Maison Blanche et Miroir Noir

Le contrôle et la mystification de l’information est une stratégie claire et effective de l’administration Trump aux US, et je parlai il y a quelques mois du bruits des bottes à ce sujet, avec notamment cette invisibilisation terrible et inique des LGBT dans les sites officiels américains, y compris le Stonewall. Mais là, c’est encore au-delà de mon entendement… Le site web de la Maison Banche a en effet mis à jour une frise historique qui explique les évolutions du bâtiment depuis le début de sa construction en 1791.

Jusque là tout va bien hein, en cliquant sur la droite, on avance dans le temps, et on découvre les différentes additions architecturales ou d’aménagement décidées par tel ou tel gouvernement. Et on arrive aux années 70 avec Nixon, et…

Mein gott, sur le site officiel, ils ont très officiellement mis des éléments totalement hors sujet ou putassiers, ou carrément surréaliste et toxique sur leurs opposants. C’est carrément Le Gorafi ou des mèmes affichés sur le site web officiel du siège du gouvernement, c’est complètement dingue. Ce règne des idiots est vraiment officiel aussi du coup. Là c’est indéniable. Et attendez car ça continue bien sûr, l’islamophobie ne pouvait pas être le seul attentat à la bienséance de ce « redesign »…

Et voilà côté Biden, avec cette histoire de cocaïne, et bien sûr une dose de transphobie éhontée. Imaginez si Biden avait mis en boîte de la même manière Trump sur sa présidence… Et là c’est fait bien sûr avec un goût douteux, avec vulgarité et indécence. Je sais que l’on peut dire que ce n’est pas incroyable car on reçoit des news comme cela toutes les semaines depuis janvier, mais la somme de toutes ces exactions commence à représenter une rupture incroyable dans tout ce dans quoi on pouvait croire… Mais quelles valeurs ont ces gens ?

On entend depuis longtemps maintenant les expulsions et les détentions dans des conditions inhumaines des équipes ICE (Immigration and Customs Enforcement : service de l’immigration et des douanes des USA) qui font partie de Homeland Security (Département de la Sécurité intérieure des USA, soit l’équivalent du ministère de l’Intérieur en France, mais avec beaucoup plus de prérogatives). Sur Twitter, ils font la promotion de leurs services pour recruter des agents ICE pour continuer leurs méfaits. Récemment, ils ont utilisé l’imagerie Pokemon et le slogan bien connu « Attrapez les tous » pour promouvoir ce métier. Et là, ça va encore plus loin puisque c’est carrément le jeu vidéo HALO.

Donc là ce n’est plus question d’attraper, mais bien de tuer, détruire, annihiler des « aliens ». Et c’est officiel.

Cela me fait penser à cet épisode de Black Mirror, avec des soldats à qui on a mis un implant et cela leur fait voir les civils d’un pays ennemis comme des monstres informes. Comme cela, ils les éliminent en mode FPS1, et ils n’ont plus ce scrupule de tuer des êtres humains.

Il n’y a plus à avoir peur des dérives fascistes, le fascisme est déjà là, à l’œuvre.

  1. First Person Shooter : ces jeux vidéos en vue subjective où le joueur est le tireur. ↩︎

A closer look

Je mange souvent seul comme un pauvre malheureux au bureau le midi. Et j’ai pris l’habitude de regarder les intros de certains late shows américains. Depuis Trump, je trouve que c’est la manière la plus supportable d’avoir des nouvelles des USA sans avoir ensuite envie de se jeter par la fenêtre.

J’aime beaucoup Stephen Colbert du Late Show et Jon Stewart du Daily Show. Etrangement, je ne regarde pas Jimmy Fallon et son Tonight Show. J’ai une préférence marquée pour Seth Meyers et le Late Night. Sa pastille « A closer look » est carrément irrésistible. Ils déploient tous un humour et une dérision à la newyorkaise que j’adore, et on retrouve un savoir-faire et dire à l’américaine génial sur la forme, extrêmement drôle mais aussi d’une sagacité et d’une grande finesse dans les propos (ils ont tous une palanquée d’auteurs qui bossent en bande organisée). Je regarde aussi les intros de Jimmy Kimmel qui a l’originalité d’être le seul hôte d’un late show depuis Los Angeles, donc résolument côte ouest.

