous.
J’ai été surpris que des antifas soient présents comme cela pour un rassemblement de si peu de personnes. Je ne voyais clairement pas pourquoi, pour casser des trucs ? Non c’est pas le genre sur une manifestation de ce type, et je voyais bien que les personnes du collectif interagissaient avec ces gens. Mais alors avec nous, contre nous ? C’était dans un coin de mon œil, mais ça me turlupinait.
Et j’ai compris… Et j’ai frémis. Ils sont arrivés en file par une rue qui descend sur la place. Je vois d’abord un type qui passe sur le côté des deux militants qui discouraient. Son look m’interpelle. Le mec est habillé en costard mais bizarre, on dirait qu’il sort d’une murder-party des années 40 !! Costume trois-pièces bleu pétrole, moustache à la Hercule Poirot, yeux bleus perçant, brun de geai, et un rictus tendu très flippant, les lèvres pincés dans un sourire narquois, la morgue aux lèvres.
Ils étaient en file et toute la troupe était analogue !! Un blondinet avec des bretelles qui sortait des 400 coups, une fille en robe blanche du dimanche extraite directement d’Alice au Pays des Merveilles, deux ou trois types en costumes tirés à quatre épingles, les cheveux gominés, et tous avec ce même air hautain, haineux et en même temps moqueur et goguenard.
D’un coup, les fachos obliquent vers les personnes en train de parler au micro, mais sans même que je m’en sois aperçu, les antifas s’étaient réorganisés, et avaient formé une ligne de trois ou quatre gars en noir pour les protéger. Les mecs c’était des shinobis de Konoha je vous jure ! ^^ Et il n’y a pas eu d’échauffourées, juste ces personnes du siècle dernier qui sont passées distiller leurs menaces et leur haine, avec une intimidation de gestapistes de fin de race qu’ils sont. Et figurez-vous qu’une seconde salve a enchaîné, avec encore des personnages dingues tels cette jeune femme tout en rouge avec un chapeau immense à la Lady Di, et un gars à la moustache cirée et pardessus qui appartenait clairement à un daguerréotype. Et c’est le même spectacle, et la même réponse de nos protecteurs spécialistes de la guérilla urbaine.
J’ai senti la situation s’envenimer pendant quelques secondes seulement, mais je pense que c’était seulement de l’intimidation de la part de ces olibrius adorateurs des temps anciens. En regardant les photos, de plus près on les voit bien installés en un groupe dense (on voit à droite le galurin rouge vif de Lady Di) avec ce type qui est le seul tourné vers nous et qui observe attentivement le déroulé du rassemblement.
Mais qui sont ces gens ? Franchement, quand on nous accuse de vivre sur une autre planète ou d’avoir des mœurs étranges, je m’interroge sérieusement sur ce qui peut pousser des jeunes gens à s’attifer comme cela. Comme si le bonheur c’était la France des années 40, même si le port de la chemise brune ne les dérangerait certainement pas ? Mein gott. Et ce qui était troublant, c’est que c’était des personnes super belles, vraiment des beaux gars et des jolies filles bien propres sur eux, avec des petites joues roses comme Heidi à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Les mêmes suppôts qui viennent à un rassemblent contre la transphobie pour semer le trouble, pour agresser des innocents et pour se repaître de minorités sans défense (alléluia pour les Shinobis de Konoha).
C’est aussi important de comprendre que même dans une ville comme Quimper on peut prendre des risques à manifester pour défendre les droits des personnes transgenres. On se pense tellement en dehors de ces comportements régressifs et totalitaire, alors qu’ils sont tapis dans l’ombre et n’hésitent pas à sortir quand ils sentent l’odeur du sang.
Donc plus que jamais, luttons pour nos droits, assumons et affirmons nos opinions et nos crédos. Cela commence toujours par les minorités, et nous en sommes tous et toutes à certains égards.
Cela paraît encore plus dingue qu’on casse les bonbons à des personnes qui sont si peu nombreuses et dont la seule espérance et motivation est de vivre en accord avec soi, et dotées des droits qui devraient naturellement leur permettre de vivre heureuses et épanouies. ↩︎
Il y a ce bouquin, mais aussi des tas d’accusations allant de la médicalisation des jeunes au prosélytisme et à une « mode contagieuse ». ↩︎
Trois semaines après avoir écrit à propos de transidentité, et voilà qu’on voit une crise majeure nous frapper à ce propos. Un bouquin dégueulasse a été écrit par deux TERFs1 et il professe des horreurs sur les trans et la transidentité. C’est un monceau de mensonges, de rumeurs débiles et de théories fumeuses dignes des documentaires de RMC Découvertes sur les Anciens Astronautes. Mais en réalité c’est aussi un ramassis de doctrines complotistes d’extrême-droite et pour preuve : on en voit la promotion active par Marion Maréchal et d’autres personnalités du même piètre acabit.
