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Aimer

J’ai été très sensible à l’article de Bismarck (j’aime tellement son pseudo, c’est exactement ce qu’il faut à une prof d’allemand ^^ ), et je pensais récemment aussi aux modèles de couple qui sont naturellement imposés par la société. Comme j’ai récemment changé de job, j’ai pas mal de conversations avec les collègues sur leur famille, leurs enfants, et ils me posent aussi intuitivement à peu près les mêmes questions. C’est assez adorable d’ailleurs car ils savent bien que je suis pédé (c’est devenu tellement simple avec le mariage, et je n’avais pas du tout anticipé que ce serait un des facteurs vraiment facilitateurs du coming-out et d’une « normalisation » d’une efficacité confondante pour notre pays), mais j’ai toujours droit au couplet sur les enfants, avec un étonnement « ah tu n’as pas d’enfants ? ».

Nan mais comme si c’était si facile que ça d’avoir des mômes quand t’es deux mecs. Et comme, ça n’a jamais vraiment été dans mes projets, je n’ai pas trop de difficultés à répondre, et surtout je ne me sens pas mal (j’espère qu’ils ne posent pas la même question à des femmes qui pourraient être dans une situation beaucoup plus délicate à ce sujet). Tout cela lorsqu’on est jeune est un brin saoulant car on voit tous ces vieux qui ne parlent que de leurs mômes et leur mari/femme. Là, étant donc pédé et dans un modèle malgré tout inédit pour beaucoup de gens, j’ai plutôt des gens étonnés et curieux, et qui se disent « ah ouai tu vis comme un célibataire quoi ». Et j’ai vraiment eu cette réaction plusieurs fois, car je parlais qu’on allait sans doute aller aux Transmusicales de Rennes cette semaine. Et je réponds à chaque fois « bah non, je suis marié, on y va ensemble », oui mais bon c’est pas pareil quoi.

Et clairement comme je suis entouré de moustachus, ils nous/m’imaginent sans doute comme des colocataires qui regardent le foot et boivent de la bière sans aucune autre emmerde dans la vie. Hu hu hu. ^^

Quand t’es plus jeune, c’est vraiment la croix et la bannière pour expliquer que t’es pédé au boulot (et moi j’ai fait ça dès 1997), et ça, ça a tout de même vraiment changé en mieux. Mais quand t’es plus vieux, c’est tout de même plus facile il me semble de sortir un peu du cadre et des standards. Ah et je comprends que cela soit troublant, mais comme je l’ai maintes fois répété, ne rien dire ce n’est pas rester neutre ou discret ou je ne sais quoi. Ne rien dire, c’est assumer qu’on est hétéro. Car on n’est pas neutre, on est « hétéro par défaut » dans notre société. Et moi non, je suis un pédésexuel très sympa. ^^

J’espère bien qu’on cessera d’essayer d’absolument de nous faire rentrer dans des cases, et je trouve que c’est un des trucs qui continue de pas mal progresser, donc croisons les doigts et serrons les coudes à ce sujet.

Et malgré tout cela, je peux comprendre bien sûr les interrogations quant à cette confusion, peut-être, entre célibat et solitude. Car c’est surtout cela je pense qui turlupine et qui inquiète même. Et quand on voit une maman avec des enfants, on se dit que ça sera difficile quand ils seront partis. Et même pour des gens qui gèrent et aiment une certaine solitude (comme mon papa par exemple), il y a des moments dans la vie où on a besoin d’autrui.

C’est pour cela que le célibat c’est très bien, mais la solitude est sans doute à relativiser, même pour l’ours le plus mal-léché. J’avais été drôlement rasséréné à ce sujet par l’ex de mon oncle, Claude, dont j’ai déjà parlé. Et je pense que c’est vraiment cela le salut. Oh je ne dis pas que je n’aimerais pas vieillir un peu plus en compagnie de mon mari actuel, ou du suivant (laule). Mais il faut penser à toutes les situations de solitude voulue ou subie, et il est important pour moi de nourrir une communauté de bonnes âmes que je veux autour de moi, et dont je veux prendre soin également, au-delà du couple (mais dont je considère très personnellement que c’est un pilier auquel je tiens plus que tout aujourd’hui).  

