Ouh là là, je vais avoir du mal à ne pas faire mon odieux connard sur ce coup-là !! Et pourtant je suis celui qui a aimé Valérian hein, donc le Besson bashing n’est pas spécialement un plaisir pour moi (même si Lucy hein, où Scarlett termine sur une clef USB). Mais là, il n’y a que très peu de choses à sauver. Allez, les costumes et le maquillage sont sympathiques et plutôt notables, et Caleb Landry Jones fait vraiment de son mieux, le pauvre. Il faut aussi avoir une petite pensée positive pour Danny Elfman qui signe une bande son intéressante, malgré l’hommage un peu trop appuyé à l’extraordinaire musique de Wojciech Kilar pour le Dracula de Francis Ford Coppola.
Il y a tellement de choses qui ne vont pas, dans la forme et dans le fond, dans l’écriture, la manière de filmer ou la narration. Tout est bancal et souffre énormément de la comparaison avec le film de Coppola, qui reste une référence (pour moi) difficilement surmontable.
Il y a déjà ce truc de nous pondre en 2025 un film complètement en anglais, alors qu’il se passe entre la France et la Roumanie, et que les comédiens sont en majorité français. Et malgré tout Besson a gardé les noms originaux, donc on a un Jonathan Harker et une Mina Murray qui sont des français qui vivent à Paris… Mais bien sûr ! Mais tout cela en mélangeant avec des anglais en lien avec la Reine… Et donc Dracula parle anglais avec ses compatriotes de Transylvanie en 1480 avec évidemment un accent à couper au couteau, et tous les français avec leur accent bien français. Mais pourquoi ??? Parce que la transposition à Paris moi j’accepte, mais il faut au moins inventer un petit prétexte pour les situer là-bas, ou alors changer tous les noms.
Et donc ça fait déjà film de série B à cause de tout ça. Même les américains s’y mettent maintenant et respectent un minimum les langues parlées par les gens des pays où l’action se déroule, et encore plus lorsque c’est il y a très longtemps. Mais le pire ce n’est pas cela, le pire c’est que jusqu’au bout on se demande si ce n’est pas une parodie. On se demande si c’est à prendre au premier degré ou pas, on se demande s’il a voulu nous faire rire. Parce qu’on est obligé de rire à plusieurs reprises, et c’est tellement drôle que si vraiment c’était à prendre sérieusement, bah ce n’est pas possible du tout.
En réalité, j’ai pensé à un pastiche de French & Saunders qui auraient pris le Dracula de Coppola en modèle. Car le Dracula vieilli et monstrueux en son château des Carpates est un doppelgänger de celui de Gary Oldman, mais en version folle ou Drag Queen (Piche aurait été parfaite pour le rôle), et avec un brin de Padmé jouée par Dawn French dans la parodie de Star Wars de French & Saunders. La coiffure est insensée et totalement huuuuurlante. Et Jonathan Harker qui est à deux doigts de se faire tuer demande son histoire à Dracula qui la lui raconte (bah voyons).
Et Dracula dans son château c’est un peu comme la Bête dans le film de Cocteau, mais ce sont ses gargouilles qui le servent, et qui comme dans le Bossu de Notre Dame sont animées et obéissent aux ordres du maître des lieux. Comment vous dire que cela ne fait pas peur du tout, du tout. On atteint des sommets quand on découvre que Dracula a concocté un parfum en voyageant à travers le monde, et qu’il a réussi à composer une fragrance qui attire toutes les femmes. Et là on se croit juste dans le Parfum de Süskind et surtout son adaptation. Les scènes suivantes qui illustrent son usage du parfum sont à mourir de rire puisqu’on a une scène style Bal des Vampires à la cour de Catherine de Médicis puis Louis XIV mais qui rencontre Bollywood et Sense8. Et ne parlons pas d’une scène de couvent avec des bonnes soeurs, là c’est la comédie musicale Sister Act qui rencontre le clip de Kylie Minogue All the lovers.
Et malgré tout cela, je soutiens que Caleb Landry Jones fait de son mieux, et dirigé comme il l’est, il faut saluer sa performance. Le mec a tout donné et il aurait pu faire un bon Dracula. Mais le pauvre est dans un film vraiment mauvais, et ça ne suffit pas. Christoph Waltz qui est un très bon comédien renonce du début à la fin, il récite son texte, et il se barre à la fin avec un auf wiedersehen des plus éloquents. On sent qu’il s’excuse d’être là à tous les plans. Les autres jouent comme dans un téléfilm de TF1…
On a envie de rire ou de pleurer jusqu’à la fin… Pour tout vous dire, lorsque les protagonistes se rendent dans le château de Dracula pour récupérer Mina, ils croisent un panneau indiquant la frontière entre la France et la Roumanie. Voilà voilà.

On sent malgré tout un hommage à Coppola bien sûr, mais là c’est une parodie, avec un manque d’imagination flagrant dans l’écriture et le scénario, et sinon c’est pompier et grossier, sans aucune finesse ou virtuosité. Car Besson a eu tout cela, mais c’est tout le contraire qui est démontré ici. Ce qu’il a pensé comme des incises modernes « pop » sans doute se révèlent des fautes de goût tragiques, et tragicomiques au final.