En plus de cela, c’est un déluge de reportages sur les chaînes et émissions de merde avec des interviews qui ont l’air de dater des années 70 lorsqu’on invitait des homos à s’exprimer. Ou c’est à peu près ce qu’on disait ou lisait lors du Mariage pour Tous il y a dix ans sur certains médias. C’est tellement choquant de voir un journaliste qui mégenre éhontément une femme trans, qui lui demande si elle est opérée ou pas, et qui mène sont interview avec un fiel évident et la morgue aux lèvres.
Et ce qui est horrible aussi, c’est que les personnes non informées sont surement influencées par ces reportages et entretiens bâclés. Les idées reçues, les préjugés et les discriminations n’ont pas fini de gangréner notre société. Vraiment c’est exactement comme il y a dix ans.
La plupart des personnes que je vous ai proposées de suivre évoquent cette shitstorm, et cela me rend tellement triste et en colère. On est vraiment dans des discours rétrogrades et totalement ignorants de personnes haineuses, et, encore un fois, contre la quête de bonheur de leur prochain, et qui ne touche en rien leurs propres libertés.
La solution est toujours la même, il faut continuer la lutte et le soutien à nos adelphes !!!
TERF ([tɛʁf[, également écrit terf), acronyme de Trans-exclusionary radical feminist (« Féministe radicale excluant les personnes trans » en anglais). ↩︎
Cela fait quelques années (mais pas plus de quatre, il me semble) que je vois le terme « adelphité » fleurir dans la communauté queer au sens large, mais surtout trans. C’est un terme épicène qui combine donc les notions de fraternité et de sororité (qu’on emploie aussi plus souvent depuis relativement peu de temps). J’ai tout de suite trouvé que c’était drôlement euphonique adelphité, et j’adore lire des personnes parler ainsi de leurs adelphes… Récemment, je m’interrogeai sur mon usage de certains termes et c’était curieux de constater que par exemple :
Ce qui m’épate, en passant, c’est qu’en 2005 je te mettais des “transsexuels” en veux-tu en voilà, c’est marrant comme je n’écrirais plus cela aujourd’hui. Et en réalité, si je regarde l’occurrence des mots-clefs de mon blog, j’ai utilisé ce terme jusqu’en 2008, après je parlais de “trans” tout court, et à partir de 2011 c’est le terme “transgenre” qui est uniquement usité (et c’est le terme correct encore aujourd’hui).
Donc je tenais à commencer à faire fleurir ici aussi pour ce printemps 2024 un si joli mot.
Cela pourrait paraître curieux de prime abord de se dire qu’on a juxtaposé et mélangé ces lettres : LGBTQIA+ (j’ai l’impression que c’est l’acronyme qui résiste ces dernières années) pour décrire les minorités sexuelles1. J’utilise moi-même souvent le terme queer comme un terme général pour englober tout ce qui sort de la norme qu’elle soit sexuelle ou même culturelle (j’aimais du fond de mon cœur l’appellation TorduEs, et la marche qui allait avec, c’était une belle traduction à la fois littérale et singulière, mais malheureusement elle n’a pas percé ^^ ). Mais en réalité, on mélange des orientations sexuelles et des identités de genre ou des cheminements dans ces deux « univers », certes connexes mais après tout disjoints.
Car on est plus aujourd’hui à se considérer sur le spectre de l’orientation sexuelle comme sur celui du genre, et même ces notions là me semblent en réalité de plus en plus illusoires, ou simplement un besoin assez trivial de mettre les gens dans des boîtes et de leur mettre des étiquettes. Et ce n’est pas que pour des trucs mauvais hein, les étiquettes ça permet aussi de savoir à qui on a affaire et comment mieux communiquer, faire le moins d’impairs et se montrer poli. Les pansexuels et les agenres dans la salle peuvent sourire narquoisement, d’accord, d’accord.
Ces spectres ont tout de même un intérêt pédagogique, et de redonner à chacun la liberté de sortir des limites perçues par son éducation et son environnement, et ça c’est tout de même très très cool (Kinsey avait bien commencé en 1948, avec selon moi le même pouvoir émancipateur sa fameuse échelle). Dès lors qu’on comprend les carcans dans lesquels on se trouve, on n’aspire très rapidement qu’à en sortir ou au moins à ressentir le grisement de ressentir ce nouveau souffle de liberté possible.
