Les Trois Mousquetaires : Milady

La première partie D’Artagnan était une vraie bonne surprise : malgré quelques défauts on avait un film de capes et d’épées de bonne facture, et un divertissement de qualité. Et la suite et fin, Milady, est encore meilleure, donc c’est tout de même notable : un bon film français grand public et une adaptation qui n’a pas à rougir des Trois Mousquetaires.

J’ai bien aimé aussi que ça reste un film à l’action aussi soutenue que le premier, et avec une importance plus grande apportée aux personnages, donc on voit vraiment plus les mousquetaires ou Eva Green. Les scènes de combats sont plutôt bien filmées et chorégraphiées, et l’attention aux détails des costumes et décors est toujours aussi soutenue et qualitative. Cela donne de très belles scènes à la photo impeccable avec des décors et costumes somptueux, et aussi encore des gueules un peu dégueulasses qui tentent le réalisme.

Les vues de La Rochelle notamment sont plutôt bien fichues, ainsi que les tournages sur site, et il n’y a pas d’aussi gros ratés d’effets spéciaux comme le château de St Germain en Laye qui est au bord des falaises de craie anglaises dans le premier opus (là encore, mais au moins on ne fait plus des survols avec travellings nazes).

J’ai même trouvé que les comédiens étaient un peu mieux dans leurs rôles, avec une écriture qui sert assez bien la narration, mais permet aussi quelques incursions pour donner de l’épaisseur aux personnages. Malgré quelques éléments encore un chouïa maladroits, comme les scènes finales qui s’articulent de manière peu crédible entre Constance et Milady.

Le film se tient vraiment très bien, avec quelques scènes de comédie qui allègent le tout, mais une trempe globale qui rend plutôt hommage aux films de capes et d’épée, et avec encore une Eva Green absolument solaire et impeccable. Louis Garrel est encore fabuleux en Louis XIII flegmatique et à l’humour neurasthénique. Il y a aussi un clin d’œil assez sympathique avec un personnage secondaire noir qui est inspiré par un personnage historique à l’époque de Louis XIV. Ce n’était pas forcément très crédible de l’avoir comme mousquetaire, mais la manière dont le scénario le fait voir comme ayant le roi comme parrain, et l’importance que cela revêt, est un moment sympathique du film.

Il faut en profiter, c’est pas tout le temps qu’on a des films français d’actions qui tiennent la route comme ça. ^^

Le Règne animal

Je savais bien que j’allais voir un film fantastique français, mais j’imaginais que l’aspect fantastique sera un peu caché pour économiser sur les effets spéciaux, et que le côté français proposerait une métaphore bien intello et capillotractée pour expliquer la fibre fantastique. C’était cool de se tromper, et d’avoir un vrai film fantastique de très bonne facture, et avec des effets spéciaux et des maquillages de grande qualité, et donc très présents, visibles et assumés dans la narration. Et finalement une histoire qui est certes « à la française » mais qui embrasse parfaitement ce contexte singulier et « fantastique ».

Mais surtout quel bonheur d’avoir Romain Duris et Paul Kircher qui sont vraiment sublimes du début à la fin. Et Romain Duris vraiment m’a épaté, avec son jeu si authentique et attachant, et son personnage qui interroge aussi son rapport à sa famille, et à la société toute entière.

Il s’agit plus d’un film d’anticipation, donc plutôt à notre époque, et dans lequel les gens sont de plus en plus atteints de mutations qui les font évoluer peu à peu vers des « animaux ». Ainsi certains se transforment en ours, en chiens, en oiseaux ou autres bestioles. Mais le processus est lent et irréversible et super douloureux avec des corps qui évoluent en se transformant physiquement avec tout ce que sa implique sur l’ossature, la pilosité ou autres changements encore plus spectaculaires. Il y a aussi un changement moral et intellectuel, avec une transformation animale, et une sorte d’abandon progressif de l’esprit humain. Tout cela est considéré comme une maladie, et les malades sont isolés dans des centres hospitaliers.

La femme de Romain Duris est malade, et hospitalisée. Elle est déplacée dans un centre dans les Landes, et Romain Duris et son fils y déménagent pour la suivre et être proche d’elle dans le cadre de sa thérapie. Sur la route, le transport médical subit un accident, et tous les patients en cours de mutation se retrouvent en pleine forêt landaise. La police et l’armée tentent de les récupérer, et Romain Duris et Paul Kircher se lancent à leur tour pour essayer de retrouver leur femme/mère.

Paul Kircher a du mal à se faire à sa nouvelle vie et école, mais il fait quelques rencontres. Rapidement il réalise surtout qu’il est lui-même en train d’initier sa propre mutation vers un animal, et il se transforme peu à peu.

L’histoire est finalement assez simple, et l’écriture même est assez classique, mais si le film est si bien c’est parce que c’est remarquablement filmé, et tenus par des acteurs hors pair. Et là on retrouve la qualité du film français, il y a un charme incroyable dans ces plans, et dans la manière dont les relations humaines sont montrées. La relation père-fils est très belle et émouvante, et on ne peut être insensible à cet homme qui perd coup sur coup sa femme et son fils dans leurs transformations immuables, et un retour à la nature en conséquence.

J’ai aussi beaucoup aimé l’exemple de l’homme-oiseau et son apprentissage, tout cela aurait pu être ridicule mais ça ne l’est absolument jamais. Au contraire, les aspects fantastiques de ces bestioles, dignes de l’île du Docteur Moreau, sont toujours touchants et un peu effrayants. Et finalement, je m’attendais à une histoire métaphorique un peu comme dans « The Lobster » (film que j’affectionne beaucoup) et ce n’est pas tout à fait cela, c’est à la fois une histoire fantastique beaucoup plus littérale, et en même temps on ne peut s’empêcher de chercher des liens avec l’émancipation, le rapport à l’animal ou la vie en société.

Donc c’est un film qui se tient super bien, qui surfe sans problème sur sa thématique fantastique de base, mais qui propose avant tout une magnifique intrigue familiale et intime. L’évolution de Paul Kircher est remarquablement interprétée par ce jeune homme qui apparaît drôlement doué. Scène après scène, on voit dans son physique, sa manière de parler ou ses expressions que des choses sont en train de changer, de le changer. Et le film n’est pas chiant du tout, il est au contraire passionnant, bien rythmé, et donne ses lettres de noblesse au cinéma bien de chez nous. Pourvu qu’on en ait plein d’autres comme ça !!!

Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan

J’y allais en étant un peu sceptique et en me préparant à une critique sanglante, mais non, tout au contraire. Ce n’est pas non plus un grand chef d’œuvre mais le film a le mérite de bénéficier d’une belle production, ce qui donne une œuvre d’une certaine qualité formelle, en plus de quelques atouts bien sentis, et surtout une histoire enfin un peu conforme à celle de Dumas. Les comédiens et comédiennes tiennent la route, et l’action est soutenue, bref ça le fait pas si mal.

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