Hanami 花見 à la nantaise (insularoversaillaise même)

J’ai vraiment du mal à écrire en ce moment, et ce n’est pas tant que j’ai la goutte à l’imaginative1 mais simplement que l’actualité me déprime à un point… Alors je pense à écrire un truc, et puis je trouve ça tellement futile, mais bon je vais persévérer. ^^

Ce midi, avec ce beau temps, je me suis éclipsé vers l’Île de Versailles où je voulais profiter de la floraison des cerisiers. Et c’était absolument idéal car le soleil était au rendez-vous, mais surtout les cerisiers étaient en mode pluie de pétales, vraiment à la japonaise pendant l’hanami. J’ai passé quelques délicieuses minutes à me promener tout seul dans ce lieu paradisiaque qui l’est encore plus avec ces pétales roses virevoltant.

Je commence à avoir une belle collection d’images de ce jardin dans toutes les configurations, saisons ou météos. ^^

  1. Cette expression de Cyrano (de Roxane d’ailleurs) m’est vraiment restée depuis que je suis adolescent, j’adore cette image. ↩︎

Le héron du jardin des plantes

Le jardin des plantes de Nantes est juste en face de la gare, donc c’est assez facile pour moi d’y passer le nez entre midi et deux. Et là, en allant me chercher de quoi casser la croûte, je n’ai pas résisté à prendre quelques photos avec ce beau soleil. On sent bien que le printemps est là, même si l’hiver a encore ses marques sur la nature. J’aime bien ces moments de transition subtile…

On a déjà quelques cerisiers ou pruniers en fleurs, c’est la fin des camélias et le début des magnolias.

C’était aussi l’heure du casse-croûte pour le héron du jardin que j’ai surpris en pleine préparation patiente, puis micro-vol en piqué sur un poisson qui a fini directement dans son gosier.

(Je ne fais pas de grands posts en ce moment, et vous constatez peut-être des lenteurs ou des moments d’indisponibilité. J’ai des tas de problèmes avec mon hébergeur, et ils ont enfin trouvé la problématique avec des réparations en cours sur mon serveur. Comme le blog plante très fréquemment, je ne passe pas trop de temps ici en ce moment. Mais à priori, cela devrait être réglé d’ici peu.)

La falaise des lendemains (Tornaod an antronoz)

Moi qui suis plutôt un habitué des opéras « bel canto » du 19ème , j’aime bien goûter les productions actuelles et voir la manière dont elles peuvent s’emparer de ce genre sans le trahir, mais en le renouvelant bien sûr. Et j’ai souvent été déçu avec des trucs un peu trop comédie musicale (que j’aime aussi), ou carrément abscons ou trop abstraits à mon goût, allant trop loin dans la déstructuration de la narration, ou encore rendu ridicule par l’emphase que l’opéra apporte naturellement et qu’il faut savoir savamment doser.

Eh bien là, je n’ai pas été déçu, tout au contraire. Même si ce n’est pas le spectacle de l’année, ce « Jazz Diskan Opéra », tel qu’il est sous-titré sur les affiches et programmes, est une réussite à bien des égards. Non seulement on a une vraie histoire d’opéra, une dimension théâtrale à la hauteur de son sujet, mais aussi une composante musicale et vocale à la fois intéressante, cohérente et innovante. Les trois mots sont singuliers ainsi rapprochés car l’opéra rencontre bel et bien le jazz, ce qui en soit est inattendu, mais le « diskan » ajoute encore à ce trio en oxymore. On peut mieux comprendre ce dernier mot breton signifiant « contre-chant » en lisant la page du Kan ha diskan. Et bien sûr le titre même de l’opéra étant bilingue français et breton, on est dans une œuvre manifestement syncrétique ! Elle est même d’ailleurs, et très naturellement de par sa narration, présentée avec trois langues : breton, français et anglais (donc surtitrage obligatoire pour suivre !).

La composition et orchestration de Jean-Marie Machado, avec une direction musicale de Jean-Charles Richard, est vraiment très chouette, avec une tonalité jazz très efficace et envoutante, et des accents bretonnants qui ne dissonent étonnamment pas. On a aussi très concrètement une grande porosité entre l’action, le chant et la musique, puisque les musiciens sont littéralement sur la scène, comme on peut le voir ci-dessous.