Là où ça se corse et je trouve cela merveilleux, c’est dans cette nouvelle norme qui consiste à ne pas savoir justement à qui on a affaire (et le quasi-boomer que je suis en souffre grave, mais j’y survivrai car je suis pas trop fragile dans le genre ^^ ). Mais comme la règle d’Or dans ce domaine, comme dans tous les autres, c’est la suivante. On devrait normalement vivre dans un monde bien meilleur.
Flash débat : la transidentité – Groland Le Zapoï du 09/12/2018 – CANAL+
En réalité, la raison pour laquelle on a accolé le T aux LGB, et pour laquelle ces spectres sont si intimes, est surtout très pratique et empirique. Beaucoup de trans dans leur cheminement de vie passent par la case homosexualité, ce qui doit être une première tentative de réponse à leur quête d’épanouissement. Ce sont donc totalement nos frères et sœurs (nos adelphes ^^ ) de lutte et nous partageons un destin commun, et bien sûr ils représentent une frange de la communauté encore plus discriminée. Parce que nous avons une histoire commune, et qu’on a souvent été potes au début, bah on ne va pas se lâcher comme ça. Et je suis heureux de constater que cette intersectionnalité là fonctionne un peu. (Même si la transphobie est présente chez les gays et lesbiennes, j’en pense la prévalence plus faible que dans la population générale.)
J’ai eu moi-même beaucoup de préjugés, et mon propre cheminement. Je me rappelle m’être demandé par exemple pourquoi les trans allaient vers tant de difficultés et de douleurs dans la société, plutôt que de se contenter d’être pédés ou lesbiennes. Et puis j’ai fait le (facile) rapprochement avec certains hétéros qui m’avaient dit exactement la même chose sur le fait d’être pédé2 dans les années 90. Hu hu hu. Et puis il m’a suffi de constater d’un peu plus près l’épanouissement de quelques trans (dans mon cercle à moi uniquement des femmes trans), notamment d’anciens pédéblogueurs, pour avoir une véritable épiphanie à ce sujet. Je me suis retrouvé quelque part avant et après mon propre coming-out. Ces personnes sont simplement devenues elles-mêmes, pas autrement que ce qu’elles avaient toujours été au plus profond d’elles.
Pour les deux auxquelles je pense, je dois réfléchir assez intensément pour retrouver leurs morinoms. Les mégenrages3 qui sont forcément des erreurs communes au début de transition (appeler elle en il, ou utiliser le prénom de naissance), et qui le reste un peu plus longtemps chez les proches (pour la famille notamment), est un truc qui m’échappe tant je trouve que l’on oublie purement l’ancienne personne (et sans aucun effort vraiment).
Il faut savoir qu’il y a une immense4 polémique en ce moment dans la communauté des contributeurs Wikipédia. En effet, s’oppose la volonté de ne pas indiquer les morinoms ou dead-names des personnes trans ou même d’évoquer leur transition puisque ce n’est pas forcément pertinent ou même en accord avec le désir de la personne, et celle de loguer ces événements qui sont autant détails biographiques d’une personne.
Les réseaux sociaux ont cette qualité (parmi beaucoup de défauts) de faire émerger des tas de gens très bien qui militent et informent via des contenus écrits, audios ou vidéos sur la transidentité. Et surtout, c’est pour moi une vraie petite fenêtre sur des coreligionnaires queers que je n’aurais jamais été amené à rencontrer ou connaître (notamment par des générations qui nous séparent aujourd’hui au vu de mon statut de vieillard cacochyme approchant dangereusement la cinquantaine). J’ai été fasciné comme beaucoup de gens par la non-binarité, qu’elle s’exprime sur le domaine sexuel ou du genre, ou même lorsqu’on considère les différents spectres autistiques sur lesquels on se trouve en tant que neuroatypique par exemple. Donc c’est clairement une tendance de fond assez importante, mais qui ne nie pas non plus la binarité, elle étend juste le champ des possibles, et reconnaît les nuances, la fluidité, le changement ou parfois simplement l’indécision5.