Evidemment ces bougres sont de gauche, en tout cas toute proportion gardée car la gauche américaine est une sorte d’oxymore, ce sont même des « ultra-gauche » sur l’échelle de Retailleau (bon ok, c’est pas difficile ça). Et alors que l’on voit un recul extraordinaire de l’état de droit aux USA, et que là on se demande carrément si la démocratie n’est pas en danger. Eh bien, ces émissions sont attaquées à leur tout. D’abord Stephen Colbert, qui présente l’émission la plus connue et regardée, a vu il y a quelques semaines son show annulé par CBS. Evidemment ça fait parler, ça bruit, ça soupire, mais c’est un fait. Et ça passe.

Et là c’est Jimmy Kimmel, suite à un commentaire complètement banal sur l’assassinat d’un fasciste homophobe raciste et misogyne (et vraiment je suis gentil, il n’y a pas de meilleur qualificatif pour ce type), qui se voit remercié par Disney (ABC). Il y a tout de même une certaine levée de boucliers, on voit des annulations à Disney Plus et quelques coups d’épées dans l’eau, mais là on y est vraiment. Je sais que Kimmel vient d’être à priori reprogrammé, mais les attaques sont bien là et c’est terriblement flippant. Avec Trump c’est comme toujours en plus des attaques stupides, violentes et illégales, et plus c’est énorme, plus ça passe…

Les autres présentateurs de shows réagissent bien sur, et continuent à tourner en dérision le pouvoir. Mais on assiste à un truc complètement fou… Ils ont tous ironisé sur la manière dont ils allaient maintenant célébrer le pouvoir en place pour garder leur place, mais c’est sans doute un présentateur hollandais, Arjen Lubach, qui a réalisé le plus drôle et grinçant des détournements.

J’ai bien aimé aussi ce rappel sur fond de culture pop :

Avec la référence pour les béotiens. ^^

Car cette scène pour l’enterrement du type dont je parlais plus haut, avec Trump qui a encore dit des horreurs, est effrayante. Et en France, nos trumpistes maison ont commencé à faire exactement la même chose, et la fenêtre d’Overton s’est encore assez déplacée pour que la presse généraliste parle de ce type mort comme un simple « polémiste influenceur MAGA ». Nan mais ça va pas hein…

Car ce qui me fait peur c’est vraiment que les USA ne sont que l’exemple par lequel nous voyons exactement ce qui se passe en France, et globalement en Europe, avec un retard de quelques années. Avant c’était vingt ans, mais aujourd’hui le mimétisme est bien plus véloce. Et on voit déjà l’abêtissement généralisé de la société, le nivellement par le bas des journalistes, la polarisation venue des algorithmes publicitaires qui a infecté tout notre environnement, et absolument tout ce qui est diffusé (même la radio qui est encore « pure » y passe).

On va se payer exactement la même chose, peut-être avec des méthodes légèrement différentes, mais il va se passer la même chose, c’est inexorable.

Et en parallèle, je lis encore un post de Romain sur Facebook qui me fait réagir. Je sais que le sujet est différent, mais en réalité tout est lié selon moi.

Dans l’avion, j’étais assis à côté d’Ewan. Un gamin de dix-neuf ans, agent de sécurité le jour, combattant de MMA le reste du temps. Il part s’entraîner en Géorgie comme d’autres vont prier. Il paraît qu’ils sont bons en MMA, les Georgiens. Alors il part là-bas prendre des baffes jusqu’à se faire péter les neurones. Il n’est ni en colère ni fanfaron — plutôt doux, résigné. Il ne croit plus à l’école, plus au travail, plus à la France. Les Etats-Unis ne l’intéressent pas. Il croit vaguement à Dubaï, à TikTok et à Gattouz0, un acteur porno influenceur qui apparemment fait le tour du monde à coups de bite et dont j’ignorais jusqu’ici l’existence. Enfin, il m’a raconté ça mais le cul, ça l’intéresse pas des masses. L’amour encore moins. Même le dernier iPhone ne le fait plus rêver : « Tu l’as voulu un an ; au bout d’une semaine, tu t’en fous. » Je crois qu’il a raison.

