Glitter by Mama au Mama Shelter de Rennes

Dans la continuité de la découverte de Rennes et ses joyeusetés, on reste dans le volet « Drag show » mais alors on passe de l’autre côté du spectre. Un 180° dans la facette indépendante, militante et performance. Mais bon, il faut de tout pour faire un monde. ^^

Mais là, c’était un peu trop diamétralement opposé à mon goût à ce drag show très chouette au Marquis de Sade, avec un événement organisé par le Mama Shelter local et avec une boîte de prod « Drag ». On est tombé dans le truc complètement main stream, mais à un point que je ne soupçonnais pas. Pourtant j’ai bossé dans l’hôtellerie de luxe, et je connais les ressorts de ces soirées qui voulant surfer sur une mode se font les succédanés d’une mouvance de société pour le présenter de manière très polie et policée à des gens qui n’ont rien à avoir avec la choucroute. Mais tout le monde fait semblant, et c’est sans doute le plus ridicule de la situation.

Dieu sait que j’étais sans doute plus à ma place dans la cour intérieure pavée charmante d’un hôtel de luxe, mais je me sentais tellement mieux et à l’aise dans mes baskets dans un rade libertaire à la scène décrépite.

Mais ça aurait pu le faire si ça avait été un super show drag. Et pas vraiment, même si c’était tout à fait sympathique avec Quetzal (déjà vue à Paris l’année dernière d’ailleurs) et une bande de drags latinas dont des pointures dans le domaine, avec le sacro-saint tampon « Drag Race » et le name-dropping des saisons ou All-Stars dans lesquels les artistes ont figuré.

Mais ça a commencé par une maladroite session de bingo-drag pas très bien animée et assez pénible. Et pour le show, bah c’est une succession de pageant queens qui lip-sync. Et donc même si les trois invités sont en effet très bonnes et savent jouer les « entertainers », cela ne suffit pas à mettre une ambiance alors qu’il n’y a même pas un projecteur, une sonorisation à la hauteur, et un public totalement réceptif (pourtant c’était très LGBT). Donc c’était « meh », un peu mou, même si le show de Alyssa Hunter était vraiment de très bon niveau, qu’on retrouvait Jessica Wilde qui est une antédiluvienne participante de RuPaul dont je me souvenais bien et qui en a sous le pied.

Mais tout ça était poussif, sans message autre que « nous sommes des drags queens », et clairement sous forme d’une attraction d’hôtel… Et comme il n’y avait pas un show à s’en décrocher la mâchoire, bah on est forcément plus difficile. Après je sais que c’est bien aussi le mainstream, les productions sont sollicitées et travaillent, les artistes touchent des sous, et un petit bout de l’esprit du drag parvient tout de même à filtrer…

J’imagine que les choses peuvent aussi s’améliorer si la sauce prend, mais il faudra un peu plus d’exigence. Ce qu’on pouvait pardonner avec un show un peu plus artisanal dans l’arrière-cour d’un rade l’est beaucoup moins dans un endroit pareil.

« Elle était une fois… » de Drag Race France Saison 3 au Zénith de Nantes

Après deux fois au Casino de Paris, on a cette fois vu le show de cette dernière saison à Nantes, au Zénith. Clairement, ils ont rempli la salle, mais ce n’est pas la meilleure idée pour un spectacle où on veut engager une certaine proximité. Comme j’avais la chance d’être proche de la scène, c’était parfait, mais on n’a vraiment pas eu la même impression de fête, de chaleur et d’intimité que les autres fois. Pour ceux qui étaient tout au fond, je pense que ça n’a pas dû être une expérience tip top.

Les autres fois, j’avais trouvé dommage justement de ne pas avoir de retour vidéo, et de moins profiter des lipsynchs lorsqu’on est trop loin pour voir les lèvres mimer les paroles. Là j’étais drôlement content de bien profiter des numéros de chacune, mais encore une fois pour ceux aux derniers rangs, ça ne devait pas être cool.

Mais malgré ça, il y avait tout de même une très bonne ambiance et les gens se sont levés plein de fois, ont applaudi à tout rompre, et ont bien célébré leurs queens.

Ces shows sont normalement l’occasion de voir ses drags préférées de la saison qui vient d’être diffusée, et les numéros se terminent plutôt par celles qui sont restées le plus longtemps, et souvent les plus douées et aimées du public, donc l’atmosphère de charge en électricité, et ça finit en apothéose. Mais là c’était un peu différent des autres fois, même si la forme du spectacle est exactement la même.

D’ailleurs cela fait partie des choses qui devront sans doute évoluer pour ne pas lasser le public. On a vraiment un peu toujours la même chose : un défilé en groupe, un numéro solo par queen, Nicky Doll qui les interroge à la fin de leurs performances, et on finit par le groupe qui fait un tableau final. C’est exactement ce qui s’est passé hier soir.

Mais ce n’était pas lassant, car c’était exécuté à la perfection, et avec un rythme soutenu, des thèmes sympas, ainsi que les vidéos d’accompagnement, les effets lumineux et les costumes (assez dingues). En revanche, toujours le même problème pour les bandes-son qui sont absolument pourries, et horriblement restituées dans la salle.