J’avais évoqué Brieuc dans le blog qui était un de ces non-binaires qui a publié des dizaines de vidéos géniales à ce sujet, et globalement sur la transidentité. J’ai appris mille choses grâce à cette précieuse personne. Il se trouve qu’elle a (de nouveau) transitionné depuis, et elle a malheureusement supprimé tout ce contenu (pour mettre de côté justement le morinom, l’apparence et tout ce qui se rapporte à un passé qui devient difficile dès lors qu’on est passé à autre chose j’imagine). Comme je la cite en tant que Brieuc, je ne vais pas moi-même faire le lien avec sa transition actuelle. Mais elle fait partie de ces merveilleuses personnalités qui depuis la transition irradie de bonheur et de bien-être. Et ça me rend juste tellement heureux de la voir ainsi !! ^^
Comme pas mal de personnes trans d’ailleurs, il est très drôle de constater, et elle en plaisante elle-même beaucoup, qu’elle est aujourd’hui assez binaire et revendique un schéma très classique où elle est « très meuf » et dans des relations tout à fait « hétéronormée ». Et c’est ce que j’aime dans ce qui peut paraître comme des choses nouvelles et qui pourraient faire peur ou être prises pour des positions politicardes visant à faire changer tout le monde. Ce n’est pas du tout le cas, il ne s’agit que d’ouvrir le champ des possibles, tout en respectant les comportements d’avant, c’est juste qu’ils ne sont plus la norme ou l’obligation.
Il y a en revanche une chose qui a tout changé, et qui est à la fois géniale et qui m’agace au plus haut point : le passing. Evidemment que c’est majeur et important d’être reconnu, pour des personnes binaires, dans son genre. Et les innovations extraordinaire en médecine, tant pour les hommes que pour les femmes, ont grandement amélioré la vie des personnes trans et leur intégration à la société, puisque « ça ne se voit plus ». Et dès lors qu’on ouvre cette boîte (de Pandore), on se frotte forcément à ce putain de privilège de la Beauté6 (qui m’insupporte). Et alors, on en vient à faire des différences et des jugements de valeurs dégueulasses. Il y a alors les bons trans et les mauvais etc. De la même manière que l’acceptation grandissante des gays dans la société est valable et validée pour ceux qui sont beaux, musclés et doués en décoration.
Mais d’un autre côté, ces ambassadeurs et ambassadrices ont un pouvoir extraordinaire et font bouger les lignes. Donc ça m’interpelle et me trouble… Et j’en suis moi-même une énorme victime influençable, alors que je m’émerveille de transitions qui aboutissent à des personnes belles en dedans comme en dehors (j’avoue que le passing a cet effet).
J’avais bien aimé en cela les deux séries TV avec un thème trans très poussé qu’étaient « Pose » et « Transparent ». Et étonnamment, là où la première se passe dans les années 80 et 90 à l’époque NYC, VIH et Ballroom, on avait des comédiennes trans qui étaient « trop » belles par rapport à une représentation historique qui se voudrait fidèle. Mais après tout, quel intérêt ? Et leurs physiques sublimes ont parfaitement servi l’intrigue… Pour la seconde, avec « Transparent », c’est le contraire puisque la série est contemporaine mais montre justement des trans « qui se voient » avec un côté plus naturaliste certes (surtout avec des trans plutôt âgées), mais qui fait justement l’impasse sur les personnes au passing plus abouti. Et encore une fois, ce qui est plutôt cool au final, c’est l’ensemble de ces représentations, et la diversité qui est présentée. Ce qui est cool aussi c’est enfin d’avoir ces représentations dans des séries, et qui arrivent à transcender ce sujet même de la transidentité.
Sur un sujet connexe, je me suis fait la même réflexion sur la mini-série gay du moment « Fellow travellers » où on a deux mecs homos qui vivent une histoire singulière entre les années 50 et 80. Les deux mecs sont Matt Bomer et Jonathan Bailey, et ils ne sont absolument pas crédibles en mecs pédés dans le placard des années 50, dans le sens où à cette époque les mecs n’avaient absolument pas des corps aussi secs, dessinés et musclés avec des abdos taillés à la serpe. Or, la série est aussi là pour montrer des magnifiques pédés aux corps parfaits comme on les célèbre aujourd’hui. Je trouve ça naze, et un manque criant de fidélité à une reconstitution historique. ^^
Bref, j’arrête avec ce privilège de la Beauté, mais il faudra que j’en fasse une tartine un de ces quatre.