Il m’a raconté, sans emphase, ces « combats » en ligne organisés par des influenceurs sur des plateformes dont je n’avais jamais entendu parler. Il ne me parlait pas d’un ailleurs exotique mais du présent qui grouille sous mon nez et auquel je suis aveugle. En l’écoutant, je me suis dit : «Le présent, c’est lui. Ce n’est plus moi. » Sauf qu’il n’a pas d’avenir : « Moi ? Je mourrai avant mes quarante ans », il a dit. Bombe sèche. Je n’ai pas su quoi répondre. Moi qui ai dépassé la quarantaine, mais qui n’en fais pas grand-chose. Vous voyez la rencontre entre Tyler et Jack dans Fight Club ? Gamin, je rêvais d’être Brad Pitt et me voila en Edward fucking Norton dans un vol low cost.

En le quittant sur le tarmac d’Istanbul, je me suis dit deux choses : on a vraiment livré un monde de merde à ces gosses. Et puis aussi : ma jeunesse est morte. Je l’ai dans le dos. Mais je la préfère à la sienne. Mais ça, je me suis bien gardé de lui dire.

Post Facebook de Romain Burrel (18/09/2025)

Bon tout ça c’est encore de la faute à l’IA… Ou en tout cas, l’IA apporte aussi dans ce cadre son lot de fléaux bibliques… J’ai souri à cette référence à Platon qui est assez connue, et qui évoque l’impact négatif de l’écriture sur la mémoire des gens. On parlait d’internet de la même manière, et avant de l’informatique, et avant, et avant et avant… ^^

366 avant JC, Platon dans le Phèdre se demande si l’écriture ne va pas nous rendre idiots et nous faire « perdre la mémoire ».

La bataille de l’IA, et nos effondrements par Olivier Ertzscheid via la veille de Louis Derrac.

Du tac au tac

Al Green est un élu texan de la Chambre des Représentants des USA. Lorsque, récemment, un autre élu a affirmé que « Dieu était contre les droits pour les personnes trans », voilà ce qu’il a rétorqué.

Heureusement dans cette époque sombre, il y a encore un peu de décence et des personnes éclairées pour nous montrer la voie, et péter un bon boulon quand il le faut. ^^

Miscellanées bordéliques globales

Toutes ces infos qui arrivent, je suis complètement paumé et déprimé. Mes angoisses existentielles ont franchi un nouveau pallier ces derniers temps, je ne sais pas combien j’en ai, et jusqu’où je peux endurer ça. Mais ça commence à m’atteindre sûrement.

Par exemple, ce truc-là :

L’article date de l’année dernière et il se base sur une vidéo de 2021 où JD Vance, l’actuel VP des USA, explique comment pour lui les profs et les universités sont les ennemis, et qu’il va les attaquer frontalement s’il arrive au pouvoir un jour. Il cite directement Nixon lorsqu’il insiste ainsi sur la dangerosité du corps éducatif, et la manière dont il faut le réformer complètement pour le vider de tout risque d’opposition ou juste de critique raisonnée. Nous y sommes !!! [via Bluesky]

Et juste en écho, Philippe de Villiers qui voit en Hanouna son « JD Vance ». Et hop, la boucle est bouclée !