Je n’ai aucune place dans le monde, alors, comme l’esprit de combativité de mon père, cette évidence s’applique à chaque élément de ma vie : je suis le seul à vouloir avoir des amis, faire l’amour, la réciprocité n’est pas envisageable. A croire que chaque relation serait une conquête, une prise faite sur un ennemi, qu’il faut arracher un consentement par force ou habileté, compromission avec le réel. Je n’ai aucune stratégie, aucun manuel de guérilla sociale pour apprendre comment me dépêtrer de cette jungle, alors je renonce, laissant s’en mêler un hasard que je prends soin de ne pas provoquer. Pour mon bonheur et mon malheur, j’adore lire, la solitude m’est une amie qui me délivre de la peine d’en chercher d’autres.

Citation extraite de Ce qu’aimer veut dire de Mathieu Lindon

(Nan mais c’est pas de la balle cette citation ? Purée, j’aimerais savoir écrire comme ça. ^^ )

0 réflexion au sujet de « Aimer »

    1. Je ne critique pas cette attitude, je veux seulement que l’on ne prenne pas d’excuse en parlant de vie privée ou neutralité ou je ne sais quoi. :huhuchat: :doigt:

  1. Le glissement de sens sur le mot célibataires je me souviens (en tant que vieille hétérote qui vivait déjà en couple jeune et a balancé en ce monde en son temps deux enfants) que lorsqu’ils étaient petits et que parfois on les confiait à mes parents pour un week-end ou des congés scolaires qui n’étaient pas des congés de parents salariés, qu’on le faisait presque à chaque fois, on disait nous mêmes Chic alors ce week-end on est célibataires, juste pour dire, en liberté, sans les enfants. C’était le mot qui nous venait.

  2. C’est amusant, ce que tu dis sur le mariage « normé »: on se marie pour avoir des enfants. Et donc, ton mari et toi n’êtes pas tout à fait entrés dans le moule. J’ai pourtant une collègue qui a vécu des années avec son compagnon, sans avoir d’enfants, et qui l’a épousé récemment (alors qu’elle est physiologiquement trop vieille pour en avoir) pour des questions administrative et d’héritage (protection du conjoint survivant).
    (Et merci pour le lien :amitie: )

  3. Pour une raison obscure, mon premier commentaire n’est pas passé…
    Je réitère, d’abord pour te remercier pour le lien :amitie: , et aussi parce que j’avais trouvé amusant cette idée que le mariage reste encore, pour certain·es, une étape qui annonce la formation d’une famille avec des enfants (enfin, objectivement, c’est vrai que c’est ce qui s’est passé pour moi)…

  4. Pour moi c’est le contraire: handicapée = ne pourrait bien sûr pas avoir de mari ni d’enfants! Donc j’aimerais presqu’en avoir (un mari et des enfants) rien que pour contredire ces préjugés à la con…

    1. Oui je comprends, c’est un peu comme moi qui ne voulait pas me marier, mais on l’a fait juste parce qu’on avait trop souffert de l’opprobre des opposés à la mode médiévale en 2012. Donc pour prouver notre rébellion, on s’est engagé dans une des marques les plus hétéronormatives de la société. On marche vraiment sur la tête parfois !! :gene:

  5. Idem pour moi. C’est beaucoup plus facile d’en parler maintenant qu’il y a vingt ans. D’ailleurs, je n’ai jamais fait mon coming out aussi souvent que ces dernières années (depuis que je suis marié) :
    — « Ah, tu as une alliance, ta femme est ici aussi ce soir ? »
    — « Non, mais mon mari est là. »

    Maintenant, ça m’amuse presque de voir leur réaction. Soit la conversation continue comme si de rien n’était, soit il y a un petit blanc, soit la personne s’excuse (« Je n’aurais pas dû en déduire quoi que ce soit »).
    Parfois la question est plus diplomatique : « Je vois que tu es marié. Ta deuxième moitié est ici ce soir ? »

  6. Idem pour moi. C’est beaucoup plus facile d’en parler maintenant qu’il y a vingt ans. D’ailleurs, je n’ai jamais fait mon coming out aussi souvent que ces dernières années (depuis que je suis marié) :
    — « Ah, tu as une alliance, ta femme est ici aussi ce soir ? »
    — « Non, mais mon mari est là. »

    Maintenant, ça m’amuse presque de voir leur réaction. Soit la conversation continue comme si de rien n’était, soit il y a un petit blanc, soit la personne s’excuse (« Je n’aurais pas dû en déduire quoi que ce soit »).
    Parfois la question est plus diplomatique : « Je vois que tu es marié. Ta deuxième moitié est ici ce soir ? »

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