Je voudrais à présent vous conseiller quelques comptes de référence qui vraiment sont des trésors actuels à propos de transidentité. Il y a d’abord Lexie7 qui est une fabuleuse pédagogue et passeuse de messages, mais qui est aussi truculente, bretteuse et en colère, et qui est aussi capable de nous chier à la gueule au passage. Je suis très très admiratif et fan, et je trouve qu’elle ne fait que s’améliorer avec le temps. Je vois aussi tout ce qu’elle subit sur les réseaux (comme pas mal de militants que je suis), et je n’en suis que plus adoratif de son travail et son opiniâtreté.
Après pas mal d’années d’invisibilisation, les hommes trans sont maintenant beaucoup plus sur le devant de la scène, et ça a changé pas mal de choses en positif (évidemment). J’ai été épaté aussi de constater que beaucoup de garçons trans sont gays, ce qui n’est que le résultat de ma facette de boomer. ^^ (Bah oui, je me dis t’es lesbienne, après tu deviens un mec, forcément t’es hétéro non ? Bah non. ^^ )
Et cette résurgence a aussi provoqué un autre truc drôle et troublant pour moi. C’est que l’on trouve donc à la fois femmes trans et des hommes trans dans le porno actuel. Eh bien je suis plutôt très sensible à des hommes trans pédés (sans organes génitaux masculins, je le précise car c’est dans ce cas et contexte précis important), et pas du tout à des femmes trans qui peuvent même avoir une bite (élément assez essentiel pourtant de ma sexualité). Cela m’a vraiment conforté dans mon identité d’indécrottable pédé, et pas tant que cela accroc à la bite. Bon passons !
En miroir de Lexie, et absolument indispensable, il faut suivre Morgan Noam. Il est passionnant et tout aussi pertinent et convaincant que sa collègue (ils font aussi des vidéos ensemble). C’est tellement génial de suivre ces personnes intelligentes et fines, et qui sincèrement me donnent un peu d’espoir en l’avenir de nos sociétés (ouai je suis déjà mort ^^ ).
Avec Lou Trotignon c’est moins sérieux, c’est même très drôle, mais en même temps les messages passent aussi, c’est juste que le médium est aussi singulier que génial. Ce mec trans non-binaire (c’est déjà un programme) est adorable, à mourir de rire et un comédien de stand-up qui présente des sketchs très drôles et absolument irrésistible sur la transidentité. Tout en finesse et en dérision, il arrive à bien faire passer ses messages, et je trouve que l’humour est un vecteur complémentaire parfait à un militantisme pur jus.
Enfin mon chouchou c’est clairement Léon Chappuis (ou Léon Salin) qui est déjà une publicité vivante pour la transition (il est vraiment canon ce con !!!8). Hu hu hu. Mais surtout il est absolument bisounours et adorable, et il a une tactique très nature et candide. C’est peut-être son côté suisse (romand) qui fait cela, mais lui son terrain c’est l’évidence des parcours trans, les témoignages positifs et vraiment la candeur des échanges. Cela donne des vidéos touchantes à mort qui m’ont fait chialé (ça fait du bien), et des échanges prosaïques qui sont des questions qu’on se pose. Le mec raconte par exemple dans une vidéo avec d’autres mecs trans qu’il lui est arrivé de draguer une meuf qu’il a un bon passing et que c’est cool mais qu’il faut bien qu’il explique à un moment « qu’il n’a pas de bite !!! » et ça le fait chier. Mais en même temps, la confrontations des témoignages est très intéressante, troublante parfois, toujours bienveillante, et démine justement tous les préjugés ou les sujets scabreux et délicats.
On y comprend aussi pourquoi de toute évidence certaines personnes trans préfèrent sortir avec des trans, ou l’impact de l’exotisation de leur transidentité pour certains ou certaines. J’ai adoré aussi les passages figurant Léon et sa petite amie, qui est elle bisexuelle convaincue et militante. On en finit par se dire que c’est peut-être cette bisexualité qui permet d’obtenir un tel équilibre harmonieux avec un mec trans ? Pourtant il est clairement pour moi un mec comme un autre, même selon moi beaucoup trop hétéronormé à mon goût (mouahahahaha). ^^
Bref, c’est super intéressant et je n’ai pas fini de découvrir des trucs, ce qui est toujours agréable et stimulant.
Mais là, où j’ai versé ma petite larme c’est que Léon a interviewé des parents de mecs trans. C’est très drôle car la vidéo des mamans et celle des papas sont différentes les unes des autres, et donc très binaires au final (hu hu), mais elles ont pour point commun de toucher droit au cœur, de revenir à des valeurs belles et simples d’amour (surtout), de respect, d’écoute et d’une ouverture qui finit par aussi donner en retour beaucoup de richesses à ces parents d’exception. Encore une fois, on y trouve une belle candeur, une profonde humanité, beaucoup d’humour et de décomplexion, et cela fait un bien fou.
