Paquebots 1913-1942 (Une esthétique transatlantique) au musée d’Arts de Nantes

Après les trains, voilà que le musée d’Arts de Nantes présente une super expo sur les paquebots. Et vraiment c’est encore super réussi, et tout autant intéressant que bien fichu. La thématique est vraiment cool, et c’est particulièrement ce que j’aime, avec une claire inspiration Art déco dans les créations de cette (Belle) époque, des éléments de design et d’ingénierie, mais aussi les évolutions dans les modes de transport comme les modes de vie, ainsi que des œuvres (notamment picturales) plus formelles inspirées par ces navires.

Il y a beaucoup de choses autour de la construction du Normandie qui est sans doute l’image d’Épinal du paquebot pour tous les français. Et comme il y a une forte contribution des fonds des chantiers de St Nazaire, on a des tas de photos géniales de l’époque de la construction. On a aussi beaucoup de témoignages de tout ce qui avait été créé pour le bateau comme la vaisselle, l’argenterie, les mobiliers ou même les éléments de décor (notamment en verre ou des laques superbes). Après, j’ai trouvé que cette section était un peu limitée, et aurait bénéficier d’un peu plus de pièces. Mais on a aussi des exemples de « transats » (les chaises longues pliantes qu’on trouvait sur les bastingages des croisières) dont je n’imaginais pas que cela venait justement de transatlantique !!

Il y a toute une série de peintures de l’époque que j’aime beaucoup, et qui s’inspirent à la fois de l’ingénierie, des techniques et de la représentation de la modernité, mais également de l’art abstrait qui s’était bien imposé depuis pas mal d’années. On a notamment bien flashé sur cette peinture de Victor Servranckx.

Il y a aussi des propositions de design sublimes que ce soit dans les affiches de réclame sur les croisières en paquebots, mais aussi par exemple avec cette brochure pour les cabines de première dont j’adore la modernité encore actuelle (design « flat » et au suprématisme incroyable avec juste ces aplats de couleurs).

Dans la chapelle, on peut voir un film et une maquette d’un bateau qui composent une œuvre de Hans Op de Beeck qui a un certain charme, mais qui n’est pas non plus un truc complètement fou-fou.

La scénographie et la muséographie sont excellentes comme toujours, et la complémentarité des œuvres et du parcours en font une exposition super agréable et fluide. Les collections de photos sont super impressionnantes, et c’est toujours troublant pour moi de voir notamment toutes ces photos qui ont plus de cent ans maintenant, et qui montrent des gens qui sont morts et enterrés depuis longtemps, mais dont les attitudes ont l’air tellement similaires à celles qu’on pourrait avoir aujourd’hui.

J’aime bien ces expositions à la croisée des chemins et qui explorent les liens entre plein d’arts différents. Et il n’y a pas à dire, en termes de design c’était vraiment ma came cette époque !!!

Suzanne Valadon, un monde à soi (Musée d’Arts de Nantes)

Suzanne Valadon c’était bien un de ces noms que je connaissais vaguement, plutôt comme une peintre de cette époque (postimpressionniste) mais sans trop de détails, sinon quand j’ai vu ce tableau qui m’a rappelé son talent, et que cette peinture m’était familière !! (Je le trouve juste incroyable, il s’agit de Joie de vivre – 1911.) Mais elle a été longtemps surtout connue et citée comme la mère du peintre Maurice Utrillo et la compagne de André Utter (aussi peintre).

Cette exposition est absolument remarquable (mais pour le moment je n’ai pas été déçu par les expos du Musée d’Arts de Nantes), et elle permet de se concentrer sur l’œuvre et la vie de Suzanne Valadon. On n’échappe évidemment pas à ses accointances avec les « hommes de sa vie », mais c’est vraiment l’occasion d’avoir son prisme à elle qui est mis en exergue, et le travail muséographique est vraiment très efficace et intéressant à ce niveau.

Il est déjà assez original d’avoir une femme artiste à cette époque, mais encore plus quand on a l’opportunité de la voir dans beaucoup des toiles de ses contemporains puisqu’elle a été modèle alors qu’elle était encore adolescente. Et sa vie étant aussi passionnante que son parcours artistique, c’est génial de suivre les deux en parallèle en entremêlés. On la voit donc dans plein de peintures, alors qu’elle posait nue et qu’elle était indéniablement une très belle femme de son époque (et reconnue comme telle). C’est aussi l’époque de l’explosion de la photographie, et j’ai été étonné du nombre important de clichés qui la représentent.

Mais donc il est très cool d’être ainsi sensibilisé à sa pratique artistique, et clairement ce qui (me) marque le plus c’est son appétence à peindre des nus féminins, mais sans ce regard masculin1 que l’on ne connaît que trop bien. Il y a une différence assez incroyable avec les « odalisques » de Suzanne Valadon, et les peintures de femmes nues de la même époque. Cela fait du bien de voir ça, et d’avoir toutes les explications afférentes à cela aussi.

Et clairement son existence permet un name-dropping d’un sacré niveau quand on voit qu’elle était en couple avec Erik Satie, bonne copine de Lautrec, amie intime de Degas, proche collègue de Derain, Picasso ou Braque… Donc toute l’exposition permet aussi de plonger dans toutes ces influences qui décrivent une bonne partie de l’évolution artistique postimpressionniste et en (bonne) voie vers l’abstraction.

Je ne peux que conseiller cette visite. ^^

  1. C’est ce male gaze bien connu, mais tellement répandu qu’on ne le voit plus. ↩︎

Hyper sensible au Musée d’Arts de Nantes

C’est l’exposition parfaite en complètement de celle de Ron Mueck à la Fondation Cartier d’il y a quelques semaines. Mais cette exposition là propose une scénographie très efficace et un parcours pédagogique vraiment excellent. C’est un fabuleux tour d’horizon du genre, et on apprend exactement ce qu’est la sculpture hyperréaliste, et ses artistes majeurs avec des œuvres qui couvrent tous les genres et les époques.

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