Mais en plus, une petite nouvelle sympathique d’Argentine où Javier Milei a demandé qu’on audite l’ensemble des personnes en situation de handicap bénéficiaires d’aides gouvernementales. Pour cela, le décret s’accompagne d’une sorte de barème du handicap mental comme suit :

Une annexe au décret délimitait ainsi les groupes à handicap mental – « retardés mentaux » dans le texte –, en fonction du quotient intellectuel : « 0-30 (idiot) », suivi d’une description des capacités du sujet (s’exprimer, lire, écrire, subvenir à ses besoins de base, etc.). La liste continuait : « 30-50 (imbécile) », puis « 50-60 (débile mental profond) »« 60-70 (débile mental modéré) », et enfin « 70-90 (débile mental léger) ».

Argentine : le handicap mental réduit à de « l’idiotie »

Et comme si tout cela n’était pas déjà très triste et désespérant, voilà que Tim Kruger est mort ce week-end. Nan mais, la plus belle bite du monde qui disparait à tout juste 44 ans. Si c’est pas un signe funeste ça. ^^

La belle illustration de Francisco Bianchi de Tim Kruger.

Pour se consoler, on écoutera aujourd’hui Carmen qui fête les 150 ans de sa toute première représentation à l’Opéra-Comique. Cet opéra mythique avait été un bide à sa création, mais trois ans plus tard, en 1878, grâce à la soprano Minnie Hauk, c’est devenu le succès mondial que l’on connaît.

Que voulez-vous, j’ai besoin d’équilibrer mon esprit avec des choses très diverses sinon ce n’est pas moi. ^^

[Edit du 04/03/2025] Après avoir lu le commentaire de Valérie ci-dessous, je vois qu’en effet j’aurais pu ajouter à cette série de nouvelles peu réjouissantes, celle très concrète et touchée sur doigt par Dr. CaSo sur son blog. Elle a animé un atelier pour une petite centaine de militaires canadiens et américains, via une association, à propos de méthodes littéraires et en prenant des romans emblématiques en exemple. Eh bien voilà le résultat hallucinant :

  • La directrice de l’association m’a dit qu’elle avait trop peur de poster ma présentation sur le site public parce que j’avais utilisé des livres, des mots, et des théories censurées par le gouvernement américain;
  • Elle a bien voulu poster mes diapositives mais a écrit un « avertissement » qui expliquait que j’étais la seule à penser et dire et lire tout ça et que ma présentation ne représentait en rien l’opinion de l’association;
  • Elle a reçu des emails de plaintes contre le sujet de la présentation qui allait à l’encontre de la politique américaine actuelle;
  • Plusieurs personnes ont écrit pour dire qu’elles étaient désolées d’avoir arrêté d’assister à ma présentation en plein milieu parce qu’elles avaient trop peur d’être vues dans ce groupe en train de parler de ces sujets;
  • Au moins 30% des personnes qui ont assisté à toute ma présentation l’ont fait depuis des comptes personnels (alors qu’auparavant, chacun se connectait sur Teams depuis son compte professionnel) et en utilisant leurs initiales ou des pseudonymes au lieu de leurs vrais noms, ce qui n’était pratiquement jamais arrivé auparavant!
Extrait de l’article The Handmaid’s Tale du Dr. CaSo

Le bruit des bottes

Je ne sais pas si vous avez suivi ce truc incroyable qui se passe aux USA avec l’arrivée de Trump, de nouveau, au pouvoir. Mais c’est tout à fait similaire (et je mesure mon point Godwin après 37 mots seulement) aux autodafés (juste à l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933) et autres réécritures de l’histoire ou exposition de l’art dégénéré (Entartete Kunst en 1937) par exemple. Et puis c’est pas comme s’ils ne se mettaient pas à nous faire des saluts romains nazis à tout bout de champ. Nous avons tout bonnement un nouveau gouvernement qui fait supprimer les mentions de transidentité de tous les services publics en ligne ou encore les recommandations sur la PrEP qui a disparu du site web de la CDC1.

Ces obligations d’invisibilisation ont aussi été propagées sur les sites internet des National Park Services où dorénavant les trans sont gommés (via un skeet de Xavier) de notre réalité et notre histoire, et y compris concernant un Monument National newyorkais depuis 20162 : Le Stonewall Inn (la photo ci-dessus est celle de mon dernier passage là-bas en 2013, c’est une sorte de pèlerinage majeur pour moi).