C’est aussi un autre bon moyen de faire passer des messages, en revenant à des considérations assez essentielles et basiques. Et encore une fois très complémentaires des approches théoriques ou militantes, qui peuvent aussi un peu trop nous courir sur le haricot.
J’en ai fait une sacrée tartine de cet article, mais j’y tenais car ça compte pour moi.
Je déteste cette terminologie, mais c’est toujours celle qui paraît couramment usitée. ↩︎
Ils me conseillaient sérieusement de ne pas me prendre la tête, de simplement me conformer en mettant avec une femme pour faire plaisir à la société tout en évitant les risques, et de vivre une gentille vie sexuelle hypocrite et débridée en parallèle. ↩︎
Le fait de ne pas utiliser les bons pronoms pour interpeller une personne. ↩︎
Tout est relatif évidemment, c’est à l’aune d’une polémique sur les Internets par les gens des Internets. ↩︎
Il est parfois bon de rappeler que l’indécision est aussi une excellente option devant ce maelström de choix. ↩︎
Personne n’en parle de celui-ci alors qu’il est un des plus injuste et universel de notre monde : la beauté ouvre bien des portes, et c’est un privilège qui en intersection avec des ségrégations donnent des équations bien curieuses et alchimiques. ↩︎
Je l’ai connu incidemment à la téloche alors qu’elle participait à un débat sur France Info, et elle m’avait marqué par sa sagacité et sa rhétorique efficace. ↩︎
Oui je sais c’est un privilège et tout, mais laissez-moi faire ma midinette merde !!! ↩︎
J’ai connu Hedwig d’abord via l’adaptation en film de ce grand succès off-Broadway (de 1998) en 2001. Je me rappelle que c’était un certain événement à l’échelle du Marais parisien, et le cinéma était une véritable Gay Pride1 à l’UGC des Halles à ce moment là. J’ai eu le film en DVD quelques années après, et je l’ai regardé maintes et maintes fois depuis, donc je connais un peu toutes les chansons par cœur. Néanmoins le film reste assez méconnu du grand public, malgré également le succès relatif de Shortbus, du même John Cameron Mitchell (auteur et interprète d’origine de Hedwig) qui avait pas mal défrayé la chronique des pédés parisiens en 2006.
Hedwig est tellement un truc pour moi, qu’à l’occasion j’en avais même pondu un article dédié en 2005, et donc vous pouvez y lire un bon résumé du film comme de la pièce.
Ce qui m’épate, en passant, c’est qu’en 2005 je te mettais des « transsexuels » en veux-tu en voilà, c’est marrant comme je n’écrirais plus cela aujourd’hui. Et en réalité, si je regarde l’occurrence des mots-clefs de mon blog, j’ai utilisé ce terme jusqu’en 2008, après je parlais de « trans » tout court, et à partir de 2011 c’est le terme « transgenre » qui est uniquement usité (et c’est le terme correct encore aujourd’hui). On retrouve le terme « transgenre » malgré cela dès 2005 dans un article de libé cité par le sociologue Coulmont qui évoque « l’interdiction judiciaire du mariage entre une transsexuelle et un transgenre« . Et donc la nuance est apportée dans le détail puisque la personne dénommée « transsexuelle » a en réalité mené sa transition jusqu’à un changement d’état civil et une réassignation, tandis que l’autre personne est appelée « transgenre » car ayant transitionné sans changement officiel d’état civil. C’était appelé une provocation à l’époque. Purée, les bigots !! Je pense qu’on s’en branle tellement la nouille aujourd’hui de ces questions, et c’est d’ailleurs en quoi le mariage pour tous portait bien son nom (simple et efficace).
Bref, ce spectacle extraordinaire, et qui est un truc fondateur et culte pour moi, dont on apprend que le droits de représentation en public sont libres depuis peu, bénéficie d’une toute nouvelle production au Café de la Danse à Paris. Je ne connaissais que le film, mais j’ai vite compris la forme curieuse de cette œuvre qui oscille vraiment entre performance théâtrale et musicale. Le lieu est une unique scène, et c’est une belle mise en abîme car c’est VRAIMENT la scène du Café de la Danse où Hedwig est en concert, alors que lorsqu’on ouvre la porte au fond on entend le concert dingue sur toute la Bastille de son amant et Némésis Tommy Gnosis. Et donc le concert, comme n’importe quel concert, consiste bien en des chansons entrecoupées par des histoires racontées par Hedwig. Comme dans un concert classique, la star parle un peu de sa vie, de ce que ses chansons illustrent, et ainsi on reconstitue le fil entier de l’histoire.
