Paloma au pluriElles à la Cité des Congrès de Nantes

Je ne savais pas trop ce que j’allais voir avec ce show de Paloma, mais j’aimais beaucoup cette gagnante de la première saison de Drag Race France. Je m’attendais à un mélange de numéros d’humour et un peu de « drag », mais pas du tout. Il s’agit vraiment d’un spectacle d’une humoriste, une humoriste qui est également une Drag Queen, et ce n’est pas non plus du stand-up à la Mado, mais plutôt un enchainement de saynètes où Paloma incarne des personnages (elle l’a fait brièvement à la télévision apparemment, mais je n’ai pas vu ça ^^ ).

Cela m’a un peu fait penser aux incarnations de Foresti chez Ruquier à la télé, il y a quelques années (oui bon, presque vingt quoi, hu hu). Donc tout ce que je dis là pourrait un peu faire « bof ». Surtout que je reconnais une petite frustration de ne pas avoir de robes, de maquillage ou de paillettes pour faire un peu plus « drag ». Néanmoins, j’ai ressenti tout sauf de la déception, parce que le show est remarquablement écrit, et surtout interprété à la perfection, et avec une artiste terriblement impliquée dans son exécution.

Paloma aka Hugo Bardin débarque dans le public, et elle instillera un peu de stand-up et de drag dans cette manière subtile d’inclure le public, et aussi de lancer un peu de « shade » et de « roast » ou de « reading« . Mais tout cela est simplement saupoudré dans une série de scènes où elle incarne des femmes qui nous racontent des histoires, des histoires qui nous font beaucoup rire. La drag n’est encore une fois pas oubliée avec des tenus très sculpturales et des silhouettes de magazine Vogue des années 30.

Mais tout cela est secondaire, car ce qui est bien là ce sont les énormes blagues qui font mouche toutes les trente secondes. Et justement comme on n’est pas dans une forme très singulière ou originale, c’est le fait que les textes sont vraiment très bons, et qu’elle les sort avec un talent fou qui a spontanément provoqué l’hilarité de toute la salle pendant deux bonnes heures. Le personnage de la directrice de casting m’a vraiment beaucoup fait rire, mais les autres également, et j’ai vraiment ri de bon cœur pendant une bonne partie du show.

On voit surtout à quel point, on a une artiste hyper pro devant nous, et qui se donne complètement sur la scène.

La fin du spectacle où elle se démaquille en quelques secondes, et se montre presque à nu, en tout cas de perruque et maquillage, est très intense. On la sent au plus timide et peu confiante que jamais, et lorsque les applaudissements explosent et que les gens se lèvent, elle montre une surprise et une émotion qui seraient difficilement feintes.

C’était vraiment une très belle surprise donc, au-delà de mes attentes implicites donc. Et je retournerai la voir avec plaisir, car il y a de quoi encore développer ses personnages et ces histoires !

Al Dente World Tour (Matteo Lane) à l’Alhambra

C’était tellement cool d’avoir l’opportunité de voir en live un tel comédien de stand-up !! Comme beaucoup de gens (pédés ^^), je vois ses vidéos depuis quelques années, et j’admire son humour « camp » irrésistible et son immense talent de réparti. C’est vraiment l’archétype du comédien new-yorkais de stand-up qui tchatche, et improvise même, en interagissant avec des spectateurs sur fond d’un mur de brique dans un sous-sol d’un café-théâtre. Mais là en plus, c’est pédé à mort, et donc c’est trop cool. Hu hu hu.

Autant je me rappelle avoir vu Margaret Cho dans un cadre assez exceptionnel il y a une dizaine d’années (c’était à la Java !!!), autant maintenant on a assez de gens intéressés par des shows en VO pour avoir récemment vu Hannah Gadsby au Trianon. Et là ce sont donc des comédiens et comédiennes queers ce qui les place, j’imagine, dans une niche rendant encore plus compliqué leurs venus. C’est sans doute très chouette et émouvant pour eux de savoir qu’ils ont autant de fans dans le monde entier, et pour nous de voir ces génies de la scène en France1.

J’ai adoré ce moment de pur stand-up à l’américaine avec un Matteo Lane qui enchaîne les histoires, et qui a un chouette rythme et une jolie habileté à placer ses blagues et ses chutes, ce qui est tout le talent de ce genre d’exercice. J’étais surpris de cela, mais même à Paris, il a réussi à interagir avec des personnes du public, et à les mettre en boîte de manière très sympathique. J’ai retrouvé quelques blagues que je connaissais déjà, mais c’était malgré tout une grande découverte, et j’ai vraiment ri de bon cœur.

J’avais un peu peur car récemment je trouvais qu’il était un peu trop sûr de lui, ou jouant un peu trop sur son côté gym-queen, tout dans l’apparence et « fake« , et je redoutais que ça devienne un peu trop « A-Gay »2 pour moi. Mais le voir en live et avec surtout la manière ultra-décomplexée qu’il a de jouer sur son côté folle et bottom, j’ai plutôt été rassuré.

J’étais déçu qu’il n’y ait pas de rappel, et que ce soit même un chouïa trop court, j’aurais bien aimé encore l’écouter et rigoler avec. Je me dis que ça doit être top dans un vrai contexte de comedy-club à NYC, et que c’est sans doute la meilleure manière de goûter à ce genre d’humour.

  1. Cela montre aussi que le niveau d’anglais a également énormément progresser en France, contrairement à ce que les mythes entretiennent. ↩︎
  2. Je me demande si cela parle à quiconque, je fais référence aux Chroniques de SF où Armistead Maupin évoque ces A gay c’est-à-dire des pédés d’une certaine classe, avec de la thune, musclés, cultivés, masculins et très exclusifs à leur sous-milieu, dédaignant les autres « pas A ». ↩︎