La philosophie du tardigrade

Encore un rentrage à pied du boulot surtout pour profiter un peu du beau soleil de la journée, passée derrière un bureau. Je ne me lasse pas du jardin des plantes et de l’explosion actuelle de fleurs et de feuilles vert-tendre. Il ne restait que quelques rayons de soleil avant que tout ne soit plongé dans l’ombre nocturne.

La cathédrale était encore magnifiquement éclairée, avec un beau contraste sur le ciel bleu azure.

Et juste en passant vers le musée Dobrée (on habite à quelques dizaines de mètres en contrebas), le soleil était juste dans l’alignement de cette allée pavée que j’empreinte pour traverser le domaine. Bah c’était cool. ^^

Et sinon, j’aime aussi beaucoup les tardigrades, et encore plus après ça. Hu hu hu.

Vendre-die

Je suis rentré du boulot à pinces pour profiter de la douceur printanière et surtout : ses fucking allergies de sa mère sa race. Mouahahaha. Mais c’était tout de même agréable avec toutes ces fleurs dans les arbres et sur les parterres. Le cours Cambronne était chouette aussi avec plein de gens sur les bancs et qui profitaient de la fin de journée.

Je me suis arrêté quelques minutes dans le bout de parc du musée Dobrée, juste pour regarder les gens passer et flâner avant de rentrer à la maison.

Je me suis jeté sur le lit en arrivant à la maison. Mais j’ai rapidement été rejoint par le reste de la maisonnée. Hu hu hu.

Et quand j’ai passé un peu trop de temps sur mon portable à regarder des stories

Evidemment. ^^

Et voilà, vendredi 18h52, mort.

Aristote et Phyllis

J’ai complètement oublié de parler de ce truc en bronze du musée Dobrée. Curieusement disposé entre des bondieuseries médiévales et le cœur d’Anne de Bretagne, il s’agit d’un aquamanile, autrement dit une petite réserve d’eau (et là en métal donc, avec un piti robinet tout mignon) pour se nettoyer les mains. Ils sont utiles dans un contexte religieux ou profane, mais là j’ose espérer qu’on est dans le profane. Hu hu hu.

Ce qui nous a surpris c’est quand on s’est rapproché pour comprendre le pourquoi du comment, et qu’on a découvert qu’il s’agissait d’une représentation d’Aristote et Phyllis. Il n’y avait pas plus d’information, donc nous en sommes restés là. Mais ça me turlupinait, donc j’ai gouglé le machin pour comprendre d’où venait cette histoire du philosophe Aristote qui joue au cheval pour une gente dame. Et nous voilà sur un nouveau vortex passionnant et vertigineux !!! Le lai d’Aristote !

Ce poème raconte comment Aristote faisait la leçon à Alexandre le Grand (qui était son célèbre disciple) parce qu’il s’était trop amouraché d’une femme indienne. Cette dernière pour jouer un tour au philosophe vient le voir en mode femme fatale, et il n’en fallait pas plus pour que Môssieur Aristote accepte de se prêter à ce petit jeu érotique équestre. La jeune femme humilie le philosophe devant Alexandre, et la conclusion c’est que Amour vainc tot, & tot vaincra / tant com li monde durera. Bref, Eros est très fort, et on peut tous être son jouet.

Déjà c’est marrant car beaucoup d’autres langues ont retenu le nom de la dame comme étant Phyllis, mais elle n’est en effet mentionnée dans le lai que comme une indienne. Et surtout on lit dans l’article, qu’il s’agirait d’une vieille histoire plutôt moyen-orientale qui a été adaptée à nos contrées, et dont on trouve les plus anciennes traces au 13ème siècle.

C’est très drôle aussi de voir les différentes avec la version allemande de cette même histoire, surtout quand on apprend l’origine du manuscrit : Des manuscrits du XIIIe siècle – dont le plus ancien du tout début du siècle, qui avait servi en 1695 à colmater les fuites des tuyaux de l’orgue du couvent de Benediktbeuren et ne fut retrouvé qu’en 1964-1965 lors de la restauration de l’instrument – utilisent également le thème mais avec des différences notables.

L’article, et plusieurs autres références sur les Internets, fait comprendre que cette thématique était très très populaire au moyen-âge, et il y a clairement une fixette sur cette « domination » féminine qui a dû faire couler de l’encre et faire s’échauffer les chantres de la masculinité toxique de toutes les époques. Mais pour qu’on trouve des exemplaires multiples de cet objet (sur Wikipédia c’est une pièce du MET), c’est que c’était sans doute de la grande série, et une représentation très commune. Mais pourquoiiiiii ?

Alors moi je dis : verra-t-on des moulins à poivre en forme de bite à Griveaux !! Non vous ne croyez pas que ça passera à la postérité1 ?? ^^

*Edit du 15/01/2025 :*

Suite au commentaire de Baptiste, ci-dessous, qui évoque la présence de l’objet dans une exposition actuellement au Louvre sur les « Figures du Fou », on peut en effet voir une mention avec des explications sur notre aquamanile en page 13. Quelle drôle de synchronicité !! ^^

  1. Franchement, il mériterait. ^^ ↩︎

Musée Dobrée de Nantes

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer le musée parce que, par le plus grand des hasards, nous habitons à deux minutes à pied de ce magnifique endroit. Et donc je passe devant très couramment. Mais il était déjà en travaux depuis quelques années quand nous avons déménagé à Nantes, et il a réouvert en milieu d’année dernière. Je l’avais déjà visité avec l’ado nantais dont je vous ai déjà parlé, mais là j’y suis retourné avec le mari pour lui montrer aussi le lieu.