Tout commence à Berlin en 1961, avec la mère de Hedwig (alors Hansel) qui les embarque à l’est. On revit son enfance, puis sa rencontre avec un soldat américain qui souhaite l’épouser (pour lui permettre de fuir la RDA) et qui, pour que cela soit possible, lui fait faire une opération de réassignation sexuelle qui tourne mal. Et c’est ainsi qu’il obtient son « angry inch », fruit d’une opération ratée, et avec laquelle il tente de trouver une voie et un certain sens à sa vie et son identité brouillée. Et tout cela, quelques mois avant la chute du mur de Berlin, ce qui ajoute encore à la cruelle ironie de l’anecdote bien sûr.
Là où Hedwig est fabuleuse, et c’est ce qui m’avait tant marqué il y a presque 25 ans, c’est que c’est une personne terriblement mauvaise et vénéneuse, vraiment l’anti-héros par excellence. Je me rappelle à l’époque d’ailleurs des critiques qui pestaient contre une certaine transphobie, avec une approche aussi biologique de la transition et ce choix d’un personnage aussi négatif et en souffrance. Mais les années sont passées, et je pense qu’aujourd’hui cela passe mieux avec un regard rétrospectif, et parce que l’on a, alléluia, accès à des représentations qui nous ont enfin sorti des images de serial killer tordus.
Moi j’ai toujours trouvé qu’Hedwig transcendait cela avec son histoire singulière, et qui pour moi représentait à la fin du film une héroïne à laquelle, au contraire, je m’identifiais parfaitement (et qui m’a beaucoup apporté). Mais je peux comprendre bien sûr que cela ait pu encore ajouter à l’imaginaire « weird » de la transidentité de l’époque.
Hedwig est brillemment interprété au Café de la Danse par Brice Hillairet, et sa performance est tout bonnement hors-norme. Vraiment j’ai été subjugué par son talent, et par la manière dont il incarne ce rôle avec une justesse et une troublante authenticité. Il fait vraiment un grand honneur à John Cameron Mitchell, et est autant talentueux sur le plan vocal que le jeu ou la chorégraphie. On le suit surtout dans sa narration et toutes les émotions par lesquelles il passe du début à la fin. Et il emporte vraiment tout sur son passage, avec une énergie queer du désespoir et un panache de rockstar qui dépasse l’entendement. Les perruques, costumes et maquillages sont très proches de l’imagerie du film, et vraiment c’est une production tout à fait bien troussée.
Son côté méchant est en plus assez grinçant et fonctionne assez bien pour une scène parisienne (selon moi). Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette vidéo de Jennifer Coolidge qui tourne aujourd’hui et à laquelle je ne peux que souscrire.
Le passage au français passe étonnamment très bien, sans doute aussi avec l’accent allemand d’Hedwig (qu’on a aussi dans la VO, et il explique bien qu’il suite la tournée de Tommy Gnosis en France), avec les chansons qui sont sous-titrées pour qu’on puisse bien suivre ce qui est raconté. On retrouve aussi certaines illustrations vidéo qui font penser à certaines scènes du film, et qui permettent d’enrichir le dispositif scénique. Car on est dans un truc assez dépouillé au final (une scène de concert un peu minable mais irrémédiablement rock et punk), mais on n’a vraiment pas besoin de plus.
Car on est vraiment dans une toute petite salle, et l’histoire devient encore plus crédible, on se retrouve à la vivre même si la chronologie n’est pas la bonne. Et en plus d’un brillant Brice Hillairet, Anthéa Chauvière, qui joue Yitzhak2, est très très bonne. Et les musiciens qui accompagnent ne sont pas en reste, ils ont une présence scénique remarquable en plus d’être de très bons instrumentistes.
Ce n’est pas compliqué, il s’agit d’un spectacle absolument remarquable qu’il faut urgemment aller voir !!! Vous ne serez pas déçu, c’est un show total et troublant, qui déploie une puissance à la fois rock, punk et poétique, résolument queer et qui ne ressemble à rien d’autre.
Il y a deux jours, un copain nous envoie cette info : une toute nouvelle initiative d’une Marche des Fiertés dans la région nantaise, mais dédiée au « Vignoble Nantais » et ses patelins. C’était à Clisson qui est une jolie ville du 44 avec un chouette patrimoine historique, mais qui est surtout connue pour abriter le Hell Fest bien sûr. Là on part sur une autre ambiance, et j’imagine bien ce qui devait trotter dans la tête de certaines personnes vues aujourd’hui sur le parcours (Mouahahahaha !).