Une des problématiques aussi, pour moi en tout cas, de cette saison c’est qu’elle manque de drags très bonnes ou très charismatiques, de vraies héroïnes que l’on attend de pied ferme. Là c’était un groupe sympathique, mais on ne peut pas dire que ce sont des performeuses hors normes, ou bien que la gagnante a toutes les qualités. Mais plutôt qu’un spectacle décevant, c’est en réalisant un show très bien produit, et en remettant sur le devant de la scène la meneuse de revue qu’ils s’en sont sortis.

Et grâce à Nicky Doll, c’est une grande réussite. Contre toute attente, c’est elle qui remporte tous les suffrages. Elle présente des looks et des robes vraiment au-dessus du lot, et très au-dessus des shows précédents, mais surtout son texte était super bien écrit, avec de bonnes blagues très à propos. Et comme elle est maintenant très pro et à l’aise dans son rôle, on la sent totalement en maîtrise, et ce qu’elle ajoute en improvisation ajoute un piment très sympa, et donne l’impression au public d’un spectacle unique.

J’ai beaucoup aimé la thématique « Elle était une fois… » qui joue donc sur les contes de fées et l’imagerie Disney sans scrupule (quoi de plus gay que Disney ?). Les vidéos qui sont en fond des performances sont excellentes également, tant sur l’animation, le design que la direction artistique, et les danseurs et danseuses ajoutent des éléments chorégraphiques de très bon niveau. Cela donne des numéros très impressionnants, et souvent assez drôles avec cette thématique surréaliste.

Ce qui était très bien vu c’est que les drags forment dès le début un groupe analogue aux Muses du Hercule de Disney. On retrouve des formes et corpulences différentes mais avec cette même direction artistique et des costumes roses similaires. Cela fonctionne super bien !! Et le génial Matthieu Saghezchi a réalisé toute une imagerie qui rappelle terriblement tout cela.

Afrodite Amour ouvre le bal (elle est partie la première de la saison), et j’ai bien aimé sa performance. Ce n’est pas facile de démarrer un show, et elle a servi tout cela avec beaucoup de talent et de peps.

Misty Phénix a pris la suite avec un medley de Lady Gaga super efficace et très impressionnant. Là on est dans un niveau de performance à la Las Vegas qui le fait carrément, et évidemment avec des tubes pop comme cela, toute la salle était debout à chanter.

Ensuite, c’était le tour d’Edéha Noire. Son show était à son image, et pas complètement ma tasse de thé, car ça se veut indépendant, arty et à contre-courant alors qu’en réalité c’est assez plat et attendu…

Leona Winters était la seule à chanter en live, et ce n’était pas vocalement incroyable… Malgré tout c’est une bonne interprète et drag, mais elle manque juste de charisme selon moi.

Perseo a fait sa démonstration habituelle, et tout en jeté de gambettes et en plumes dans les fesses. C’est diablement efficace et il faut reconnaître un super athlète qui a une impressionnante maîtrise de son corps. Il a donné une sacrée pêche à toute la salle !

Magnetica c’était visuellement très impactant, avec un maquillage tout à fait cohérent avec sa signature de drag. Mais elle n’a quasiment pas lipsynché ce qui est un crime pour moi (je soupçonne que son maquillage avec des prothèses l’a gêné). ^^ Donc malgré un numéro plutôt efficace et dynamique, meh.

Lula Strega était la grosse déception parce que j’aimais beaucoup ce qu’elle faisait dans la saison. Et même si son costume était sublime, et son univers vraiment beau et inspirant, elle n’avait aucune énergie ou personnalité. Son show était lénifiant, presque neurasthénique, et elle avait l’air de se faire chier.

Norma Bell a proposé un très beau numéro solo sur la thématique du volcan, en inspiration directe de son île, La Réunion. C’était très cool et bien interprété, en plus d’être très original.

Ruby on the Nail c’est un peu notre chouchou, et elle a bien été au niveau. C’est une lipsyncheuse hors pair, et elle nous a enflammé tout le Zénith sur du Dalida, il fallait le faire !!! C’était génial et épique !

Et enfin, la grande gagnante de la saison 3 : Le Filip. Et comme attendu, ce n’était pas incroyable, mais tout à fait cohérent et à son image. Un truc un peu bâclé mais bourré de blagues, de maladresses et d’éclairs de génie ! ^^

Le Légendaire Cabaret Club de Drag Race Saison 2 (Casino de Paris)

C’était déjà très sympa l’année dernière avec un show qui tenait bien la route même si on sentait qu’ils étaient un peu dépassés par les événements, et que la production n’était pas dimensionnée pour un succès pareil. Et là, ils ont bien mis les pendules à l’heure. Déjà le son et les lumières dont d’une autre qualité, et on a 2h30 de show à couper le souffle avec des Queens qui délivrent vraiment quelque chose de très impressionnant et très pro.