Et comme on avait vu la promotion pour l’ouverture du cabinet d’Arts graphiques avec l’exposition de plusieurs estampes d’Albrecht Dürer, on s’est dit que ça devait valoir le coup d’œil.

Le musée en lui-même se compose de plusieurs bâtiments, mais on visite surtout le Palais de 1898 qui renferme toutes les collections de Thomas Dobrée, et les différents legs successifs, qui en font le musée que l’on voit et visite aujourd’hui. Il y a en face le Manoir de la Touche qui abritera les expositions temporaires, et qui date du 15ème. Le duc de Bretagne Jean V y est décédé en 1442. Tout l’endroit a été parfaitement rénové, et c’est une sacrée réussite, autant pour les jardins que les différents bâtiments.

C’est assez difficile de décrire ce que le musée présente puisque c’est vraiment basé sur des collections privées. Mais cela fonctionne bien car il y a un fond assez important pour avoir une sorte de démarche à la fois chronologique et thématique. Mais en réalité, on a vite l’impression de visiter des dizaines de cabinets de curiosités qui vous invitent à passer d’un monde à l’autre, d’une civilisation à l’autre, en brossant des époques, des pratiques artistiques ou des accumulations d’objets diverses et variées, comme autant de trésors et témoignages. Et vraiment il y a à boire et à manger !!

On va donc trouver au sous-sol toute la partie archéologique et préhistorique, mais aussi antique de la région. Et tout est très bien présenté, contextualisé et illustré. Cela permet de découvrir le riche patrimoine nantais et local en la matière, et c’est toujours drôle de voir des bouts de dieux romains appartenant à des temples qui étaient consacrés en plein Condevincum (le nom de Nantes à l’époque gallo-romaine). Il y a aussi cette stèle géniale qui est la tombe d’Argiotalus qui est mort dans les années 30 à Worms en Allemagne (c’est un moulage de la stèle en question qui est en Allemagne).

Aux étages supérieurs, on a ce mélange avec une progression chronologique mais aussi des pièces plus thématiques. Mais on retrouve d’abord beaucoup d’éléments médiévaux et religieux d’une grande valeur. Et toujours un très bon parcours muséographique avec toutes les explications qu’il faut. On est vraiment sur un travail muséologique moderne avec des excellents supports pédagogiques, mais pas trop non plus. C’est à dire qu’on peut flâner et profiter des pièces, avoir deux trois repères historiques ou artistiques, et puis les cartels vont détailler les chronologies ou mettre l’accent sur tel ou tel événement ou pratique. Il n’y a pas trop à lire de prime abord, mais on a mille manière de creuser ou d’aller plus loin si l’envie nous en prend.

J’ai flashé sur ce reliquaire magnifique avec ses incroyables émaux.

Mais bien sûr, un des fleurons du musée c’est l’écrin du cœur d’Anne de Bretagne, si on devait encore apporter la preuve de la bretonnitude des nantais… Hu hu hu. ^^

Le cabinet d’Arts graphique n’est pas très loin, et on a pu profiter du premier accrochage d’une série d’estampes de Dürer. Sachant que les conditions de conservation font qu’on ne pourra les voir que pendant trois mois, il y aura une autre série en alternance dans quelques temps. Albrecht Dürer est LE grand maître de la gravure, et il faut avouer qu’il savait bien manier son burin le bougre !! ^^ Les détails des gravures ou eaux-fortes sont extraordinaires, et j’ai aimé comme chaque cartel indiquait qu’il s’agissait d’un thème obscur, d’une allégorie énigmatique, d’une inspiration mystérieuse etc. Bref, personne ne sait bien ce qu’il avait dans la tête, et je trouve ça vachement chouette.

Après le musée propose vraiment de tout comme je l’évoquais. On va trouver du mobilier de cabinet de curiosités, comme des collections d’armures et de casques, des pièces en verre Art Nouveau très contemporaine de Dobrée, ou encore des tas de petites collections d’objets à découvrir. J’aime beaucoup aussi toutes les pièces qui sont sous des caches qu’il faut soulever pour découvrir plein de petites choses secrètes. On a ainsi des bijoux de la famille Dobrée, des camées, des portraits miniatures, des éventails etc. J’adore cette manière d’apporter une découverte similaire à celle d’ouvrir un mini tiroir d’un cabinet de curiosités justement.

Tout en haut du musée, sous les toits, on a une partie que j’aime beaucoup avec carrément un tour du monde et des civilisations. Evidemment ce ne sont que quelques pièces parfois (ça dépend vraiment de ce qui a été collectionné…), mais elles renforcent encore le côté ultra global et « panculturel » de l’endroit. On a droit à quelques éléments d’Egypte ou de Grèce antique qui permet un regard très sympa si on n’a pas l’occasion d’aller au Louvre, dont ce sarcophage félin en bois avec ses vases canopes en albâtre à têtes de divinités égyptiennes.

Et puis ce sont des vitrines qui montrent quelques éléments du monde entier, et permettent de brosser des continents entiers avec la vision de l’époque « Compagnie des Indes ».

J’adore ce dernier élément qui est une pièce japonaise : un poids de ceinture de kimono. C’est exactement le genre de détail qu’il faut apprécier dans ce gigantesque cabinet de curiosités au milliers de possibilités, de rencontres improbables et inopinées, et qui permet le temps d’une visite d’abstraire l’espace et le temps.