Les décors ne changeront donc pas, à part quelques accessoires qui sont déplacés pour situer certaines scènes. On est à Roscoff avant la première guerre mondiale (1914), puis pendant, et enfin après. Quelques filets de pêche marquent le territoire, et un bastingage surélevé en demi-cercle représentera les quais du port, où l’action se déroule en majorité, avec en haut à gauche sur des échafaudages en hauteur la fameuse « falaise des lendemains ».

Nous sommes à Roscoff donc, et un (jeune et beau) marionnettiste de Guernesey présente un spectacle au port. Une (jeune et belle) infirmière, Lisbeth (Yete Quieroz), qui échappe aux griffes du mafieux et maquereau local, Dragon (Florian graou Bisbrouck), qui est amouraché d’elle. Lisbeth va en revanche immédiatement succomber, et réciproquement, aux charmes du marionnettiste anglais. Ils décident de se donner rendez-vous plus tard, la nuit, en haut de la falaise. Mais cela vient aux oreilles de Dragon qui s’y rend en avance. Il défigure, brise les mains, et laisse pour mort le pauvre marionnettiste qui attend sa belle. Ensuite, il attend Lisbeth et tente de la violer, avant de la pousser dans le vide.

Yeaaaah !! Ça c’est de l’opéra bébé !!! Et attendez ce n’est pas tout. Le marionnettiste est ramené à Guernesey où il est inconscient puis amnésique, en plus d’une véritable « gueule cassée », on lui raconte alors qu’il a été écrasé par un cheval fou. Lisbeth survit miraculeusement, mais est paraplégique. Survient la guerre et ses difficultés supplémentaires, après la guerre Lisbeth, en fauteuil roulant, s’occupe des gueules cassées. Bien sûr les amoureux se retrouveront à Roscoff, et évidemment le marionnettiste mourra dans ses bras. Bon ça se finira mal aussi pour le nazillon local.

Avouez que c’est du bon drama d’opéra ça, j’étais absolument ravi et comblé. Un truc bien pompier à la fois dans l’infatuation immédiate des personnages, mais aussi dans les conclusions un brin surréalistes et allégoriques. Mais c’est vraiment ce que j’attends, donc j’étais hyper content de cette histoire, et qui sincèrement est très bien narrée. En plus, les deux interprètes Yete Quieroz et Florian Bisbrouck sont très talentueux et déploient un joli charisme dans ce drame breton absolu.

Les langues donc arrivent assez naturellement avec un mélange breton et français pour les gens de Roscoff (les expressions idiomatiques bretonnes, et le tout venant en français donc assez naturel) et l’anglais avec le marionnettiste ou sur Guernesey. Et vraiment cette musique met bien en valeur le livret, même si je dois avouer que ça manque de lyrisme pour moi, surtout avec une histoire pareille. Donc ces opéras modernes ne retrouvent pas cette vibration que j’aime tant avec le bel canto d’un Verdi. Mais il faut comparer ce qui est comparable, et en tant que tel c’était déjà un très beau spectacle.

J’ai regretté que certains éléments majestueux et tape à l’œil de la scénographie n’aient pas été plus mis en valeur. Comme cette marionnette géante (en photo de tête de l’article), ou les spectacles de marionnettes qui sont cachés du public alors que c’était une super opportunité de mise en scène selon moi.

Mais globalement c’est super digeste (1h45 de spectacle), très original et avec une forme à la fois belle et efficace. On peut vraiment appeler cela un opéra et s’enorgueillir d’une telle inventivité avec cette touche bretonne qui ravira plus d’un chapeau rond.

Luttes intestines

D’abord Sookie est venue se coller sur mes jambes, mais erreur stratégique, elle était au niveau de mes genoux. Donc Arya s’est gracilement installée sur mes cuisses, et elle me lançait grands regards amoureux d’une satisfaction toute victorieuse. Mais c’était sans compter l’opiniâtreté de Sookie qui a remonté l’Everest et s’est repositionnée au plus haut, donc dans mon cou.

J’ai fini par virer tout le monde !!!

Skyline nantaise du soir

J’aime vraiment cette vue du profil typique de la ville de Nantes, qui est bien visible de la gare, lorsque je la traverse en allant et rentrant du boulot. On y voit de gauche à droite : la Tour LU, le château des Ducs de Bretagne, la Tour de Bretagne et la cathédrale. Au coucher du soleil bien sûr, c’est particulièrement joli. ^^

Sinon je ne vous ai pas montré ce week-end, mais nous avions la visite d’un ami, et Arya a trouvé sa position idéale : à ronronner sur ses genoux, tout en étant près d’un truc électronique. Dès qu’elle voit un téléphone ou un PC, il faut qu’elle se couche dessus. Là c’était le combo parfait. Huhu.