Et donc voilà ce que ça donne : ce n’est plus LGBT mais LGB !

C’est d’autant plus choquant alors que le Stonewall en 1969 était largement fréquenté par des personnes travesties et transgenres, et ce sont ces personnes qui étaient déjà les plus discriminées, et qui ont été les fers de lance de notre propre émancipation actuelle.

C’est le pouvoir aussi fascinant que terrifiant que notre monde numérique, celui de pouvoir changer l’histoire d’un simple « chercher / remplacer » sur des centaines de bases de données. Et c’est évidemment à Elon Musk que l’on doit une telle stratégie numérique de mainmise sur ces dispositifs digitaux officiels qui sont des sources de confiance et des repères immuables pour tout un chacun.

Cet exemple n’est qu’un tout petit minuscule effet de cette politique offensive de renormalisation de la société, et elle voit se relever les mœurs les plus rétrogrades érigées en commandements sacrés pour tous et toutes.

Christina Pagel a justement publié un texte très intéressant qui résume tous ces changement en mode Blitzkrieg, et leurs impacts délétères majeurs sur la société américaine, mais au-delà aussi sur cette affreuse galvanisation de nos propres fascismes made in Europe en germination.

Je vous mets un fil de pouets Mastodon qui reprend en synthèse ses propos (je vous le mets en français, puis la VO) :

« Voilà donc comment meurt la liberté… »

Les 3 premières semaines de Trump ont été un déluge incessant d’actions. Il est incroyablement difficile de suivre le rythme.

J’ai passé en revue 69 actions et cartographié le schéma – montrant comment elles s’inscrivent dans 5 grands domaines cohérents avec les États autoritaires.


Les décrets de Trump, les prises de pouvoir de Musk, le démantèlement des institutions plus rapidement que quiconque ne peut le suivre, l’attaque contre la science, le savoir et les organismes coopératifs internationaux et les alliés font tous partie du manuel de l’autoritarisme.

J’ai également regroupé les actions dans un tableau pour illustrer cela.


2 livres (How Democracies die, The Road to Unfreedom) mettent en évidence les étapes clés pour éroder la démocratie :
Saper les institutions indépendantes
Affaiblir l’opposition
Démanteler les protections sociales
Se retirer des alliances internationales
Instrumentaliser le nationalisme
Saper la science
Saper les élections libres (y compris la désinformation)


** Presque toutes les actions que Trump a entreprises au cours des trois dernières semaines correspondent directement à ces étapes. **

Applebaum dans son livre de 2020 « Twilight of Democracy » avertit que les démocraties deviennent incroyablement fragiles une fois que leurs élites abandonnent les normes démocratiques…

Trump n’a jamais aimé les normes démocratiques mais les respectait (parfois) en paroles lors de son 1er mandat. Dans son 2ème mandat, il se délecte de les détruire.

Tous les Républicains qui résistaient ont depuis longtemps disparu. Les autres ont soit embrassé le chaos, soit choisi la complicité.

De nombreux Démocrates semblent paralysés.

Pendant si longtemps, les États-Unis ont été le principal allié du Royaume-Uni et de l’Europe, la voix la plus forte pour proclamer sa démocratie.

Mais les États-Unis sont maintenant une menace pour l’économie mondiale, la santé mondiale et la stabilité mondiale. Plus tôt cela sera reconnu, mieux ce sera.

Nos dirigeants semblent paralysés, incapables de parler des États-Unis dans le même langage qu’ils utilisent pour les pays traditionnellement hostiles, espérant que l’œil du tyran les épargnera.

Avant de pouvoir agir face à une crise, il faut reconnaître qu’on y est – il est temps pour nos dirigeants, et nos médias, de se réveiller

La version originale pour les anglophones. ^^

« So this is how liberty dies… »

Trump’s first 3 weeks have been a relentless flood of actions. It’s incredibly hard to keep up.