On est arrivé assez en avance, et on a fait le petit tour classique de la ville qui est vraiment toute mignonne. On est dans une ambiance assez curieuse à Clisson, et elle est connue pour cela, c’est qu’on pourrait presque se croire en Toscane, et alors pas du tout en Bretagne (la ville faisait partie du Duché de Bretagne). La Sèvres Nantaise passe dans le centre-ville avec un pont en pierres absolument pittoresque qui permet de la traverser. Et entre la vue des maisons au bord de la rivière, la forteresse en hauteur absolument gigantesque (même si ruinée) et l’église Notre Dame de Clisson (trèèèèès italienne dans l’architecture), on est dans un décor vraiment cool.
Le rassemblement s’est fait à 16h30 devant la gare SNCF de Clisson, et on a vu peu à peu des drapeaux LGBT divers et variés converger sur le parvis. Finalement, il me semble que ce sont près de 200 personnes qui se sont ainsi retrouvées pour cette première marche des fiertés.
Le parcours était finalement assez ambitieux, et on a marché pendant près d’une heure. Et comme souvent, j’ai beaucoup aimé et remarqué les pancartes des manifestant·e·s, il y avait de belles trouvailles. ^^
Et globalement c’était très fun, ce n’était pas aussi fou et surprenant que celle de Quimper, mais c’était une chouette initiative que je suis content d’avoir accompagné de ma présence. Le seul char présent diffusait de la musique et ce n’était pas vraiment suffisant pour animer l’ensemble de la marche, mais il faut un début à tout. C’était une miniature de camion avec une baffle, et l’image était vraiment drôle en elle-même.
C’est vraiment drôle cette subdivision des marches, et cette appropriation des luttes LGBT dans des zones de plus en plus diffuses. Je revois bien les tronches de certaines personnes de Clisson qui étaient un peu choquées ou en tout cas gênées par la marche. C’est une bonne raison en soi de faire cette manifestation en réalité ! Je me dis toujours que la Pride parisienne faisait dire aux gens en province « oh mais c’est juste à Paris ces gens-là »… Et puis « oh les homos, c’est un truc de grande ville… ». Mais on en est à des villes moyennes avec un maillage en France incroyablement fin, et là on attaque carrément la ruralité. C’est vraiment la qualité première pour moi de toutes ces nouvelles marches, c’est une visibilité absolument utile et nécessaire pour que les LGBT puissent se sentir bien dans leurs baskets où que ce soit.
On est venu passé le week-end à Clohars, et on avait prévu de longue date de tester cette Marche des Fiertés quimpéroise dont c’est la seconde édition. C’est vraiment très cool que les Prides se développent comme cela dans de plus petites villes, et qu’elles permettent une visibilité plus locale ainsi qu’une vraie opportunité de toucher plus de gens et d’en rassurer aussi d’autres au plus proche de leurs racines. Et puis c’est marrant quand on défriche comme cela des terra incognita. ^^
Sébastien Lifshitz est vraiment un sacré bon documentariste, et il le prouve d’autant plus avec ce film. Il m’avait déjà complètement conquis avec les Invisibles, à propos de personnes âgées gaies et lesbiennes, ou le docu extraordinaire consacré à Thérèse Clerc (Les vies de Thérèse, vraiment à voir !!), et il continue avec celui-ci encore voué à des figures LGBT des générations passées. Mais cette fois-ci, c’est aux USA, et il nous raconte ce qu’était la Casa Susanna.
C’était une très belle Marche de Fiertés nantaise, un peu à l’image de l’année dernière, avec des tas de gens de tous les âges, les styles et les revendications. Des drapeaux dans tous les sens, de la musique, des pancartes et des invertis de toutes les sortes. Hu hu hu.
Au début, j’ai commencé à écrire un truc vers le 17 mai pour cette journée mondiale contre les LGBTphobies, mais qui célèbre aussi cette année les 10 ans du mariage pour tous. Bon c’est chouette tout ça hein, mais j’ai commencé à écrire et ça ressemblait carrément à autre chose. Alors comme d’habitude dans ce cas là, je m’arrête en cours. Je note l’idée, et j’attends que ça passe. J’attends juste pour voir comment évoluent mes idées, et ne pas me mettre forcément dans l’obligation de parler de l’actualité de manière synchrone.