IMMERSIA – Au fil de l’eau, la lumière (église Notre-Dame-de-bon-port de Nantes)

On avait vu les pubs pour ce spectacle depuis quelques temps, mais on était franchement hésitant, parce que l’atelier des Lumières par exemple ce n’est pas du tout notre truc, et qu’on voit parfois à boire et à manger sur des shows de mapping vidéo lors de certains spectacles (mais avec des trucs tops parfois). Là c’est assez onéreux en plus, et j’avais un peu peur d’un truc pas à la hauteur, trop court ou neuneu. Mais non, c’était plutôt sympa et agréable. ^^

C’est un spectacle son et lumière de 45 minutes avec un son très enveloppant, et 360° de vidéo y compris sur les interstices de cette gigantesque église et son dôme emblématique. On est sur un classique mapping vidéo très précis qui met bien en valeur l’architecture du lieu, et une belle perfection dans la coïncidence entre le virtuel et le réel. L’entrée est assez cool avec une ambiance tamisée et un éclairage à la bougie simulée qui fonctionne très bien. On des niches un peu partout avec des tas de bougies qui éclairent l’endroit dans une ambiance gothique et médiévale très idoine.

Et le spectacle en lui-même est vraiment très bien exécuté. En revanche, c’est un de ces machins qui ne prend aucun risque, et laisse un petit goût d’inachevé. Il y a notamment une voix off mais qui dit vraiment des banalités affligeantes qu’on trouverait sur des e-cartes-postales des années 90 avec des chats qui ont les yeux qui scintillent des affirmations en comic-sans qui défilent. Franchement si c’est pour dire des trucs aussi vaguement spirituels qui frisent le New-Age pour ne pas être religieux mais l’évoquer dans le dire clairement… Pffff. Et surtout rien sur l’architecture du lieu qui aurait pu au moins avoir un intérêt culturel ou historique. Je crois que j’aurais préféré un truc qui assume plus justement le lien religieux, quitte à être un peu prosélyte.

J’aime beaucoup notamment toutes les références à l’ancien testament de l’église et son lien avec la mer et les marins (d’où son nom). Les 4 piliers majeures de l’église sont au nom de 4 femmes importantes de l’ancien testament : Bethsabée, Esther, Abigaïl et Ève. En complément avec Notre Dame dans un rôle de protection des marins, j’aurais trouvé ça très cours de caté le samedi soir en thématique, mais bien plus intéressant que les propos lénifiants qu’on a pu entendre.

Mais sinon, la musique est plutôt cool dans le genre piano minimaliste avec envolées lyriques (encore une fois le truc qui doit plaire à tout le monde donc du Clayderman amélioré ^^ ) qui colle bien aux vidéos qui vont de l’abstrait soulignant les courbes architecturales, à un intérieur d’église plein d’or et de vitraux imaginaires, en passant par des impressions d’eaux qui montent et débordent, des étoiles et constellations qui défilent.

On y voyait aussi un effet sympa avec des tissus blancs diaphanes qui flottent dans les airs animés par un gros ventilateur, et éclairés par des nuances et motifs colorés. Comme ce sont des objets réels qui sont ainsi « augmentés », ça fonctionne assez bien dans un tel grand espace, et ça rajoute aux impression créées par la vidéo.

Et enfin, les effets dans le dôme en lui-même étaient plutôt bien négociés, avec surtout des projections de constellations ou de l’écliptique et du zodiaque.

Donc voilà, pas le spectacle de l’année, mais franchement sympathique et très agréable à expérimenter. Donc mieux que ce je pensais, mais il y aurait tout de même tellement plus intéressant à faire en termes de narration, d’approche culturelle et pédagogique, ou même de lien plus assumé avec un tel édifice religieux (que ce soit pour le côté biblique, spirituel ou simplement architectural).

Après les tempêtes

Hier, c’était tout calme… Pas une goutte de flotte non plus, ce qui était assez exceptionnel après ces jours d’une pluie incessante. Cela finit par être un peu stressant avec les inondations qui se mettent à devenir fréquentes un peu partout. Mais là c’était une atmosphère bien lavée et claire de toute pollution, et avec la fin de journée il y avait une teinte orangée très jolie sur tous les bâtiments du centre-ville.