I’ve gone through 69 actions & mapped out the pattern – showing how they fall within 5 broad domains consistent with authoritarian states.


Trump’s executive orders, Musk’s power grabs, dismantling institutions faster than anyone can track, attacking science, knowledge and international *cooperative* bodies and allies are all part of the authoritarian playbook.
I’ve also grouped the actions in a table to illustrate this.


2 books (How Democracies die, The Road to Unfreedom) highlight key steps to erode democracy:
Undermine independent institutions
Weaken the opposition
Dismantle social protections
Retreat from international alliances
Weaponise nationalism
Undermine science
Undermine free elections (inc misinfo)


** Almost all of the actions Trump has taken over the last three weeks map directly onto those steps. **

Applebaum in her 2020 book « Twilight of Democracy » warns that democracies become incredibly fragile once their elites abandon democratic norms…

Trump never liked democratic norms but did (sometimes) pay lip service to them in his 1st term. In his 2nd term, he is revelling in burning them down. Any Republicans who resisted are long gone. The rest have either embraced the chaos or chosen complicity.

Many Democrats seem frozen.

For so long the US has been the core UK & European ally, the loudest voice in proclaiming its democracy.

*But the US is now a threat to the global economy, to global health and to global stability. The sooner this is acknowledged the better.*

Our leaders seem paralysed, unable to talk about the US in the same language they use for traditionally inimical countries, hoping that the bully’s eye passes them over.

Before you can act on a crisis you have to recognise you are in one – it is time for our leaders, and our media, to wake up.

  1. Un juge fédéral a ordonné un retour en ligne de ces informations hier. ↩︎
  2. Le bar est inscrit au Registre national des lieux historiques en 1999 et désigné site historique national en 2000, puis monument national en 2016 par Barack Obama ↩︎

David Lynch

J’avais posté ce mème lors du premier confinement de l’épidémie de COVID, et c’est tellement l’image d’Épinal de Lynch…

C’est rare que je poste comme cela à propos du décès d’un artiste, mais c’était vraiment un type que j’admirais énormément, même si en l’occurrence c’était vraiment plutôt une idole de mon chéri. Et c’est sans doute lui qui est le plus touché, mais comme je vis avec, et que j’en subis cette délicieuse influence du quotidien, il a peu à peu renforcé mon admiration du cinéaste, et m’a aussi donné pas mal de clefs pour mieux comprendre son œuvre.

J’aimais beaucoup, comme pour Hitchcock, qu’on le voit en caméo ou dans des petits rôles dans certains films ou séries. En tête d’article, j’ai mis cette image de lui dans Dune (1984), où on le voit en réalité quelques secondes lorsqu’il communique avec les chenilles des moissonneuses sous attaque des vers d’Arrakis. ^^

Mais la vraie découverte de Lynch pour moi, c’est vraiment en 2007 lors de l’exposition « The Air is on Fire » à la Fondation Cartier. C’était un vrai tour d’horizon de tout le génie de l’homme, expliquant non seulement la facette la plus connue du réalisateur, mais aussi celle de l’artiste polyvalent qu’il était. Et quand on découvrait ses peintures, sculptures, dessins et créations vidéos, on accédait à tout un nouvel univers lynchien, ou plutôt une prolongation de celui qu’on appréhendait par ses films.

Bref, une pensée pour toi David !

Evidemment depuis hier c’est l’explosion des mèmes à propos de Lynch. Pour finir sur une note humoristique, voilà un détournement du Dune de 1984 qui m’a beaucoup fait rire. ^^

*Edit du même jour*

Alors ça c’est une drôle de coïncidence, je suis en train de me refaire la série Fringe que j’adore, et voilà qu’à l’épisode S03E10 (The Firefly) Walter Bishop a la remarque et action anodine suivante :

Huhuhu, le Dr Jacoby de l’Université du Washington avec ces lunettes là… Twin Peaks Easter egg!!