Mais comme pour l’année dernière, ce qui est génial et permet de passer une soirée inégalée, c’est cette ambiance de fou du début à la fin. Les gens sont d’une diversité incroyable, de tous les âges, et c’est totalement hystérique dès la première minute. C’est un show de fan pour les fans, et toutes les Queens ont un traitement vraiment chouette, avec bien sûr quelques favorites qui émergent. Cela gueule dans tous les sens, applaudit à tout rompre, et tape des pieds sur tous les numéros, et l’ambiance est festive et joyeuse, il se forme une très belle atmosphère qui ragaillardit immédiatement.

Le format reste, somme toute, très classique avec la présentation de toutes les reines, puis leur passage une par une, avec un peu de parlotte avec Nicky à la fin de chaque performance. Vespi démarre avec un numéro plein de peps et d’énergie, un truc très classique et showgirl, et on a les mêmes danseurs que l’année dernière qui ponctuent tout le spectacle. Ils sont un sacré ajout au spectacle entier, avec des danseurs vraiment talentueux et investis dans les numéros.

Dès le début, et lors de la présentation c’est Moon qui reçoit le plus d’ovations, de soutien et vraiment une clameur qui ne laisse pas de doute sur sa popularité. On était très fan de Moon aussi durant la saison, donc je ne suis pas surpris, et même très heureux de ce dénouement pour elle. Et pour le show c’est absolument impeccable. Elle propose la performance sans doute la plus glamour et confondante de beauté très « pageant drag » avec quelques moments assez hypnotiques lorsqu’elle tourne sur elle-même avec une robe incroyable.

Rose, qui est la première éliminée de l’émission cette année, avait sans doute pas mal de choses à prouver. Moi sur le coup je connaissais vraiment bien déjà le duo « Rose et Punani » sur les Internets, et là elle s’est bien démarquée en jouant sur des talents que nous ne connaissions pas et qui changeaient des lipsyncs classiques. En effet, elle a monté tout une saynète et un spectacle de remise de prix en effectuant des imitations et avec une verve humoristique très sympa.

Je n’ai même pas de photo de Mami Watta dont j’attendais beaucoup à cette soirée, mais malgré un démarrage qui faisait espérer du bon, je n’ai pas été convaincu.

Je suis aussi un chouïa déçu pour Cookie qui était déjà une star pour moi avant l’émission, mais qui ne brille pas particulièrement dans son numéro. C’est très bien, mais un peu froid, sombre et gothique, et manquant pour moi un peu d’entrain ou d’alacrité, malgré un look très osé et littéralement « bald ».

J’ai été très agréablement surpris par la performance de Ginger Bitch qui délivre une superbe performance. Elle est drôle, mais aussi sexy, dynamique et avec un message d’amour adorable et contagieux. Elle s’est vraiment montrée sous son meilleur jour selon moi, et elle bénéficie d’une opportunité vraiment chouette pour son show.

Punani était très bien, car superbe et avec un concept réfléchi et chiadé, et en plus elle a très bien chanté en live, mais je suis un petit peu resté sur ma faim. J’aurais aimé la revoir, ou avoir aussi quelques opportunités de numéros en duo ou en groupes. C’était un peu frustrant de ce point de vue là.

Mais alors la révélation pour moi ce soir là c’était sans conteste Kitty Space qui a sorti un truc incroyable. Elle était vraiment convaincue et convainquante avec un show d’une tonicité ultime, un mélange de kung-fu et de talons hauts, d’acrobaties et une énergie communicative qui a envahit tout le Casino de Paris. Les gens étaient fous à la fin !

Je sais que les gens sont assez fans de Piche, mais ce n’est pas trop mon cas, et son numéro ne m’a pas trop fait changer d’avis. Je sais que je suis à contre-courant, mais vraiment pas convaincu par son titre ou son attitude, même si je lui reconnais un joli physique et beaucoup de talents.

Sara Forever a été en revanche égale à elle-même, et tout en virtuosité et talent dans son numéro. Elle a repris le célébrissime tube de Queen Bohemian rhapsody et elle en fait un moment suspendu dans le temps, c’est beau, intelligent, sensible, dynamique et rythmé, dansant et entêtant, et elle déchire du début à la fin, tant sur les mouvements, les tenues ou l’attitude. Un sans faute selon moi.

La reine Keiona était la dernière évidemment, et elle a assuré comme la grande Queen des Ballrooms qu’elle est. C’était épatant et d’une justesse absolue. Et elle donne aussi une pêche pas possible juste en la voyant « performer » ainsi sur scène. Après ça, elle mérite clairement son titre, et on espère la revoir sur scène !!

Après un petit « tribute » pour les danseurs bien mérité, et une présentation de toutes les queens, et on terminait en beauté avec les reprises des morceaux de comédie musicale de l’émission (cette saison avait pastiché Starmania et les 10 commandements). Je l’avais déjà dit un peu avant mais « Quand on arrive en Queen » restera sans doute quelques temps en tête. ^^

Le « Légendaire Cabaret Club » de Drag Race France

J’ai déjà plusieurs fois évoqué Drag Race France, mais j’avais raté toutes les occasions où le show est passé à Paris ou à Nantes. Et là c’était la dernière date de la tournée, donc c’était in extremis, mais on l’a vu !! Et c’était vachement bien !

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