Autant sur la cathédrale que le château des Ducs, la Tour LU ou les remparts du château… Et comme d’habitude dans le centre de Nantes, très peu de voitures, que des marcheurs, vélos et les transports en commun. ^^

Entre Éowyn et Herminia

La semaine a été assez dégueulasse à Nantes en termes de flotte. On a reçu des tonnes de pluie, et on sent que les remugles de la tempête Éowyn ne nous ont pas épargné. On est souvent touché de manière assez synchrone avec le sud de la Bretagne…

Il y a eu quelques minutes d’accalmie au coucher du soleil ce soir, et j’en ai profité pour immortaliser cela, mais on voit bien, malgré le bleu, que la grisaille va l’emporter. Et depuis une bonne heure là, c’est clairement la tempête Herminia, annoncée en Bretagne pour demain, qui arrive à grands pas. Il vente de folie là, et la flotte se démène de nouveau aux carreaux. Laissez-moi vous dire que je ne mets pas le nez dehors. ^^

Aristote et Phyllis

J’ai complètement oublié de parler de ce truc en bronze du musée Dobrée. Curieusement disposé entre des bondieuseries médiévales et le cœur d’Anne de Bretagne, il s’agit d’un aquamanile, autrement dit une petite réserve d’eau (et là en métal donc, avec un piti robinet tout mignon) pour se nettoyer les mains. Ils sont utiles dans un contexte religieux ou profane, mais là j’ose espérer qu’on est dans le profane. Hu hu hu.

Ce qui nous a surpris c’est quand on s’est rapproché pour comprendre le pourquoi du comment, et qu’on a découvert qu’il s’agissait d’une représentation d’Aristote et Phyllis. Il n’y avait pas plus d’information, donc nous en sommes restés là. Mais ça me turlupinait, donc j’ai gouglé le machin pour comprendre d’où venait cette histoire du philosophe Aristote qui joue au cheval pour une gente dame. Et nous voilà sur un nouveau vortex passionnant et vertigineux !!! Le lai d’Aristote !

Ce poème raconte comment Aristote faisait la leçon à Alexandre le Grand (qui était son célèbre disciple) parce qu’il s’était trop amouraché d’une femme indienne. Cette dernière pour jouer un tour au philosophe vient le voir en mode femme fatale, et il n’en fallait pas plus pour que Môssieur Aristote accepte de se prêter à ce petit jeu érotique équestre. La jeune femme humilie le philosophe devant Alexandre, et la conclusion c’est que Amour vainc tot, & tot vaincra / tant com li monde durera. Bref, Eros est très fort, et on peut tous être son jouet.

Déjà c’est marrant car beaucoup d’autres langues ont retenu le nom de la dame comme étant Phyllis, mais elle n’est en effet mentionnée dans le lai que comme une indienne. Et surtout on lit dans l’article, qu’il s’agirait d’une vieille histoire plutôt moyen-orientale qui a été adaptée à nos contrées, et dont on trouve les plus anciennes traces au 13ème siècle.

C’est très drôle aussi de voir les différentes avec la version allemande de cette même histoire, surtout quand on apprend l’origine du manuscrit : Des manuscrits du XIIIe siècle – dont le plus ancien du tout début du siècle, qui avait servi en 1695 à colmater les fuites des tuyaux de l’orgue du couvent de Benediktbeuren et ne fut retrouvé qu’en 1964-1965 lors de la restauration de l’instrument – utilisent également le thème mais avec des différences notables.

L’article, et plusieurs autres références sur les Internets, fait comprendre que cette thématique était très très populaire au moyen-âge, et il y a clairement une fixette sur cette « domination » féminine qui a dû faire couler de l’encre et faire s’échauffer les chantres de la masculinité toxique de toutes les époques. Mais pour qu’on trouve des exemplaires multiples de cet objet (sur Wikipédia c’est une pièce du MET), c’est que c’était sans doute de la grande série, et une représentation très commune. Mais pourquoiiiiii ?

Alors moi je dis : verra-t-on des moulins à poivre en forme de bite à Griveaux !! Non vous ne croyez pas que ça passera à la postérité1 ?? ^^

*Edit du 15/01/2025 :*

Suite au commentaire de Baptiste, ci-dessous, qui évoque la présence de l’objet dans une exposition actuellement au Louvre sur les « Figures du Fou », on peut en effet voir une mention avec des explications sur notre aquamanile en page 13. Quelle drôle de synchronicité !! ^^

  1. Franchement, il mériterait. ^^ ↩︎