La conjuration des tech-oligarques

Dans son dernier discours (d’adieu) Joe Biden a été assez explicite sur le danger de la désinformation, et l’article de The Verge résume ses propos.

In his farewell message on Wednesday, Biden called back to warnings that President Dwight Eisenhower gave about the military-industrial complex causing a “disastrous rise of misplaced power.”
“Six decades later, I’m equally concerned about the potential rise of a tech industrial complex that could pose real dangers for our country as well,” Biden said. Despite praising US technology leadership for its innovation and ability to transform lives, Biden said he was concerned about “a dangerous concentration of power in the hands of a very few ultra-wealthy people,” warning that there could be alarming consequences “if their abuse of power is left unchecked.”

[…]

“Americans are being buried under an avalanche of misinformation and disinformation enabling the abuse of power,” Biden warned. “The free press is crumbling. Editors are disappearing. Social media is giving up on fact-checking. The truth is smothered by lies told for power and for profit.”

Biden warns nation about the rise of American tech oligarchs

La VF :

Dans son message d’adieu mercredi, Biden a rappelé les avertissements du président Dwight Eisenhower concernant le complexe militaro-industriel provoquant une « montée désastreuse d’un pouvoir mal placé ».
« Six décennies plus tard, je suis tout aussi préoccupé par la montée potentielle d’un complexe industriel technologique qui pourrait poser de réels dangers pour notre pays », a déclaré Biden. Tout en louant le leadership technologique américain pour son innovation et sa capacité à transformer des vies, Biden s’est dit inquiet d’une « dangereuse concentration du pouvoir entre les mains d’un très petit nombre de personnes ultra-riches », avertissant qu’il pourrait y avoir des conséquences alarmantes « si leur abus de pouvoir n’est pas contrôlé ».
[…]
« Les Américains sont ensevelis sous une avalanche de désinformation et de mésinformation permettant l’abus de pouvoir », a averti Biden. « La presse libre s’effondre. Les rédacteurs disparaissent. Les médias sociaux abandonnent la vérification des faits. La vérité est étouffée par des mensonges proférés pour le pouvoir et le profit. »

Iwak #21 – Rhinocéros

Il est assez récent mais je suis très très fan de mon rhinocéros, œuvre de Chris Evans, qu’on voit en figure de proue, sur laquelle j’avais flashé. Formellement je la trouvais superbe déjà, et vraiment son style et son procédé de création me plaisent beaucoup, mais l’histoire derrière l’animal et sa représentation avait fini de me conquérir.

A l’origine, en 1974, c’est ce rhinocéros là qui est conçu par deux artistes de Boston, Daniel Thaxton et Bernie Toale, en représentation du mouvement LGBT (et sans doute plus gay qu’autre chose à cette époque).

Un rhinocéros lavande, mais pourquoi vous demandez-vous ?

« it is a much maligned and misunderstood animal » and that it was lavender because that is a mix of pink and blue, making it a symbolic merger of the feminine and masculine.
[« C’est un animal très décrié et incompris » et qu’il s’agissait de lavande car c’est un mélange de rose et de bleu, ce qui en fait une fusion symbolique du féminin et du masculin.]

Page wikipédia LGBTQ symbols

Voilà le genre de supports promotionnels qui ont alors été créés pour être diffusés notamment dans le métro de Boston pour promouvoir la Pride de 1974 de juin.

Mais voilà qu’au mois de mai, la régie publicitaire du métro annonce à l’association (Gay Media Action) que dans l’impossibilité de déterminer l’éligibilité de la publicité pour un tarif « institutionnel », on allait finalement passer de $2 à 7$ par impression. C’était impossible d’augmenter comme cela le budget, donc la pub n’a jamais été diffusée, mais la polémique a produit quelques articles de presse.

Et comme un bon effet Barbara Streisand, ce fut un déluge de rhinocéros lavande à la Pride de Boston de 1974 (t-shirts, pins, pancartes), dont une représentation grandeur nature en papier mâché sur un magnifique char ! Et depuis c’est un symbole (américain donc) important des mouvements LGBT.